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Officier au 28e RI, Charles Pomepui
sera blessé en juin 1916 à Verdun.
À l’instar d’Eugène Weismann,
il rejoindra l’aviation mais se tuera en 1917 dans un accident d’avion.

Négociant à Saint-Cloud
Né le 8 octobre 1885 à Saint-Cloud (Seine-et-Oise), fils de Jean Pomepui, entrepreneur de peinture, Charles est employé de commerces dans sa ville natale. Après son service militaire au 27e Régiment de Dragons, il épouse le 13 octobre 1908 Marthe Bader, sténo-dactylographe. En août 1914, il est rappelé et rejoint son régiment.


Les Pomepui habitent la rue d'Orléans à Saint-Cloud en Seine-et-Oise.

Des Dragons au 28e d’Infanterie
En août et en septembre 1914, il participe avec le 319e Régiment d’infanterie aux combats en Belgique, à la Retraite puis à la bataille de La Marne. Exténué, épuisé, il est évacué aux environs de Cormicy (Marne) pour être nommé adjudant au dépôt où il forme un groupe de cyclistes.
Le 8 janvier 1916, il est nommé sous-lieutenant au 28e d’infanterie et arrive au régiment le 18 janvier où il commande une section de la 1ère Compagnie. Il échappe alors à l’attaque aux gaz lancée par les Allemands le 21 février 1916 dans le secteur de Maucourt et de Méharicourt (Somme). Par chance, sa compagnie est en réserve à Beaufort.


Une photo de Charles Pomepui : soldats de sa compagnie, à Croutoy (Oise).
Le départ pour Verdun (mars 1916).
Les poilus ont leur casque muni d'un couvre-casque afin de limiter les effets de réverbération.
© B. Vieillot


Une photo inédite : les officiers de la compagnie de Charles, probablement en mars 1916.
Ce cliché a été pris par Charles, sous-lieutenant à la 1re compagnie.
Figurent peut-être sur cette photo le capitaine Guillebot, et les sous-lieutenants Lobjoy et Legoux.
© B. Vieillot

Verdun, avril-juin 1916
À Verdun, l’offensive allemande bat son plein et les hommes de la 6e Division d’infanterie (dont fait partie le 28e RI) vont participer à cette sanglante bataille. En avril, le 28e RI est devant Douaumont, les pertes du régiment y sont énormes : les hommes ont beau se protéger dans le réseau de fortification, il faut à la fois tenir le terrain sous un bombardement continuel et meurtrier mais aussi lutter contre le froid. Charles est propriétaire d’un appareil photo, il va fixer sur plaque le paysage lunaire du champ de bataille et le piteux état des hommes terrés dans les semblants de tranchées et les abris de la redoute R1.


L'enfer de Verdun : pas d'arbre, pas de fleur, de la terre, du métal et la chair des hommes.
Une photo de Charles Pomepui. Des soldats de la 1re compagnie sur la position R1.
© B. Vieillot

En mai, un de ses frères a la chance de le voir. Charles a changé, loin de l’homme intrépide et insouciant qu’il était. L’officier est calme, sage. Il lui raconte l’apocalypse de Verdun : « ayant vu la mort de près dans ce coin de terre où l’on vit peu et où l’on meurt beaucoup ». Plus tard, il écrira à sa famille : « J’ai fait la Belgique, la Retraite, la Marne, mais, jamais je n’ai eu à subir de pareils moments. Les Allemands ont déclanché sur nous un véritable déluge de fer et de feu. Il fallait tenir à tout prix, c’est ce que nous fîmes. Nous avons résisté et pas un seul moment le moral n’a éprouvé la moindre lassitude. Nous étions abrutis par le bombardement, c’est certain, mais pleins de volonté tenace pour tenir, coûte que coûte, jusqu’au bout.»


Une photo de Charles Pomepui. Des soldats de la 1re compagnie sur la position Redoute 1 (R1).
© B. Vieillot

Quelques jours plus tard, le régiment retourne au feu. Le 1er juin, les Allemands enfoncent les lignes et s’emparent de plusieurs bataillons de la division. La compagnie de Charles est appelée à colmater la brèche, il est alors blessé par une balle de schrapnel. Il est évacué, tout comme le jeune aspirant Eugène Weismann de la 3e Compagnie, futur as de l’aviation française.
Lors de cette triste semaine, le régiment perdra 1167 hommes. La compagnie de Charles comptera 12 tués, 3 disparus et 79 blessés dont le sous-lieutenant Jean Lobjoy.

Un extrait du Journal des marches et des opérations du 28e RI (SHD, Vincennes) :
composition de la compagnie de Charles.
Le capitaine Ernest Guillebot sera fait prisonnier sur le Chemin des Dames en juillet 1917. Il décédera en 1955.
Le sous-lieutenant Jean Lobjoy décédera des suites de maladie en octobre 1918 à Maule (Yvelines).

L'aviation
Inapte à l’infanterie, il souhaite continuer à se battre et demande son intégration dans l’aviation. Il est formé et s’entraîne au Crotoy pour devenir pilote à la fin de l’année 1916. Il retourne au front en février 1917 au sein de l’escadrille C39.
Sa vie est frappée par le deuil, sa femme décède. Il laisse à sa mère, sa fille Odette âgée de huit ans.
Le destin va s’acharner sur la famille Pomepui.

L’accident
Le 28 avril 1917, avec deux autres pilotes, il va chercher deux nouveaux appareils de type Morane Saulnier destinés à son escadrille. Une panne de moteur survient, l’avion s’écrase aux environs de Matouges près de Châlons-sur-Marne. Les deux autres compagnons sont tués dans l’accident : Pierre de Lageneste et Alexandre Durand. Les corps des malheureux sont transportés à l’hôpital-Dieu de Châlons où leur décès est officiellement déclaré.


Portrait de Pierre de Lagesneste, tué dans l'accident d'avion du 28 avril 1917.
Merci à Albain Denis.

Frappée par la funeste nouvelle, Henriette, la mère de Charles part voir la dépouille de son fils. La veuve (elle a perdu son mari en 1899), est accompagnée par l’un des frères de Charles. Le 1er mai, ils assistent à l’enterrement de Charles dans le cimetière de Châlons-sur-Marne.
Odette, orpheline de mère et de père, sera élevée par sa grand-mère.

Le corps de Charles Pomepui fut rapatrié. Il est désormais enterré dans le caveau familial au cimetière communal de Saint-Cloud. Il y repose avec ses parents, ses frères et sa fille Odette décédée en 1977.


Détail du caveau de la famille Pomepui. Cimetière de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine).
Photo : V. Le Calvez.

Les photos de Charles Pomepui sont tirées de la collection mise en ligne sur le site Internet historik.fr
Un grand merci à B. Vieillot pour ces photos.

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