Hommes du 28e RI
Charles de Bragelongne
De la Chine aux tranchées
de l'Artois
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De son nom complet
Charles, Gabriel, Léon
Boisripaux de Bragelongne
d’Estinville
Né le 6 juillet 1878 à Paris,
fils d'Amédée de Bragelongne et de Marie Petit Le Brun.
Au mois de mai 1915, le sergent de
Bragelongne devient sous-lieutenant au 28e RI. Il va participer aux
deux grandes offensives d'Artois. Par chance, il en reviendra sans une
blessure et sans une seule évacuation.
Voici une brève biographie rédigée avec l'aide, le
dévouement et la complicité de son arrière
petit-fils, Cyril de Bragelongne.
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Un
service militaire en Chine
En 1899, il fait son service militaire : appelé au 19e
Régiment
d’infanterie (régiment breton). En 1900, il change de
régiment pour le 61e RI et part pour la Chine où la
France occupe des
territoires. Il sert alors dans plusieurs
régiments d'août 1900 à juillet 1902 : le 61e RI,
le 16e Régiment
d'infanterie coloniale (dont le quartier général est
Tsien Tsin), le bataillon d'infanterie de Shangaï puis le 4e
Régiment d'infanterie coloniale.
Un
extrait de l'Annuaire de
l’armée française, 1905, page 1651.
De retour en France, il revient à la vie civile.
La Guerre : du 22e RIT au 28e RI
À la mobilisation générale, Charles est
appelé au 22 Régiment d'infanterie territoriale. Simple soldat en août, il devient
caporal en septembre 1914. En octobre, il quitte le régiment de
territoriaux pour le 28e RI, qui sort des combats très violents de Loivres et de
Villers-Franqueux.
Un
extrait du JMO du 28e RI. On peut y lire le moment
où le 28e RI reçoit
un renfort de territoriaux des 21e RIT et 22e RIT.
Charles fait certainement partie de ce renfort.
Charles va donc vivre les premiers mois de la guerre de
tranchées dans le secteur de Cormicy-Sapigneul et de
Berry-au-Bac aux bords des canaux et de l'Aisne. En mars 1915, il
devient sous-officier avec le grade de sergent. Un mois plus tard, il
est nommé
sous-lieutenant à la 9e
compagnie.
L'Artois : la tranchée des Saules et le bois de la Folie
En mai 1915, le régiment quitte La Marne pour le front de
l'Artois où Joffre a lancé son offensive
générale de printemps. En 13 jours, le 28e RI perdra le
tiers de son effectif notamment le 26 mai avec plus de 600 hommes
frappés (source : liste du JMO). La compagnie de Charles,
placée en réserve, sera relativement
épargnée (du 15 au 27 mai, la 9e compagnie aura 11 tués, 29 blessés et 10 disparus).
De juin à août 1915, le régiment occupera les
secteurs de la Targette-Neuville-Saint-Vaast. La fin de
l'été annoncera le lancement d'une deuxième
offensive générale qui sera encore plus sanglante que
celle du printemps : l'attaque du bois de la Folie.
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L'encadrement de la 9e compagnie en août 1915
- Alphonse Berlhe
Blessé au bois de la Folie le 25 septembre 1915.
- Charles de Bragelongne
Passe au dépôt comme instructeur en déc. 1915.
- Raymond Blot
Blessé au bois de la Folie le 25 septembre 1915.
Fait prisonnier à Verdun en juin 1916.
- Eugène Huet
Fait prisonnier à Verdun en juin 1916.
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Samedi, 12h25, sape 4, direction bois
de la Folie
Le 25 septembre, les hommes des 24e et 28e RI vont s'élancer par
vagues à la conquête des vergers de la Folie au nord de
Neuville-Saint-Vaast. Au sud des 5-chemins, la 9e compagnie bondit de
ses tranchées derrière un bataillon du 24e RI. Avec des
pertes énormes, la compagnie de Charles arrivera à
parcourir une grande distance et à rester sur place pendant
plusieurs jours dans des conditions inhumaines :
bombardements, contre-attaques, manque de nourriture, temps
exécrable, trous d'obus boueux. Du 25 septembre au 1er octobre,
la compagnie comptera 8 tués, 34 disparus (tués ou faits
prisonniers) et 73 blessés, soit probablement la moitié
de l'effectif. Quelques-uns reposent dans les grandes nécropoles
d'Artois à Notre-Dame-de-Lorette ou à La Targette, d'autres reposent encore sur le champ de bataille.
Charles et ses soldats seront cités. En octobre, il est
cité à l’ordre de la 11e brigade.
Citation
de Charles de Bragelongne (16 octobre 1915)
qui lui vaudra la Croix de guerre avec étoile de bronze.
En décembre 1915, il est rappelé du front afin
d'encadrer les jeunes soldats de la classe 17 au dépôt
d'Évreux. Ce sont ces jeunes hommes à peine sortis de l'adolescence qui seront en premières
lignes à Verdun (novembre-décembre 1916) et sur le
Chemin des Dames (juin-août 1917).
La Chine en France
En octobre 1917, son passé le rappelle : il passe à la direction des
travailleurs coloniaux comme
interprète en langue chinoise et est affecté
à la poudrerie de Barsens de Bordeaux où il dirige le
groupement des travailleurs chinois. En février 1918, il quitte
Bordeaux pour le Morbihan et encadre le groupement de Chinois de
Coetquidan.
Il est proposé chevalier de la Légion d’honneur le
1er décembre 1918, sans suite apparente, sous le nom Lamothe
de Bragelongne Charles Gabriel, lieutenant. Il recevra la médaille de Chine 1900-1901.
Lieutenant au 20e RIT en 1920, muté au 41e RI le 20
juin 1922 puis au 71e RI le 4
août 1923, il est rayé des cadres le 30 novembre 1927.
Domicilié au 3, boulevard
Hébert à Paramé (Saint-Malo), il
décède le
26 octobre 1945 à Couveloup (35).
Les photos de Charles de Bragelongne ne sont pas libres de droit.
Elles sont la propriété de Cyril de Bragelongne