11 mai 1915
Le 3e Corps est attaché à la Xe Armée.
Les régiments de la Brigade occupent les cantonnements suivants
:
EM de la Brigade : Fosseux
24e : Bavincourt
28e : Hauteville
239e : Fosseux
Des instructions sont données à la Brigade pour
qu’elle puisse, le cas échéant, soutenir la 175e
Brigade (territoriale et réserve) qui occupe les
tranchées situées au S.E. d’Arras. Le
Général commandant la Brigade et les Colonels commandant
les régiments font, dans ce but, les reconnaissances
nécessaires.
12 mai 1915
La Xe Armée poursuit au N. d’Arras les attaques
qu’elle prononce depuis le 9 Mai.
Le 3e CA a l’ordre de se tenir dans ses cantonnements prêt
à être alerté. La Brigade reste sur place.
13 mai 1915
Dans la journée, la brigade reçoit l’ordre
d’aller cantonner à Haute-Avesnes. Le 239e Régiment
cesse de faire partie de la Brigade.
A 17h45 les 24e et 28e Régiments se mettent en marche et vont
à Haute-Avesnes où ils arrivent à la nuit.
14 mai 1915
La Brigade reste dans ses cantonnements.
15 mai 1915
A 8h45, le Général commandant la Brigade reçoit
l’ordre de mettre immédiatement la Brigade en marche sur
Bouvigny : elle passe sous les ordres du Général
commandant la 43e DI (21e CA, Général Lombard).
Les deux régiments quittent Haute-Avesnes à 9h45 et vont
par Camblain, l’Abbé - Grand Fervin - Petit Servin -
Boyeffles à Aix-Noulette, où les premiers
éléments arrivent à 15 heures environ.
La Brigade a l’ordre de se porter immédiatement sur les
positions situées au S.E. d’Aix-Noulette et de
procéder à 17 heures, à une attaque contre les
positions allemandes.
A droite, le 28e doit engager un bataillon (bataillon Hislaire) au Sud
de la route de Noulette à Souchez : les deux autres bataillons
restent à Aix-Noulette.
A gauche, le 24e Régiment doit engager deux bataillons :
l’un (bataillon Giansilj) depuis la gauche du 28e
jusqu’à l’extrémité gauche de la
tranchée des Saules (partie de la tranchée enlevée
récemment aux Allemands par la 85e Brigade) ; l’autre
(bataillon Maestracci) depuis ce point jusqu’à la jonction
de la ligne française avec la route rejoignant la route
d’Arras à Angres. Le 3e Bataillon reste aux Corons
d’Aix.
L’objectif général est le Bois carré (Bois
situé au Nord de la route d’Arras, à 1500
mètres de Souchez).
Les troupes d‘attaque ont l’ordre de se grouper dans les
tranchées de 1re ligne (tenues par la 85e Brigade : 149e, 10e
BCP, 158e). Les réserves sont amassées dans les quelques
abris et les boyaux se trouvant en arrière.
PC du Général commandant la Brigade : au PC du Colonel
commandant le 158e Régiment près de la route
d’Arras.
A 17 heures, heure fixée pour l’attaque, les troupes ne
sont pas encore en place. Tranchées et boyaux sont
encombrées de telle manière que toute circulation est
impossible.
Le Général commandant la Brigade rend compte au
Général commandant la 43e Division qu’il est
impossible de songer à faire déboucher des troupes avant
un certain temps.
A 18h45, l’ordre arrive de suspendre l’attaque, qui sera
reportée à un autre moment. Les troupes doivent rester
sur place.
Les troupes ont eu à souffrir du bombardement dirigé par
les Allemands sur nos positions, surtout à droite, du
côté du Bois des Boches (Sud de la route d’Arras),
et quoique la Brigade n’ait pas eu un coup de fusil à
tirer, les pertes sont très sensibles, par suite du manque
d’abris, du mauvais état et de l’insuffisance des
tranchées et des boyaux.
Pertes de la journée :
24e : 1 officier tué, 11 hommes blessés.
28e : 2 officiers tués, 2 officiers blessés, 12 hommes
tués, 67 hommes blessés.
16 mai 1915
La Brigade reçoit l’ordre de relever dans les
tranchées (sous-secteur de gauche de la 85e Brigade) le 158e
Régiment, par deux Bataillons du 24e et d’envoyer le
troisième aux Corons d’Aix, où il sera au repos. Au
point de vue tactique, le 24e est momentanément sous les ordres
du Général commandant la 85e Brigade.
Le Général commandant la 11e Brigade a l’ordre de
transporter son PC à Aix-Noulette.
Le 28e Régiment reste provisoirement à la disposition du
Général commandant la 43e DI et doit se rendre à
Petit-Sains.
Les deux premiers bataillons du 28e purent exécuter ce mouvement
mais le 3e Bataillon (Bataillon Hislaire) fut obligé de laisser
à droite une compagnie (la 11e, lieutenant Fitte). D’une
part, en effet, cette compagnie placée dans la tranchée
lisière du bois 10 ne pouvait se replier en plein jour, par un
boyau insuffisant d’autre part le 10e Bataillon de chasseurs
à pied avec lequel elle était en liaison à droite
demandait instamment qu’elle restât en place pour
l’étayer.
Cette compagnie occupa dans sa position toute la journée et
n’ayant pour ainsi dire plus d’abris, eut des pertes
sensibles par suite du bombardement.
Le soir, à 20h30, les Allemands tentèrent sur ce point
une première attaque qui était repoussée.
Pertes de la journée :
24e : 8 blessés.
28e : 4 officiers tués. 2 officiers blessés.
1 officier disparu. 12 hommes tués. 67 blessés. 9
disparus.
17 mai 1915
Pendant la nuit, le 24e achève de faire la relève du
158e, qui a été commencée dans la journée
du 16 mai.
Le mouvement est terminé à minuit.
Vers 3 heures, les Allemands dirigent une nouvelle attaque contre notre
droite où la 11e Compagnie du 28e se trouve encore à la
droite par conséquent du 24e.
Du côté de cette compagnie, ils parviennent à
entrer dans la tranchée française et les débris de
cette compagnie déjà fort éprouvée par 24
heures de bombardement se retirent vers la tranchée du bois des
Boches d’où ils gagnent Aix-Noulette par groupes
séparés.
Pendant ce temps, les Allemands suivent nos hommes,
mélangés à eux. La droite du 24e engage, dans la
nuit, un combat Corps à Corps à coups de baïonnettes
et de grenades et peu à peu regagne le terrain perdu à
l’exception de la partie S. de la tranchée du bois 10,
où l’ennemi résiste.
Dans la matinée, grâce à l’énergique
intervention du chef de bataillon (commandant Giansilj), une violente
attaque de notre part, nous rend maître du terrain
abandonnée pendant la nuit.
En même temps que le bois 10, les Allemands attaquent la
tranchée des Saules, tenue par le 2e Bataillon du 24e. Une
première attaque, vers 3h30, est arrêtée net par
notre feu.
A 4 heures, nouvelle attaque sur le même point, également
repoussée.
Pendant la journée, nos positions sont canonnées.
Le Général commandant la Brigade reçoit
l’ordre de prendre, à partir du lendemain 12 heures, le
commandement du secteur de Noulette, remplaçant ainsi le
Général commandant la 85e Brigade (Général
Guillemot). Le 28e Régiment doit relever le 10e Bataillon de
chasseurs à pied et le Bataillon du 149e Régiment restant
en ligne dans la région bois 8 - bois Boches. Cette
relève doit se faire en deux nuits, en commençant dans la
nuit du 17 au 18 mai.
Pertes de la journée
24e : 1 officier tué.
4 officiers blessés.
36 hommes tués, 68 blessés, 5 disparus (114).
18 mai 1915
A la nuit, le mouvement prescrit la veille s’exécute : un
bataillon du 28e (bataillon Testard) relève le 149e à
droite. Cette troupe, ainsi que le 24e passe provisoirement, au point
de vue tactique, sous les ordres du général Guillemot ;
commandant la 85e Brigade.
Les Allemands canonnent nos positions spécialement du
côté du bois des Boches, de la tranchée des Saules
et de Noulettes.
Pertes de la journée
24e : 13 tués, 32 blessés, 15 disparus (60).
19 mai 1915
Le 28e a relevé cette nuit l’autre fraction de la 85e
Brigade (10e Bataillon de chasseurs à pied).
A 12 heures, le Général commandant la 11e Brigade prend
le commandement du secteur de Noulette.
La situation de la brigade est la suivante :
EM de la Brigade : PC aux abris du ravin de Noulette.
Sous-secteur de droite : depuis la sape 1, où se fait la liaison
avec la 13e Division, jusqu’au chemin de Noulette à
Souchez. Ce sous-secteur est tenu par le 28e, qui a deux bataillons
accolés, tenant la première ligne et occupant les abris
de la Haie G et un 3e Bataillon au repos à Aix-Noulette. Le PC
du colonel est à Noulette.
Sous-secteur de gauche : depuis la gauche du 28e jusqu’au chemin
de Noulette à Angres. Le 24e l’occupe avec deux bataillons
accolés ayant chacun deux compagnies en 1re ligne et deux
compagnies au demi-repos à la Fosse aux Loups et à la rue
Zéfé. Le 3e Bataillon est au repos aux corons
d’Aix. Le PC du Colonel est à l’abri de la route
d’Arras.
Les tranchées sont très incomplètes. Une partie
d’entre elles, conquise sur l’ennemi, a été
bouleversée au cours des combats. Les abris n’existent
pour ainsi dire pas. Les boyaux, très peu nombreux, sont souvent
impraticables, bouleversés par les bombardements et
insuffisamment profonds surtout en approchant de la 1re lignes. En ce
moment, le terrain est complètement détrempé par
les pluies.Bref, les troupes de ce secteur sont très
exposées et le feu incessant de l’ennemi cause chaque jour
des pertes fort sensibles.
Pertes de la journée
24e : 1 officier tué. 1 officier blessé. 6 hommes
tués. 26 hommes blessés.
28e : 2 tués. 22 blessés.
20 mai 1915
Tirailleries incessantes pendant la nuit et canonnade. Les troupes
améliorent de leur mieux les tranchées, les abris et les
boyaux, mais presque partout on ne peut travailler que de nuit, le feu
de l’ennemi gène considérablement les travailleurs.
Une compagnie du Génie est affecté à chaque
sous-secteur et un bataillon de territoriaux (142e) est employé
aux transports, ainsi qu’à l’entretien des boyaux
vers l’arrière.
Bombardements fréquents pendant la journée.
Pertes de la journée
24e : 3 tués. 17 blessés.
28e : 10 blessés.
21 mai 1915
Le Général commandant la Brigade est prévenu que
prochainement la Brigade aura une attaque à faire sur les
positions allemandes qui sont en face du secteur occupé par le
24e. En conséquence, il prescrit aux Colonels des deux
régiments de faire procéder par les officiers à la
reconnaissance aussi nombreuses que possible des positions et du
terrain. En outre, on essaye de constituer tout le matériel qui
sera nécessaire.
Pendant la journée, canonnades et tirailleries habituelles.
La Brigade doit être relevée par la 86e Brigade. Le
mouvement se fera en deux parties. Il commence ce soir par la droite :
les 3e, 10e et 31e bataillons de chasseurs à pied
relèvent le 28e qui va à Hersin.
Pertes de la journée :
24e : 1 officier blessé. 14 blessés.
28e : 5 tués. 17 blessés.
22 mai 1915
Fusillade et canonnade très violents de part et d’autre
sur tout le front pendant une grande partie de la nuit. Aucune troupe
ennemie ne sort des tranchées.
Dans la journée, canonnade habituelle.
A la nuit, le 158e Régiment relève le 24e dans le secteur
de gauche.
Pertes de la journée :
24e : 2 tués. 15 blessés.
23 mai 1915
La relève s’est faite sans incident.
Le 24e va à Petit Sains.
A 12 heures, le Général commandant la 11e Brigade passe
le commandement du secteur de Noulette au Général
Olléris commandant la 86e Brigade et transporte son PC à
Petit Sains.
24 mai 1915
La Brigade doit prendre part demain à une attaque
générale qui aura lieu sur le front de la 43e DI. (ordre
d’opération n°358 de la 43e DI en date du 23 Mai).
Elle a l’ordre de commencer dès ce soir à
s’établir sur les positions de départ dans les
conditions suivantes (ordre général n°356 de la 43e
DI en date du 22 Mai).
1re Phase
- deux bataillons du 24e relèveront le 158e entre 21 heures et
24 heures. Ces deux bataillons s’établiront en 1re ligne.
- Le 3e sera en arrière, en réserve.
2e Phase
Entre 0 heures et 3 heures, le 28e Régiment occupera les positions de 2e lignes.
Pour ses différents mouvements la brigade dispose d’un
seul boyau montant le grand boyau ou boyau central, et d’un seul
boyau descendant, le boyau de la route d’Arras, le rue
Zefé et la piste d’Aix. Les mouvements vers l’avant
(troupes, approvisionnements, brancardiers etc.) doivent se faire par
le boyau montant ; les évacuations, uniquement par le boyau
descendant (Instruction n°357 de la 43e DI en date du 22 Mai).
A droite de la route d’Arras le boyau dit boyau du bois 2 peut
être utilisé en partie, comme boyau montant, mais
n’est pas praticable sur toute la longueur spécialement
après avoir dépassé le bois 2.
Pertes de la journée
28e : 5 blessés.
25 mai 1915
A 3 heures du matin, les troupes de la 11e Brigade sont en place,
conformément aux ordres de la 43e DI, le 24e en 1re ligne, le
28e en 2e ligne.
PC du Général commandant la Brigade à l’abri de la route d’Arras.
24e Régiment : PC du Colonel : ancien abri du canon de 58 au boyau d’Arras.
Deux bataillons en 1re ligne, un en 2e ligne :
1. Un Bataillon (1er Bataillon) au S.O. de la route d’Arras.
Une compagnie dans la tranchée du Bois 10 ;
Une compagnie dans la tranchée Parados ;
Une compagnie dans la tranchée de soutien au N. du Bois des
Boches avec une section dans la tranchée allant du bois 10
au bois des Boches.
Une compagnie dans la parallèle entre les bois 2 et 3.
2. Un Bataillon (2e Bataillon) au N.E. de la route d’Arras.
Une compagnie dans la tranchée des Saules ;
Une compagnie dans la tranchée de raccord entre la tranchée des Saules et la tranchée française ;
Une compagnie dans la parallèle de départ ;
Une compagnie dans la tranchée française à l’Ouest de la parallèle.
3. Un Bataillon en 2e ligne (3e Bataillon).
Une compagnie dans l’ancienne tranchée française au N.O. de la tranchée des Saules ;
Deux compagnies dans à cheval sur le boyau central ;
Une compagnie dans la fosse aux Loups.
28e Régiment : PC du Colonel fosse aux loups.
1 Bataillon : fosse aux Loups.
1 Bataillon : tranchée de Loos et place d’armes nouvellement creusée.
1 Bataillon : carrières d’Aix-Noulettes.
La 11e Brigade a pour objectifs : les tranchées allemandes qui
sont devant son front et le bois carré, la lisière S.E.
du bois en hache et le bois 11 jusqu’à la halte de Souchez.
Le Général commandant la 11e Brigade prescrit que le
mouvement s’exécute par vagues successives «
à mesure qu’une fraction quittera une ligne, la fraction
qui doit la remplacer se mettra en marche, de manière à
venir occuper sa place sans retard. Le commandant de chaque ligne doit
prendre ses dispositions pour être informé du mouvement de
la ligne qui précède et pour, automatiquement, porter sa
troupe en avant » (ordre d’opération de la
Brigade).
L’opération commence par une longue préparation
d’artillerie lourde et d’artillerie de campagne.
L’heure fixée pour l’attaque est 12h40.
A 12h39 afin de progresser sous la protection de l’artillerie, le
Bataillon de droite du 24e (1er Bataillon) porte en avant la compagnie
établie dans la tranchée du bois 10. Cette compagnie
s’avance jusqu’à 30 mètres environ du
fossé qui est entre le bois 10 et le bois carré, mais
elle est décimée par les mitrailleuses allemandes. La 2e
Compagnie s’élance de la tranchée Parados pour la
soutenir : elle subit le même sort.
A gauche, le 2e Bataillon lance son attaque de la même
manière, au moment où l’artillerie va allonger le
tir : la compagnie qui était dans la parallèle de
départ bondit sur la tranchée allemande, dans laquelle
elle pénètre entre les points H et d2 ; pour faciliter ce
mouvement, la compagnie de la tranchée des Saules attaque
à coups de grenades le point h ; la compagnie de la
tranchée de raccord s’élance de même sur la
tranchée en V [mot illisible] elle atteint la branche Est.
A ce moment, des mitrailleuses que l’artillerie n’avait pas
atteintes fauchent les hommes qui attaquent la tranchée des
Saules et la tranchée en V. En outre, ceux qui ont
pénétré dans la tranchée allemande entre 3
et d2, surpris par le recul de la Brigade marocaine à leur
gauche et par l’arrivée de renforts allemands venant par
les boyaux, se resserrent à droite sur la ligne des
tranchées allemandes des Saules. Le commandant du Bataillon
essaye de les appuyer par l’intervention de la compagnie qui est
dans l’ancienne tranchée française à
l’Ouest de la parallèle de départ. Les Allemands
qui occupent toujours la seconde tranchée des saules au sud du
chemin, lancent des grenades par dessus le Chemin creux et font
subir à nos troupes de lourdes pertes.
Dessin de la tranchée des saules
Profil des tranchées des Saules séparées par le Chemin Creux.
(Reproduction du croquis figurant dans le JMO)
A 13h30, le commandant du 2e Bataillon (Bataillon de gauche) signalant
qu’il lui est impossible de progresser, en raison des pertes
subies, le Colonel commandant le 24e donne l’ordre de renforcer
ce Bataillon par deux compagnies du Bataillon de réserve (3e
Bataillon) qui conformément aux ordres reçus a
essayé de gagner la première ligne à mesure que
les éléments du bataillon précèdent se sont
portés en avant.
Une compagnie part de la parallèle de départ et arrive
jusqu’aux fils de fer de la tranchée allemande : elle est
décimée par l’artillerie et les mitrailleuses.
L’autre compagnie qui se porte en face de la tranchée des
Saules subit le même sort. Quelques débris seulement de
ces deux compagnies rentrent dans nos lignes.
A ce moment, il se produit dans le boyau unique dont dispose la Brigade
pour venir à l’avant un mouvement de reflux, par suite de
l’avance d’un bataillon de 2eme ligne (1 bataillon du 28e),
qui, voyant le bataillon du 24e qui est devant lui se porte en avant, a
voulu prendre sa place. N’ayant plus l’emplacement libre,
il est obligé de se reporter en arrière.
L’ordre est mal transmis de bouche en bouche,
l’encombrement est complet dans le boyau. Aussi se produit-il un
peu désordre. A hauteur du PC du Général de
Brigade, les hommes qui s’étouffent dans le boyau trouvent
une issue et commencent à sortir dans la plaine. Rapidement les
officiers rétablissent l’ordre.
Vers 16h30, le Général commandant la 43e DI donne
l’ordre au Général commandant la 11e Brigade de
recommencer l’attaque à 18h15.
Le 24e, très affaibli par les pertes subies, se trouve dans
l’impossibilité de reprendre l’offensive ; le
Général de Brigade donne l’ordre à ce
régiment de tenir les tranchées en réservant la
place nécessaire aux éléments du 28e, à qui
il prescrit de procéder à l’attaque.
Par suite de l’encombrement de l’unique boyau et des
tranchées en partie détruite par le bombardement et
obstrués en certains points par les morts et les blessés,
il est impossible malgré tous les efforts des chefs de Bataillon
d’amener les troupes en ligne pour l’heure indiquée.
Compte rendu en est adressé téléphoniquement
à 18h15 au Général commandant la 43e DI, qui donne
l’ordre d’attaquer néanmoins à l’heure
indiquée. En conséquence, le Général
commandant la Brigade renouvelle l’ordre d’attaquer avec
les éléments du 28e qui seront en place mais aucune
fraction suffisante n’étant prête et d’autre
part le 24e ne pouvant intervenir, l’attaque est forcément
différée.
Le Général commandant la Brigade prescrit au 24e de
garder les tranchées pendant la nuit : le 28e est reporté
sur les positions qu’il occupait le matin.
Pendant la nuit, quelques débris des compagnies du 24e qui
avaient pénétré dans la partie allemande de la
tranchée des Saules parviennent à regagner nos lignes :
nous n’avons en résumé, ni gagné, ni perdu
de terrain.
Pertes de la journée
24e : 7 officiers tués. 8 blessés, 6 disparus.
110 hommes tués, 361 blessés, 286 disparus.
28e : 8 hommes tués, 28 blessés.
26 mai 1915
Vers 2h30 du matin, le Général commandant la Brigade
reçoit du Général commandant la 43e DI
l’ordre de renouveler l’attaque pendant la journée
du 26 Mai, en même temps que la 86e Brigade qui opèrera
à sa droite sur le fond de Buval. Il prescrit au 28e
Régiment de prendre immédiatement les emplacements
occupés actuellement par le 24e et de se préparer
à cette attaque.
Le 28e dispose ainsi ses bataillons :
1er Bataillon : (Bataillon Testard) au S. de la route d’Arras.
2e Bataillon : (Bataillon Sauget) au N. de la route d’Arras.
3e Bataillon : (Bataillon Hislaire) en réserve derrière le 2e Bataillon.
Le 24e est reporté en arrière, sur les positions que le
28e occupait la veille : il a formé deux de ses bataillons
à 3 compagnies chacun, le 3e n’en a qu’une.
L'heure fixée pour l'attaque est 14h30. A 14h28, pendant le tir
de l'artillerie, la compagnie de 1ere ligne du bataillon de droite (2e
Compagnie. Capitaine Jérome) s'élance hors de la
tranchée et d'un seul bond atteint le Bois Carré, presque
sans pertes. Elle s'y maintiendra toute la journée, essayant
vainement de s'organiser et de se mettre en liaison avec le bataillon :
tous les hommes qui cherchaient à revenir sont tués mais
en butte aux feux ennemis de toute part, elle perdra peu à peu,
presque tout son effectif et à la nuit, les quelques survivants,
dont le capitaine arriveront péniblement à rentrer dans
nos lignes.
La compagnie suivante (3e Compagnie) qui, à sa gauche, a
débouché de la tranchée du Parados tombe sous le
feu des mitrailleuses situées dans les tranchées du Fond
de Buval et auprès desquelles les allemands ont pu retourner
après un bombardement inefficace. Son mouvement échoue.
Elle repart une deuxième fois, sans plus de succès.
Plus à gauche, la compagnie qui était dans la
tranchée des Saules (8e Compagnie) sort de la tranchée,
mais est immédiatement décimée par les
mitrailleuses et le tir d’artillerie.
Le même sort est réservée à la 7e Compagnie,
dont les hommes tombent à mesure qu’ils sortent.
La Compagnie placée dans la parallèle (6e Compagnie) se
porte vers la partie allemande de la tranchée des Saules,
où elle est en prise à partie par les mitrailleuses. Elle
arrive néanmoins à sauter dans la tranchée
allemande, où elle combat pendant un certain temps, mais
qu’elle est finalement forcée d’évacuer.
La Compagnie placée en arrière de la
précédente (5e Compagnie) essaye de la rejoindre : elle
est fauchée par le feu ennemi.
Pendant tout ce temps, l’artillerie allemande établit des
barrages d’une violence extrême qui rendent très
pénible l’arrivée du Bataillon de renfort
(Bataillon Hislaire) dont la marche est déjà fortement
entravée par l’encombrement du boyau, l’affluence
des blessés et les tirs d’enfilade des mitrailleuses.
A mesure que les éléments du 28e ont progressé, le
Général commandant la Brigade a donné au 24e
l’ordre de rapprocher et d’appuyer sur la droite, le
mouvement du bataillon Testard qui a paru devoir gagner du terrain.
A 15h50, en rendant compte de la situation au Général
commandant la 43e DI, le général de Brigade fait observer
que, par suite du mouvement du 24e en avant, il ne reste plus environ
que deux compagnies entiers disponibles. Le Général
commandant la DI répond en prévenant qu’il envoie
dans la place d’armes de Loos un bataillon du 158e.
La Brigade est prévenue que sur notre gauche, la Brigade
marocaine, doit faire une attaque à 17 heures et,
conformément à l’ordre de la 43e DI, le
Général commandant la Brigade prescrit au Colonel
commandant le 28e de profiter de cette attaque pour essayer de
reprendre l’offensive.
A l’heure indiquée, les unités des 1re et 2e
Bataillons du 28e essayent de déboucher : elles sont
successivement arrêtées par l’artillerie et les
mitrailleuses. Le 3e Bataillons lance à son tour deux
compagnies qui, en quelques secondes, perdent leurs commandants et une
partie de leur effectif.
A notre gauche, la Brigade marocaine qui était d’abord
arrivée dans les tranchées allemandes se replie.
A 18 heures, nous occupons les mêmes positions que le matin.
A 20 heures, le Général commandant la 43e DI donne
l’ordre aux troupes de rester sur place. En raison de
l’enchevêtrement des troupes et de la difficulté de
la circulation le Général de Brigade prescrit au 28e
Régiment d’assurer la garde du secteur, tout en laissant,
à droite les éléments du 24e (3e Bataillon) qui
étaient venus renforcer sur ce point le bataillon du 28e (1er
Bataillon).
Le 24e reste sur place, un peu en arrière du 28e. Deux
Compagnies du Bataillon du 158e restent à la place d’armes
de Loos, les 2 autres rentrent aux Corons d’Aix prêtes
à être alertées.
Pertes de la journée :
24e : 1 officier blessé, 3 hommes tués. 9 blessés. 2 disparus.
28e : 4 officiers tués. 15 officiers blessés. 2 officiers disparus.
72 hommes tués. 345 blessés. 166 disparus.
27 mai 1915
La Brigade occupe les mêmes emplacements que la veille au soir.
Elle sera relevée pendant la nuit du 17 au 28 par le 158e
Régiment.
Pendant la journée, les allemands canonnent à plusieurs
reprises nos positions spécialement la tranchée des
Saules et la tranchée de raccord entre cette tranchée et
la ligne française. Le mauvais état des tranchées
et des boyaux entraîne des pertes relativement importantes.
Pour la relève, le Général commandant la Brigade donne l’ordre suivant :
Le 158e arrivera par le boyau central tandis que les
éléments de la 11e Brigade se retireront successivement
par le boyau d’Arras et la route d’Arras ou la route de
Noulette.
A mesure qu’elles auront été relevées, les
fractions se dirigeront isolément et les régiments et se
reformeront sur la route avant d’atteindre Petit Sains (pour le
24e) et Hersin (pour le 28e).
Pertes de la journée
28e : 12 tués. 30 blessés. 3 disparus.