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         JMO de la 11e Brigade (24e et 28e RI)        

L'Artois
Noulette - la tranchée des Saules - le bois carré
11-27 mai 1915
Couverture du JMO de la 11e Brigade
SHD, Vincennes, Cote 26N498



11-23 mai       24-27 mai


11 mai 1915

Le 3e Corps est attaché à la Xe Armée.
Les régiments de la Brigade occupent les cantonnements suivants :
EM de la Brigade : Fosseux
24e : Bavincourt
28e : Hauteville
239e : Fosseux
Des instructions sont données à la Brigade pour qu’elle puisse, le cas échéant, soutenir la 175e Brigade (territoriale et réserve) qui occupe les tranchées situées au S.E. d’Arras. Le Général commandant la Brigade et les Colonels commandant les régiments font, dans ce but, les reconnaissances nécessaires.

12 mai 1915
La Xe Armée poursuit au N. d’Arras les attaques qu’elle prononce depuis le 9 Mai.
Le 3e CA a l’ordre de se tenir dans ses cantonnements prêt à être alerté. La Brigade reste sur place.

13 mai 1915
Dans la journée, la brigade reçoit l’ordre d’aller cantonner à Haute-Avesnes. Le 239e Régiment cesse de faire partie de la Brigade.
A 17h45 les 24e et 28e Régiments se mettent en marche et vont à Haute-Avesnes où ils arrivent à la nuit.

14 mai 1915
La Brigade reste dans ses cantonnements.

15 mai 1915
A 8h45, le Général commandant la Brigade reçoit l’ordre de mettre immédiatement la Brigade en marche sur Bouvigny : elle passe sous les ordres du Général commandant la 43e DI (21e CA, Général Lombard).
Les deux régiments quittent Haute-Avesnes à 9h45 et vont par Camblain, l’Abbé - Grand Fervin - Petit Servin - Boyeffles à Aix-Noulette, où les premiers éléments arrivent à 15 heures environ.
La Brigade a l’ordre de se porter immédiatement sur les positions situées au S.E. d’Aix-Noulette et de procéder à 17 heures, à une attaque contre les positions allemandes.

A droite, le 28e doit engager un bataillon (bataillon Hislaire) au Sud de la route de Noulette à Souchez : les deux autres bataillons restent à Aix-Noulette.
A gauche, le 24e Régiment doit engager deux bataillons :  l’un (bataillon Giansilj) depuis la gauche du 28e jusqu’à l’extrémité gauche de la tranchée des Saules (partie de la tranchée enlevée récemment aux Allemands par la 85e Brigade) ; l’autre (bataillon Maestracci) depuis ce point jusqu’à la jonction de la ligne française avec la route rejoignant la route d’Arras à Angres. Le 3e Bataillon reste aux Corons d’Aix.
L’objectif général est le Bois carré (Bois situé au Nord de la route d’Arras, à 1500 mètres de Souchez).
Les troupes d‘attaque ont l’ordre de se grouper dans les tranchées de 1re ligne (tenues par la 85e Brigade : 149e, 10e BCP, 158e). Les réserves sont amassées dans les quelques abris et les boyaux se trouvant en arrière.
PC du Général commandant la Brigade : au PC du Colonel commandant le 158e Régiment près de la route d’Arras.
A 17 heures, heure fixée pour l’attaque, les troupes ne sont pas encore en place. Tranchées et boyaux sont encombrées de telle manière que toute circulation est impossible.
Le Général commandant la Brigade rend compte au Général commandant la 43e Division qu’il est impossible de songer à faire déboucher des troupes avant un certain temps.
A 18h45, l’ordre arrive de suspendre l’attaque, qui sera reportée à un autre moment. Les troupes doivent rester sur place.
Les troupes ont eu à souffrir du bombardement dirigé par les Allemands sur nos positions, surtout à droite, du côté du Bois des Boches (Sud de la route d’Arras), et quoique la Brigade n’ait pas eu un coup de fusil à tirer, les pertes sont très sensibles, par suite du manque d’abris, du mauvais état et de l’insuffisance des tranchées et des boyaux.
Pertes de la journée :
24e : 1 officier tué, 11 hommes blessés.
28e : 2 officiers tués, 2 officiers blessés, 12 hommes tués, 67 hommes blessés.

16 mai 1915
La Brigade reçoit l’ordre de relever dans les tranchées (sous-secteur de gauche de la 85e Brigade) le 158e Régiment, par deux Bataillons du 24e et d’envoyer le troisième aux Corons d’Aix, où il sera au repos. Au point de vue tactique, le 24e est momentanément sous les ordres du Général commandant la 85e Brigade.
Le Général commandant la 11e Brigade a l’ordre de transporter son PC à Aix-Noulette.
Le 28e Régiment reste provisoirement à la disposition du Général commandant la 43e DI et doit se rendre à Petit-Sains.
Les deux premiers bataillons du 28e purent exécuter ce mouvement mais le 3e Bataillon (Bataillon Hislaire) fut obligé de laisser à droite une compagnie (la 11e, lieutenant Fitte). D’une part, en effet, cette compagnie placée dans la tranchée lisière du bois 10 ne pouvait se replier en plein jour, par un boyau insuffisant d’autre part le 10e Bataillon de chasseurs à pied avec lequel elle était en liaison à droite demandait instamment qu’elle restât en place pour l’étayer.
Cette compagnie occupa dans sa position toute la journée et n’ayant pour ainsi dire plus d’abris, eut des pertes sensibles par suite du bombardement.
Le soir, à 20h30, les Allemands tentèrent sur ce point une première attaque qui était repoussée.
Pertes de la journée :
24e : 8 blessés.
28e : 4 officiers tués. 2 officiers blessés.
1 officier disparu. 12 hommes tués. 67 blessés. 9 disparus.

17 mai 1915
Pendant la nuit, le 24e achève de faire la relève du 158e, qui a été commencée dans la journée du 16 mai.
Le mouvement est terminé à minuit.
Vers 3 heures, les Allemands dirigent une nouvelle attaque contre notre droite où la 11e Compagnie du 28e se trouve encore à la droite par conséquent du 24e.
Du côté de cette compagnie, ils parviennent à entrer dans la tranchée française et les débris de cette compagnie déjà fort éprouvée par 24 heures de bombardement se retirent vers la tranchée du bois des Boches d’où ils gagnent Aix-Noulette par groupes séparés.
Pendant ce temps, les Allemands suivent nos hommes, mélangés à eux. La droite du 24e engage, dans la nuit, un combat Corps à Corps à coups de baïonnettes et de grenades et peu à peu regagne le terrain perdu à l’exception de la partie S. de la tranchée du bois 10, où l’ennemi résiste.
Dans la matinée, grâce à l’énergique intervention du chef de bataillon (commandant Giansilj), une violente attaque de notre part, nous rend maître du terrain abandonnée pendant la nuit.
En même temps que le bois 10, les Allemands attaquent la tranchée des Saules, tenue par le 2e Bataillon du 24e. Une première attaque, vers 3h30, est arrêtée net par notre feu.
A 4 heures, nouvelle attaque sur le même point, également repoussée.
Pendant la journée, nos positions sont canonnées.
Le Général commandant la Brigade reçoit l’ordre de prendre, à partir du lendemain 12 heures, le commandement du secteur de Noulette, remplaçant ainsi le Général commandant la 85e Brigade (Général Guillemot). Le 28e Régiment doit relever le 10e Bataillon de chasseurs à pied et le Bataillon du 149e Régiment restant en ligne dans la région bois 8 - bois Boches. Cette relève doit se faire en deux nuits, en commençant dans la nuit du 17 au 18 mai.
Pertes de la journée
24e : 1 officier tué.
4 officiers blessés.
36 hommes tués, 68 blessés, 5 disparus (114).

18 mai 1915
A la nuit, le mouvement prescrit la veille s’exécute : un bataillon du 28e (bataillon Testard) relève le 149e à droite. Cette troupe, ainsi que le 24e passe provisoirement, au point de vue tactique, sous les ordres du général Guillemot ; commandant la 85e Brigade.
Les Allemands canonnent nos positions spécialement du côté du bois des Boches, de la tranchée des Saules et de Noulettes.
Pertes de la journée
24e : 13 tués, 32 blessés, 15 disparus (60).

19 mai 1915
Le 28e a relevé cette nuit l’autre fraction de la 85e Brigade (10e Bataillon de chasseurs à pied).
A 12 heures, le Général commandant la 11e Brigade prend le commandement du secteur de Noulette.
La situation de la brigade est la suivante :
EM de la Brigade : PC aux abris du ravin de Noulette.
Sous-secteur de droite : depuis la sape 1, où se fait la liaison avec la 13e Division, jusqu’au chemin de Noulette à Souchez. Ce sous-secteur est tenu par le 28e, qui a deux bataillons accolés, tenant la première ligne et occupant les abris de la Haie G et un 3e Bataillon au repos à Aix-Noulette. Le PC du colonel est à Noulette.
Sous-secteur de gauche : depuis la gauche du 28e jusqu’au chemin de Noulette à Angres. Le 24e l’occupe avec deux bataillons accolés ayant chacun deux compagnies en 1re ligne et deux compagnies au demi-repos à la Fosse aux Loups et à la rue Zéfé. Le 3e Bataillon est au repos aux corons d’Aix. Le PC du Colonel est à l’abri de la route d’Arras.
Les tranchées sont très incomplètes. Une partie d’entre elles, conquise sur l’ennemi, a été bouleversée au cours des combats. Les abris n’existent pour ainsi dire pas. Les boyaux, très peu nombreux, sont souvent impraticables, bouleversés par les bombardements et insuffisamment profonds surtout en approchant de la 1re lignes. En ce moment, le terrain est complètement détrempé par les pluies.Bref, les troupes de ce secteur sont très exposées et le feu incessant de l’ennemi cause chaque jour des pertes fort sensibles.
Pertes de la journée
24e : 1 officier tué. 1 officier blessé. 6 hommes tués.  26 hommes blessés.
28e : 2 tués. 22 blessés.

20 mai 1915
Tirailleries incessantes pendant la nuit et canonnade. Les troupes améliorent de leur mieux les tranchées, les abris et les boyaux, mais presque partout on ne peut travailler que de nuit, le feu de l’ennemi gène considérablement les travailleurs. Une compagnie du Génie est affecté à chaque sous-secteur et un bataillon de territoriaux (142e) est employé aux transports, ainsi qu’à l’entretien des boyaux vers l’arrière.
Bombardements fréquents pendant la journée.
Pertes de la journée
24e : 3 tués. 17 blessés.
28e : 10 blessés.

21 mai 1915
Le Général commandant la Brigade est prévenu que prochainement la Brigade aura une attaque à faire sur les positions allemandes qui sont en face du secteur occupé par le 24e. En conséquence, il prescrit aux Colonels des deux régiments de faire procéder par les officiers à la reconnaissance aussi nombreuses que possible des positions et du terrain. En outre, on essaye de constituer tout le matériel qui sera nécessaire.
Pendant la journée, canonnades et tirailleries habituelles.
La Brigade doit être relevée par la 86e Brigade. Le mouvement se fera en deux parties. Il commence ce soir par la droite : les 3e, 10e et 31e bataillons de chasseurs à pied relèvent le 28e qui va à Hersin.
Pertes de la journée :
24e : 1 officier blessé. 14 blessés.
28e : 5 tués. 17 blessés.

22 mai 1915
Fusillade et canonnade très violents de part et d’autre sur tout le front pendant une grande partie de la nuit. Aucune troupe ennemie ne sort des tranchées.
Dans la journée, canonnade habituelle.
A la nuit, le 158e Régiment relève le 24e dans le secteur de gauche.
Pertes de la journée :
24e : 2 tués. 15 blessés.

23 mai 1915
La relève s’est faite sans incident.
Le 24e va à Petit Sains.
A 12 heures, le Général commandant la 11e Brigade passe le commandement du secteur de Noulette au Général Olléris commandant la 86e Brigade et transporte son PC à Petit Sains.

24 mai 1915
La Brigade doit prendre part demain à une attaque générale qui aura lieu sur le front de la 43e DI. (ordre d’opération n°358 de la 43e DI en date du 23 Mai).
Elle a l’ordre de commencer dès ce soir à s’établir sur les positions de départ dans les conditions suivantes (ordre général n°356 de la 43e DI en date du 22 Mai).

1re Phase
- deux bataillons du 24e relèveront le 158e entre 21 heures et 24 heures. Ces deux bataillons s’établiront en 1re ligne.
- Le 3e sera en arrière, en réserve.

2e Phase
Entre 0 heures et 3 heures, le 28e Régiment occupera les positions de 2e lignes.

Pour ses différents mouvements la brigade dispose d’un seul boyau montant le grand boyau ou boyau central, et d’un seul boyau descendant, le boyau de la route d’Arras, le rue Zefé et la piste d’Aix. Les mouvements vers l’avant (troupes, approvisionnements, brancardiers etc.) doivent se faire par le boyau montant ; les évacuations, uniquement par le boyau descendant (Instruction n°357 de la 43e DI en date du 22 Mai).
A droite de la route d’Arras le boyau dit boyau du bois 2 peut être utilisé en partie, comme boyau montant, mais n’est pas praticable sur toute la longueur spécialement après avoir dépassé le bois 2.
Pertes de la journée
28e : 5 blessés.

25 mai 1915
A 3 heures du matin, les troupes de la 11e Brigade sont en place, conformément aux ordres de la 43e DI, le 24e en 1re ligne, le 28e en 2e ligne.
PC du Général commandant la Brigade à l’abri de la route d’Arras.

24e Régiment : PC du Colonel : ancien abri du canon de 58 au boyau d’Arras.
Deux bataillons en 1re ligne, un en 2e ligne :

1. Un Bataillon (1er Bataillon) au S.O. de la route d’Arras.
Une compagnie dans la tranchée du Bois 10 ;
Une compagnie dans la tranchée Parados ;
Une compagnie dans la tranchée de soutien au N. du Bois des Boches  avec une section dans la tranchée allant du bois 10 au bois des Boches.
Une compagnie dans la parallèle entre les bois 2 et 3.

2. Un Bataillon (2e Bataillon) au N.E. de la route d’Arras.
Une compagnie dans la tranchée des Saules ;
Une compagnie dans la tranchée de raccord entre la tranchée des Saules et la tranchée française ;
Une compagnie dans la parallèle de départ ;
Une compagnie dans la tranchée française à l’Ouest de la parallèle.

3. Un Bataillon en 2e ligne (3e Bataillon).
Une compagnie dans l’ancienne tranchée française au N.O. de la tranchée des Saules ;
Deux compagnies dans à cheval sur le boyau central ;
Une compagnie dans la fosse aux Loups.

28e Régiment : PC du Colonel fosse aux loups.
1 Bataillon : fosse aux Loups.
1 Bataillon : tranchée de Loos et place d’armes nouvellement creusée.
1 Bataillon : carrières d’Aix-Noulettes.

La 11e Brigade a pour objectifs : les tranchées allemandes qui sont devant son front et le bois carré, la lisière S.E. du bois en hache et le bois 11 jusqu’à la halte de Souchez.
Le Général commandant la 11e Brigade prescrit que le mouvement s’exécute par vagues successives « à mesure qu’une fraction quittera une ligne, la fraction qui doit la remplacer se mettra en marche, de manière à venir occuper sa place sans retard. Le commandant de chaque ligne doit prendre ses dispositions pour être informé du mouvement de la ligne qui précède et pour, automatiquement, porter sa troupe en avant »  (ordre d’opération de la Brigade).

L’opération commence par une longue préparation d’artillerie lourde et d’artillerie de campagne. L’heure fixée pour l’attaque est 12h40.
A 12h39 afin de progresser sous la protection de l’artillerie, le Bataillon de droite du 24e (1er Bataillon) porte en avant la compagnie établie dans la tranchée du bois 10. Cette compagnie s’avance jusqu’à 30 mètres environ du fossé qui est entre le bois 10 et le bois carré, mais elle est décimée par les mitrailleuses allemandes. La 2e Compagnie s’élance de la tranchée Parados pour la soutenir : elle subit le même sort.
A gauche, le 2e Bataillon lance son attaque de la même manière, au moment où l’artillerie va allonger le tir : la compagnie qui était dans la parallèle de départ bondit sur la tranchée allemande, dans laquelle elle pénètre entre les points H et d2 ; pour faciliter ce mouvement, la compagnie de la tranchée des Saules attaque à coups de grenades le point h ; la compagnie de la tranchée de raccord s’élance de même sur la tranchée en V [mot illisible] elle atteint la branche Est.
A ce moment, des mitrailleuses que l’artillerie n’avait pas atteintes fauchent les hommes qui attaquent la tranchée des Saules et la tranchée en V. En outre, ceux qui ont pénétré dans la tranchée allemande entre 3 et d2, surpris par le recul de la Brigade marocaine à leur gauche et par l’arrivée de renforts allemands venant par les boyaux, se resserrent à droite sur la ligne des tranchées allemandes des Saules. Le commandant du Bataillon essaye de les appuyer par l’intervention de la compagnie qui est dans l’ancienne tranchée française à l’Ouest de la parallèle de départ. Les Allemands qui occupent toujours la seconde tranchée des saules au sud du chemin, lancent des grenades par dessus le Chemin creux et font subir  à nos troupes de lourdes pertes.
Dessin des tranchées des Saules
Dessin de la tranchée des saules
Profil des tranchées des Saules séparées par le Chemin Creux.
(Reproduction du croquis figurant dans le JMO)


A 13h30, le commandant du 2e Bataillon (Bataillon de gauche) signalant qu’il lui est impossible de progresser, en raison des pertes subies, le Colonel commandant le 24e donne l’ordre de renforcer ce Bataillon par deux compagnies du Bataillon de réserve (3e Bataillon) qui conformément aux ordres reçus a essayé de gagner la première ligne à mesure que les éléments du bataillon précèdent se sont portés en avant.
Une compagnie part de la parallèle de départ et arrive jusqu’aux fils de fer de la tranchée allemande : elle est décimée par l’artillerie et les mitrailleuses.
L’autre compagnie qui se porte en face de la tranchée des Saules subit le même sort. Quelques débris seulement de ces deux compagnies rentrent dans nos lignes.
A ce moment, il se produit dans le boyau unique dont dispose la Brigade pour venir à l’avant un mouvement de reflux, par suite de l’avance d’un bataillon de 2eme ligne (1 bataillon du 28e), qui, voyant le bataillon du 24e qui est devant lui se porte en avant, a voulu prendre sa place. N’ayant plus l’emplacement libre, il est obligé de se reporter en arrière.
L’ordre est mal transmis de bouche en bouche, l’encombrement est complet dans le boyau. Aussi se produit-il un peu désordre. A hauteur du PC du Général de Brigade, les hommes qui s’étouffent dans le boyau trouvent une issue et commencent à sortir dans la plaine. Rapidement les officiers rétablissent l’ordre.
Vers 16h30, le Général commandant la 43e DI donne l’ordre au Général commandant la 11e Brigade de recommencer l’attaque à 18h15.
Le 24e, très affaibli par les pertes subies, se trouve dans l’impossibilité de reprendre l’offensive ; le Général de Brigade donne l’ordre à ce régiment de tenir les tranchées en réservant la place nécessaire aux éléments du 28e, à qui il prescrit de procéder à l’attaque.
Par suite de l’encombrement de l’unique boyau et des tranchées en partie détruite par le bombardement et obstrués en certains points par les morts et les blessés, il est impossible malgré tous les efforts des chefs de Bataillon d’amener les troupes en ligne pour l’heure indiquée. Compte rendu en est adressé téléphoniquement à 18h15 au Général commandant la 43e DI, qui donne l’ordre d’attaquer néanmoins à l’heure indiquée. En conséquence, le Général commandant la Brigade renouvelle l’ordre d’attaquer avec les éléments du 28e qui seront en place mais aucune fraction suffisante n’étant prête et d’autre part le 24e ne pouvant intervenir, l’attaque est forcément différée.
Le Général commandant la Brigade prescrit au 24e de garder les tranchées pendant la nuit : le 28e est reporté sur les positions qu’il occupait le matin.
Pendant la nuit, quelques débris des compagnies du 24e qui avaient pénétré dans la partie allemande de la tranchée des Saules parviennent à regagner nos lignes : nous n’avons en résumé, ni gagné, ni perdu de terrain.

Pertes de la journée
24e : 7 officiers tués. 8 blessés, 6 disparus.
110 hommes tués, 361 blessés, 286 disparus.

28e : 8 hommes tués, 28 blessés.

26 mai 1915
Vers 2h30 du matin, le Général commandant la Brigade reçoit du Général commandant la 43e DI l’ordre de renouveler l’attaque pendant la journée du 26 Mai, en même temps que la 86e Brigade qui opèrera à sa droite sur le fond de Buval. Il prescrit au 28e Régiment de prendre immédiatement les emplacements occupés actuellement par le 24e et de se préparer à cette attaque.

Le 28e dispose ainsi ses bataillons :
1er Bataillon : (Bataillon Testard) au S. de la route d’Arras.
2e Bataillon : (Bataillon Sauget) au N. de la route d’Arras.
3e Bataillon : (Bataillon Hislaire) en réserve derrière le 2e Bataillon.

Le 24e est reporté en arrière, sur les positions que le 28e occupait la veille : il a formé deux de ses bataillons à 3 compagnies chacun, le 3e n’en a qu’une.
L'heure fixée pour l'attaque est 14h30. A 14h28, pendant le tir de l'artillerie, la compagnie de 1ere ligne du bataillon de droite (2e Compagnie. Capitaine Jérome) s'élance hors de la tranchée et d'un seul bond atteint le Bois Carré, presque sans pertes. Elle s'y maintiendra toute la journée, essayant vainement de s'organiser et de se mettre en liaison avec le bataillon : tous les hommes qui cherchaient à revenir sont tués mais en butte aux feux ennemis de toute part, elle perdra peu à peu, presque tout son effectif et à la nuit, les quelques survivants, dont le capitaine arriveront péniblement à rentrer dans nos lignes.
La compagnie suivante (3e Compagnie) qui, à sa gauche, a débouché de la tranchée du Parados tombe sous le feu des mitrailleuses situées dans les tranchées du Fond de Buval et auprès desquelles les allemands ont pu retourner après un bombardement inefficace. Son mouvement échoue. Elle repart une deuxième fois, sans plus de succès.
Plus à gauche, la compagnie qui était dans la tranchée des Saules (8e Compagnie) sort de la tranchée, mais est immédiatement décimée par les mitrailleuses et le tir d’artillerie.
Le même sort est réservée à la 7e Compagnie, dont les hommes tombent à mesure qu’ils sortent.
La Compagnie placée dans la parallèle (6e Compagnie) se porte vers la partie allemande de la tranchée des Saules, où elle est en prise à partie par les mitrailleuses. Elle arrive néanmoins à sauter dans la tranchée allemande, où elle combat pendant un certain temps, mais qu’elle est finalement forcée d’évacuer.
La Compagnie placée en arrière de la précédente (5e Compagnie) essaye de la rejoindre : elle est fauchée par le feu ennemi.
Pendant tout ce temps, l’artillerie allemande établit des barrages d’une violence extrême qui rendent très pénible l’arrivée du Bataillon de renfort (Bataillon Hislaire) dont la marche est déjà fortement entravée par l’encombrement du boyau, l’affluence des blessés et les tirs d’enfilade des mitrailleuses.
A mesure que les éléments du 28e ont progressé, le Général commandant la Brigade a donné au 24e l’ordre de rapprocher et d’appuyer sur la droite, le mouvement du bataillon Testard qui a paru devoir gagner du terrain.
A 15h50, en rendant compte de la situation au Général commandant la 43e DI, le général de Brigade fait observer que, par suite du mouvement du 24e en avant, il ne reste plus environ que deux compagnies entiers disponibles. Le Général commandant la DI répond en prévenant qu’il envoie dans la place d’armes de Loos un bataillon du 158e.
La Brigade est prévenue que sur notre gauche, la Brigade marocaine, doit faire une attaque à 17 heures et, conformément à l’ordre de la 43e DI, le Général commandant la Brigade prescrit au Colonel commandant le 28e de profiter de cette attaque pour essayer de reprendre l’offensive.
A l’heure indiquée, les unités des 1re et 2e Bataillons du 28e essayent de déboucher : elles sont successivement arrêtées par l’artillerie et les mitrailleuses. Le 3e Bataillons lance à son tour  deux compagnies qui, en quelques secondes, perdent leurs commandants et une partie de leur effectif.
A notre gauche, la Brigade marocaine qui était d’abord arrivée dans les tranchées allemandes se replie.
A 18 heures, nous occupons les mêmes positions que le matin.
A 20 heures, le Général commandant la 43e DI donne l’ordre aux troupes de rester sur place. En raison de l’enchevêtrement des troupes et de la difficulté de la circulation le Général de Brigade prescrit au 28e Régiment d’assurer la garde du secteur, tout en laissant, à droite les éléments du 24e (3e Bataillon) qui étaient venus renforcer sur ce point le bataillon du 28e (1er Bataillon).
Le 24e reste sur place, un peu en arrière du 28e. Deux Compagnies du Bataillon du 158e restent à la place d’armes de Loos, les 2 autres rentrent aux Corons d’Aix prêtes à être alertées.

Pertes de la journée :
24e : 1 officier blessé, 3 hommes tués. 9 blessés. 2 disparus.
28e : 4 officiers tués. 15 officiers blessés. 2 officiers disparus.
72 hommes tués. 345 blessés. 166 disparus.

27 mai 1915
La Brigade occupe les mêmes emplacements que la veille au soir. Elle sera relevée pendant la nuit du 17 au 28 par le 158e Régiment.
Pendant la journée, les allemands canonnent à plusieurs reprises nos positions spécialement la tranchée des Saules et la tranchée de raccord entre cette tranchée et la ligne française. Le mauvais état des tranchées et des boyaux entraîne des pertes relativement importantes.
Pour la relève, le Général commandant la Brigade donne l’ordre suivant :
Le 158e arrivera par le boyau central tandis que les éléments de la 11e Brigade se retireront successivement par le boyau d’Arras et la route d’Arras ou la route de Noulette.
A mesure qu’elles auront été relevées, les fractions se dirigeront isolément et les régiments et se reformeront sur la route avant d’atteindre Petit Sains (pour le 24e) et Hersin (pour le 28e).

Pertes de la journée
28e : 12 tués. 30 blessés. 3 disparus.



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