JMO de la 11e brigade (24e et 28e RI)        

L'attaque allemande aux gaz
Méharicourt-Fouquescourt

21-22 février 1916


Extrait du Journal de marches et d’opérations de la 11e Brigade
Cote 26N499, SHD, Vincennes

JMO



A 5 h, les Allemands canonnent subitement, avec obus lacrymogènes nos batteries. Dix minutes après, ils font une émission de gaz, sur le front à la moitié environ du 24e et sur celui du 28e entre Fouquescourt et Chilly. Ils renouvellent cette émission à trois reprises différentes à des intervalles de 10 minutes à un quart d’heure et avec une intensité variable suivant les différents points du front. Toutes les précautions prescrites sont prises immédiatement et de violents tirs de barrage (Artillerie, fusils, mitrailleurs) sont dirigés sur la 1ere ligne.

A 6h20 les Allemands tentent de faire une sortie devant le 24e sur trois points différents : ils sont rejetés dans leurs lignes par le feu de l’infanterie et des mitrailleuses. Un peu plus tard, ils font une tentative analogue devant le 28e , il sont arrêtés net au sorti de leurs tranchées par les tirs de 1re ligne, auxquels s’ajoutent des tirs de mitrailleuses exécutées de la ligne des contre-attaques.
Pendant tout ce temps, l’artillerie allemande dirige un violent bombardement sur nos positions, tirant sur nos 1eres lignes avec un fort barrage en arrière.
Elle tire aussi sur nos batteries qui exécutent des feux très violents sur la tranchée de 1ere ligne allemande.

En présence de cette attaque, le Général commandant la Brigade prend les dispositions suivantes :
1. A 6h20, il donne l’ordre au commandant Le Traon (Bataillon du 24e qui est à Warvillers) de porter, par les boyaux, une compagnie à Rouvroy, à la disposition du Colonel commandant le 24e et 2 compagnies sur la ligne des contre-attaques, se reliant au 28e à hauteur de l’ouvrage Nicolas II. Ce mouvement s’exécute sans difficulté, par le boyau d’Arras. Tandis qu’une compagnie des 87e T se rend également à Warvilliers à Rouvroy par le boyau Louet.
2. En même temps, le général donne l’ordre au 1er Bataillon du 28e (Bataillon Jérôme) qui est à Beaufort de se porter à l’Ouest de Parvillers puis à 7h40 de gagner par des chemins défilés et par les boyaux Virbel et Gammeval les ouvrages du Calvaire (1re compagnie) Nicolas II (1re compagnie) et les tranchées de soutien en arrière de Nicolas II.
Le mouvement s’exécute également sans difficulté.

A 12h30, le colonel commandant le 28e signalant que les effets de l’intoxication s’accentuent et que certaines unités sont réduites au quart de leur effectif, le Général met à sa disposition une compagnie du bataillon Jérôme, qui à 14h30 lui donne la libre disposition du reste de ce bataillon pour relever les éléments qu’il croit devoir retirer de la 1ere ligne.
En même temps une compagnie du 5e RI est désignée pour venir occuper dans la soirée les ouvrages Nicolas et du Calvaire.
De même, à 17h, le Général autorise le Colonel commandant le 24e à relever les 3 compagnies du Bataillon de gauche qui ont souffert (Bataillon Montluc) par les 3 compagnies du Bataillon Le Traon.
Les troupes ainsi retirées au 24e et au 28e formeront la réserve de la Brigade avec la compagnie du 5e envoyée dans les ouvrages.
Mais ces troupes ont perdu momentanément presque toute valeur, par suite de l’intoxication.

La journée et la soirée se passent sans nouvelle attaque.
(En raison de la lenteur de l’intoxication, les pertes ne seront connues en totalité que plus tard).



Journée calme. Les effets produits par les gaz sont plus graves qu’il n’aurait paru au début. Des nouveaux décès se produisent et l’on est obligé d’évacuer de nombreux intoxiqués.

Au 24e : 3 compagnies sont à peu près indisponibles. Le régiment est ainsi disposé :
1er Bataillon : une compagnie en ligne, 3 presque indisponibles à Rouvroy, au repos.
2e Bataillon : 3 compagnies en ligne, une à l’ouvrage Ney.
3e Bataillon : rien a changé.
3 compagnies en ligne et une en soutien.

Au 28e, on a formé un bataillon avec les débris des deux autres.
Une compagnie du 5e occupe les ouvrages Nicolas et du calvaire.
3 autres compagnies du bataillon du 5e sont dans les baraques de Beaufort, en réserve de Division.
Les pertes subies dans la journée du 21 peuvent se [donner] ainsi :

24e
1 officier blessé
1 officier intoxiqué
9 hommes tués par intoxication
9 hommes blessés
205 évacués par intoxication
___________________

2 officiers, 223 hommes

28e
1 officier tué par obus
2 officiers tués par intoxication
52 hommes tués par intoxication
7 officiers évacués, 27 hommes blessés
348 hommes évacués par intoxication
___________________

10 officiers, 427 hommes


Total des pertes de la Brigade : 12 officiers 650 hommes

Il convient d’ajouter que parmi les officiers ou les hommes portés comme évacués, un certain nombre est déjà morts et que d’autres sont encore très malades, les effets de l’intoxication ne se faisant pas sentir immédiatement avec toute leur violence.

Les corps ont fait des demandes de renfort :
24e Régt d’Infanterie : 200 hommes
28e Régt d’Infanterie : 500 hommes






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