Le 28e RI sur le Chemin des Dames
Cerny-Ailles : la prise du saillant de Deimling (31 juillet 1917)



Extrait commenté du Journal de marches et d'opérations (JMO). Disponible au SHD de Vincennes. Cote 26 N 603.

Attention, il s'agit d'une transcription. J'ai peut-être fait des erreurs de transcription et de copie.
N'hésitez-pas alors à me faire part de vos remarques, par mail.

Le sigle S.P.A. signifie : Situation des prises d'armes.
Les passages écrits en vert sont des remarques personnelles. Les termes mis entre crochets sont des mots que je n'arrive pas à déchiffrer.



Pour la troisième fois, le régiment est amené à remonter en premières lignes sur le Chemin des Dames. Le 28e RI va connaître l'un des moments les plus terribles de son histoire avec une attaque fulgurante allemande sur le saillaint de Deimling.
Comme à Verdun en juin 1916, un bataillon entier y sera capturé.

Pour revivre ces moments, nous encourageons le lecteur à parcourir les pages 274 à 276 de l'ouvrage Les fantassins du Chemin des Dames de R.-G. Nobécourt. L'auteur, alias Bernard Lannier y décrit les circonstances où il fut blessé.


18 Juillet (Mardi)
S.p.a.
Reçu un renfort de 477 hommes venus du DD6.

Par décret du 7 juin 1917 (J.O. du 11). M. de Maisonneuve, capitaine de réserve au 28e, détaché au service aéronautique est admis dans l’active pour y prendre rang du 15 Juillet 1915, avec son grade.

Par décret du 6 juillet 1917 :
MM. Jouannon et Ponselle sont promus lieutenants (active) – JO du 8.

Par décision min. du 8 juillet 1917, sont nommés :
Lieutenant à titre temporaire du 30 juin 1917 :
MM. Gossart, du 28e,
Laugier, du 28e (JO du 13).

Par décision min. du 6 juillet 1917 sont nommés :
Lieutenants à titre temporaire du 20 juin 1917 :
MM. Emo,
Detrois,
Joret,
Leclérot,
Poirier,
Petit (JO du 13).

Par décision du Général commandant en chef du 13 Juillet 1917 sont nommés sous-lieutenants à titre temporaire :
Active    MM.     Sénécal
        Lafosse
        Leclerc
Réserve MM.     Dubois
        Foucard
        Misgault
        Germain

Par décision min. du 6 Juillet 1917, est nommé Lieutenant (Territoriale) du 30 juin 1917, à titre temporaire M. Gaillard, du 28e (JO du 12).
Par décret du 18 Juillet 1917, est nommé chef de Bataillon (Active), M. Videau, Capitaine au 28e, détaché au gouvernement militaire de Paris (JO du 13).
Par décision ministérielle du 10 juillet 1917, M. le Capitaine Jérôme du 28e, passe à l’EM particulier de l’Infanterie (Ecole militaire préparatoire de Rambouillet).
   
19 Juillet - 25 Juillet

1. Le régiment était logé
dans des baraquements Adrian
(souvenirs de François Roquet).
Le Régiment stationne à Bazoches (Etat-major – CHR – 2e et 3e Bataillons) à Saint-Thibaut : le 1er Bataillon). Réorganisation des unités. Tous les jours, séances théoriques et pratiques pour la continuation de l’instruction. (1)


Extrait de l'historique du régiment.
   
26 Juillet

1. A priori, c'est la première fois
que le terme "section franche" apparaît
dans le JMO du régiment.
A 11h25 un message téléphone de l’ID6 annonce que le 119e I est en voie d’enlèvement en autos vers destination future de secteur précédemment occupé par la Division.
Dans l’après-midi, visite du Général de division qui voit individuellement les Officiers et inspecte les sections franches
(1).
 
27 Juillet A 14h50 un message de l’ID annonce l’enlèvement du Régiment vers 21 heures.
A 18h30 : par message téléphoné, arrive l’ordre du départ.
Enlèvement en autos à 21h sortie Est de Bazoches à destination de :
3e Bataillon : Bourg-et-Commun.
1er Bataillon : Dhuizel.
2e Bataillon, Etat-major : Vieil Arcy.
A 22 h Départ des premiers éléments.
Le lieutenant-colonel commandant provisoirement l’ID pendant la permission du Général Pineau. Commandant Garde prend le commandement du Régiment.

 
  Petit rappel :

Ier bataillon : commandant Dherse
IIe bataillon : commandant Garde
IIIe bataillon : commandant Duché

 
28 Juillet 2h du matin. Installation du cantonnement terminée.
A 21h le lieutenant-colonel reprend le commandement du Régiment.
 
29 Juillet









1. Selon les souvenirs
du jeune François Roquet (classe 1917), l'État-major et la 1re compagnie
occupaient un ancien et profond abris allemand : le PC Kléber.
A 11h Reçu de la 158e DI l’ordre général N°6-158e DI du 29 juillet 1917 portant relève de la 158e DI par la 6e DI. Dans la nuit du 29 au 30 juin suivant tableau N°297 D/3 annexe à l’ordre Général N°6.
En exécution de cet ordre, à 12h30 le lieutenant-colonel et les officiers chargés des reconnaissances se rendent à Paissy.
A 15h40. Reçu de la 6e D.I. l’ordre Général N°247 du 29 Juillet. 10h30 portant relève par la 6e D.I. de la 158e D.I.
Vers 17h, le Général ID voit les bataillons dans leur cantonnement respectif.
A 20h30. Départ des Bataillons pour la relève.

Le 1er Bataillon du 28e I relève le 6e Bataillon du 224e I  
(1)
Le 3e Bataillon du 28e I relève le 4e Bataillon du 224e I
Le 2e Bataillon du 28e I relève le 5e Bataillon du 224e I
Le Régiment occupe après relève le sous-secteur Ouest de la 6e D.I.

PC du Colonel : Yung

1re ligne : formée par la tranchée Deimling, tranchée Etienne, tranchée Hugo

Limite à l’Est : milieu de la tranchée Hugo, le boyau d’Avesnes étant commun aux 2 régiments : 28e I et 119e I. PC Vaux au 28e I. Liaison à droite avec le 119e I.

Limite à l’Ouest :
intersection tranchée Deimling et boyau de Béthune,
intersection tranchée Kirberg et boyau de Boulogne,
point 170, boyau de Béthune, ce boyau au 28e I.
Liaison à gauche avec la 68e DI, 344e I.

Le Régiment  occupe le secteur de la façon suivante :
2 Bataillons en ligne :
- 1er à gauche PC Kléber
  2 compagnies en première ligne, 3e à gauche, 2e à droite. 1re compagnie en soutien.
- 3e à droite PC Frise
  3 compagnies en 1re ligne ayant chacune 2 sections en soutien.
1 Bataillon (2e Bat.) en réserve. PC Besnier

II/28 PC Besnier
7e Compagnie près du PC Besnier
6e Compagnie : 1 section 1/2 près du PC Frise
1/2 section à Yung
5e Compagnie Abris 177. Coutard
CM2 : 3 sections à 177 (Coutard). 1 section à Yung.
 
30 Juillet 2h du matin : la relève du 224e I par le 28e I s’est terminée dans de bonnes conditions et l’occupation du sous-secteur est réalisée suivant la tableau précédent.
6h Le lieutenant-colonel prend le commandement du sous-secteur.


Extrait de l'historique du régiment.

18h30. Reçu ordre N°186/0 ID 158e portant extension du front du 28e I jusqu’au boyau d’Angres (boyau d’Angres au 119e I).
La journée a été relativement calme : à signaler seulement vers sous-secteur un arrosage intermittent assez intense des 1res lignes et des boyaux par du 105.
 

Carte du secteur du 28e RI, fin juillet 1917
Reproduction du plan figurant dans le JMO du 28e RI.
Cliquez sur le plan pour l'agrandir.


31 Juillet

1. R.-G. Nobécourt cite en page 274
les souvenirs d'Ernest Bouvier :
"On n'était qu'à 6 mètres des boches. On a fini par se faire voir les uns des autres, puis on a causé. On se montrait nos bidons et on avait envie d'aller trinquer avec. Ils nous ont dit : Nous ne ferons pas de mal mais ne lancez pas de grenades. Nous vous attaquerons en force dans une heure".

2. À 13 heures, l'avion surnommé "Fantomas" aurait survolé et mitraillé
les tranchées françaises
(souvenirs de François Roquet).




















3. Quelques temps après, les obus de 155 "miaulent" au-dessus des têtes des poilus
(souvenirs de François Roquet).

4. Est-ce à ce moment que l'aspirant Nobécourt fut blessé ?


































5h20. Les comptes rendus des Commandants de quartier signalent d’assez violentes actions d’artillerie dans la 1ere partie de la nuit, la 2e partie ayant été assez calme.
Mention est faite dans le message téléphoné de 5h30 portant compte rendu des événements de la nuit ainsi que de l’extension du front du 28e I réalisée sans incident après entente auprès du commandant Laporte du 119e I.

Matinée très calme. Faible visibilité jusqu’à 9h. De 9h à 12h quelques coups de canon dans l’ensemble du secteur.
(1)

13h
(2) Très violent bombardement débutant brusquement, tous calibres. Engagement sur la tranchée Bruckner et le Chemin des Dames entre le boyau  d’Avesnes et [un] point 200 m. Ouest du boyau de Boulogne.
Barrage mobile débutant sur la tranchée Deimling et la tranchée Etienne.


Extrait de l'historique du régiment.

13h3
Le barrage est demandé par le 1er Bataillon (PC Kléber) et par le lieutenant-colonel (PC Yung). Il est demandé très rapidement. Le lieutenant-colonel demande en outre d’entamer la contre-préparation devant tout le front du 28e I.
(3) et (4)

13h13
Le 1er Bataillon signale par TPS « Situation critique ». Le barrage est porté sur la tranchée Chansac et la tranchée de Vaux. De longues lignes de tirailleurs allemands venant du Nord atteignent la tranchée Bruckner.


Extrait de l'historique du régiment.

13h18
La 1re vague allemande est à la tranchée Chansac.
Des éléments en colonne par un atteignent le boyau de la Source.
D’autres éléments après avoir dépassé la tranchée Bruckner, se portent vers l’Est et atteignent par derrière la 9e Compagnie  et une partie de la 11e. Aucune attaque  n’a abordé directement la tranchée Etienne. 


13h20
La fusillade et le combat à la grenade sont très vifs entre nos éléments tenant la partie Est de la tranchée Franconie et les abords du Chemin des Dames (tranchée Chansac).

13h25
Le PC Frise est encerclé
. A l’est  par le boyau d’Avesnes. Le PC de la 11e Compagnie est momentanément aux mains des boches.  Il est dégagé presque immédiatement par la 11e Compagnie.


Extrait de l'historique du régiment.

13h35
Préparation de la contre-attaque. La section franche du 2/28, la 7e Compagnie (Détrois) et une compagnie du 344e I se forment à l’Est du PC Besnier et se préparent à contre attaquer. Le mouvement est déclanché  par les éléments qui ont atteint le boyau de la Source ; à 13h45, ces éléments sont détruits ou refoulés. La contre-attaque fait ensuite  face au NE cherchant le refoulement progressif de l’ennemi dans la direction Frise – Kléber – tranchée Kirberg.


Extrait de l'historique du régiment.
Joret commande la 10e compagnie et Minart la 11e compagnie.
L'adjudant Louis Frère a déjà perdu trois frères lors de la guerre. Il sera blessé et décédera après la guerre
(voir sa fiche "Mort pour la France").

14h10
Cette attaque débute vers 14h10 et progresse d’abord assez vivement. La 7e Compagnie se porte à l’Est vers la tranchée Chansac, la progression vers PC Frise est pénible.

17h
Le PC Frise est débloqué par la section franche et débordé à droite par une compagnie du 344e I. Pendant ce temps, le combat s’est poursuivi très vif vers le carrefour de la tranchée de Franconie et le boyau d’Avesnes.



Extrait de l'historique du régiment.

Ce carrefour reste à la 11e compagnie mais un petit élément boche venant de la barricade de Franconie coupe la partie gauche de la 11e Compagnie de sa section droite (adjudant Giovanelli). Celui-ci groupant quelques isolés reste en liaison avec la compagnie qui est à sa droite (10e Compagnie). La 10e Compagnie n’a pas à repousser l’attaque du reste ; mais elle est soumise au violent feu d’engagement ; une de ses sections de soutien, contribue à maintenir la possession du boyau d’Avesnes entre la tranchée Franconie et le Chemin des Dames.
Plusieurs centres de résistance paraissent avoir obligé les boches au Nord de la tranchée Bruckner à livrer un siège. Les combats locaux qui se sont produits étaient vus de nos observatoires Yung et marqué par des éclatements de grenades.
Quelques tirs de mitrailleuses et un tir de canon de 37 ont pu être dirigés dès 13h30 sur ces tirailleurs boches  visibles de la crête de la tranchée Bruckner, mais le barrage n’a pu être rapproché avant 15h45. A ce moment, le lieutenant-colonel demande de déclancher le barrage sur Bruckner à l’Est du boyau de Boulogne. Le barrage paraît assez rapidement établi sur cette ligne. L’artillerie lourde intervient également ; son tir donne quelques coups courts vers la tranchée de la Fourragère.

La statut de Maurice Thiery de la 2e Compagnie
Remarquable statue dédiée à Maurice Thiery, tué le 31 juillet 1917 au Chemin des Dames.
Maurice Thiery était à la 2e compagnie.
Photo : C. Lagrange

17h50
Une reconnaissance d’un bataillon du 24e RI (Bataillon Sabaton) se présente au PC Yung et reçoit des notifications sur la marche de combat.
Une compagnie du 206e I venant des creutes marocaines se porte à la même heure vers l’ouvrage Saint-Gratien où elle sera un plus tard en complète liaison avec la 7e Compagnie du 28e I (liaison avec la DI de gauche).

Paul Bith, un jésuite au 28e RI
Le caporal Paul Bith, jésuite dans le civil, sera fait prisonnier ce 31 juillet 1917.
 
18h10
Réception d’un ordre de l’ID6 : tout le bataillon de réserve devra être employé à reprendre Kirberg ; en même temps la compagnie [Bonnelli] du 119e I et mise à la disposition du lieutenant-colonel Roller pour toute mission défensive. Cette compagnie sera portée entre le boyau d’Avesnes et le boyau d’Angres où elle relèvera une partie de la 10e Compagnie du 28e I. La 10e Compagnie (Joret) aura à intervenir dans le combat livré à l’Ouest du boyau d’Avesnes.

20h
Le combat a continué sur tout le front du boyau de Boulogne à la tranchée Hugo ; mais la tactique des combattants et l’épuisement des munitions probablement de part et d’autre ont amené les deux lignes à une stabilisation presque complète. L’artillerie allemande n’a pas cessé de battre le plateau Sud du Chemin des Dames y rendant les déplacements des troupes très difficiles.
Le capitaine Botchaco [5e compagnie] a été appelé au PC Yung pour prendre connaissance des événements en vue de l’action qu’il devra mener avec sa compagnie (seule compagnie disponible).

22h
Les pertes des compagnies encore en ligne sont très élevées. Le Lieutenant-colonel Roller prend la décision de ne pas renouveler de contre-attaque ; au cours de la nuit de petites actions locales pourront seules être exécutées et le groupe des éléments engagés à gauche du PC Frise au boyau de Béthune sous le commandement du capitaine Duché et donne au capitaine Botchaco le commandement des éléments de droite de Béthune. La 5e Compagnie encore peu éprouvée pourra progresser vers le Nord où tout au moins maintenir absolument le front devant la tranchée de Franconie.
Deux sections de la 6e Compagnie sont maintenues sur la tranchée des réduits entre Yung et [Luccioné] ; c’est le dernier barrage disponible.




Vue du champ de bataille (prise en 2006). Cliquez sur la photo pour l'agrandir.
Un monument familial à la mémoire de Louis Astoul rappelle aux promeneurs les combats d'avril 1917.
C'est probablement près de ce monument que le jeune Nobécourt,
aspirant à la 10e compagnie, fut blessé.


Matinée du 1er Août 0h45
Reçu l’ordre particulier de la 6e DI prévoyant de continuer d’un répit toute la nuit et le lendemain la progression vers le Nord en liaison, à gauche avec la 68e DI. Le 28e I ne devra compter d’ailleurs que sur seules forces.
Les ordres antérieurs donnés aux unités sont du reste conformes à ces directives.


Extrait de l'historique du régiment.
Lacau et Emo sont de la 6e compgnie.
Paul Détrois de la 7e et Maurice Rimbert de la 5e.


1h34
Demande transmise par TPS (autres communications coupées) d’allonger le tir : limite Sud 6817 à 7V17, cet allongement a pour objet de permettre le travail des groupes qui cherchent à progresser.

3h
La situation, paraît s’être maintenue. Pendant la nuit un certain ordre a été remis dans la région du PC Frise entre les unités du 28e I, du 344e I, du 206e I et du 234e I qui ont été engagés dans cette région. Le 234e I et le 206e I occupent le long du boyau de Boulogne des barricades sur la tranchée de la Fourragère. Le 28e I tient la tranchée Nord du PC Frise et la tranchée Chansac.
La 11e Compagnie tient toujours dans la tranchée de Franconie.

à la mémoire de Maxime Chauran, tué le 31 juillet 1917.
Le 1er août 1917, le jeune soldat Maxime Chauran de la 11e compagnie est considéré comme "Tué".
Le mémorial du Chemin des Dames lui rend hommage.
à la mémoire de Louis Pusey, fait prisonnier le 31 juillet 1917.
Lors de l'inauguration du musée de la Grande Guerre de Meaux,
des membres de l'association Rock of the Marne présentaient un soldat du 28e RI.
Il s'agissait de Stiff, qui portait le bleu horizon à la mémoire de son arrière grand-père, Louis Pusey.
Photo : Jean-Claude Poncet.

à la recherche de l'aspirant Weill de la 9e compagnie
Deux autres disparus de la 9e compagnie : cliquez pour agrandir le document.
En novembre 1917, la mission catholique suisse de Fribourg
renseigne la famille de l'aspirant Raymond Weill de la 9e compagnie, disparu le 31 juillet 1917.
Il est en vie et prisonnier dans le camp de Dülmen.
Ces précieux renseignements ont été communiqués par le soldat Henri Letellier,
lui-même prisonnier au camp de Güstrow.
Un grand merci à Frédéric.

4h
Le Colonel du 215e I et plusieurs officiers viennent en reconnaissance à PC Yung en vue d’une opération offensive à exécuter dans la zone tenue par le 28e I.

8h
La Division de gauche signale une attaque boche et demande le barrage devant la tranchée de Dresde. La lutte d’artillerie s’étend sur le front du 28e I.

9h30
Le bombardement violent sur le plateau du chemin des dames continue.

10h5
Une attaque sérieuse allemande paraît à craindre. Demande de contre préparation sur le front 6917-[7v17].

10h30
Les Allemands paraissent avoir légèrement étendu leurs approches dans la tranchée Hugo.

10h50
De petits groupes descendant du Nord marchent de la tranchée Bruckner vers la tranchée Franconie.
Les tirs d’artillerie déclenchés alors arrêtent le mouvement.

11h30
Le tir de l’artillerie allemande a augmenté d’intensité, la menace d’un enfoncement dans la région du boyau de Béthune est sérieuse.

13h10
Le combat continue au Nord du Chemin des Dames. Fusillade grenades. Les boches essayent en même temps de sortir devant la tranchée Hugo, ils sont repoussés par nos FM.

11h20
Le combat a diminué d’intensité ; toutefois des tentatives d’attaques de la 7e compagnie par le long de la tranchée de Béthune échouent.

16h
Un peloton du 119e I est mis à la disposition du lieutenant-colonel Roller pour tenir la ligne des réduits. Le peloton [correspondant] du 28e I devient disponible. Ordre est donné à ce peloton (lieutenant Emo) de se porter dans la tranchée de Vaux à la disposition du capitaine Botchaco est ultérieurement vers 20h30 du capitaine Duché pour progresser vers le Nord).

21h
Sur le plateau du chemin des dames, vu maintenant par les observatoires allemands, le peloton Emo ne peut exécuter son mouvement qu’à la nuit tombante. Il est en place à 20h30 vers le boyau de Béthune et commence une attaque à la grenade à 21h. Au même moment, la compagnie Minart essaye de réduire la poche fermée par l’attaque allemande près de la tranchée Hugo.
Dès les premières salves de grenades, le barrage boche est déclanché et le tir allemand devient vite intense. Le barrage français est déclanché à son tour ; l’échauffourrée dure 30 minutes environ pendant lesquelles la compagnie Minart progresse légèrement et est ramenée ; l’engagement est plus violent vers le boyau de Béthune (Peloton Emo) mais la tranchée de Franconie ne peut être atteinte.
Sur ces entre faits les officiers du 6e Bataillon du 215e I se sont présentés avec une ordre de relève. Des reconnaissances sont exécutées.
Au cours de la nuit le 28e I est relevé dans les conditions suivantes :
-du boyau d’Angres au boyau d’Avesnes : 21e Compagnie du 215e I
- du boyau d’Avesnes au boyau de Béthune : 22e Compagnie du 215e I
- du boyau de Béthune au boyau de Boulogne : 23e Compagnie du 215e I
Malgré la difficulté des reconnaissances ainsi faites et la proximité de l’ennemi, cette relève s’achève sans graves incidents. Le commandant  du 6e Bataillon qui a demeuré à Yung pendant la relève transporte son PC à Frise dirigeant les ordres de la 68e DI.
L’ancien sous-secteur du 28e I passe en effet à la 68e DI sous le nom de secteur H.
Le 2e Bataillon du 28e I est porté aux abris du ravin N Moulins en réserve du quartier tenu par le 119e I, le reste du Régiment est rassemblé à Paissy.

Pertes des 31 Juillet et 1er Août 1917

Officier 20
Tués : 2
Blessés : 3
Disparus : 15

Troupe 822
Tués : 42
Blessés : 110
Disparus : 666
Evacués maladie : 4
Tous les disparus appartiennent aux 1re, 2e, 3e, 6e et 9e Compagnie.
Un grand nombre d’entre eux sont tués ou blessés.


Extrait de l'historique du régiment.

Quelques chiffres des soldats disparus selon la liste publiée dans le JMO :

le commandant du bataillon et un officier de l'EM du bataillon
1re compagnie : 126 soldats et 3 officiers
2e compagnie : 112 soldats et 3 officiers
3e compagnie : 143 soldats et 3 officiers
Compagnie de mitrailleuses 1 : 101 soldats et 2 officiers

5e compagnie : 2 soldats
6e compagnies : 35 soldats
7e compagnie : 2 soldats

9e compagnie : 84 soldats et 1 officier
11e compagnie : 20 soldats
Compagnie de mitrailleuses 3 : 9 soldats

Compagnie hors rang (CHR) : 16 soldats



Physionomie spéciale de l’attaque allemande
Départ d’une première vague très dense. Ligne de départ très rapprochée (Environ 80 mètres de notre 1re ligne). Aucune préparation d’artillerie. Journée précédente très calme. Violent tir d’encadrement et de barrage mobile, ce barrage suivi immédiatement par l’infanterie, affaire réglée en moins de 15 minutes.
La 1re ligne s’est rapidement divisée en un certain nombre de colonnes ayant l’air d’avoir reçu chacune une mission distincte (mitrailleuses à mettre en batterie en un point déterminé, abris reconnus à [marcher]).
Tenue de combat extrêmement allégée. Beaucoup d’hommes en manches de chemise en veston ouvert. Equipement sommaire.
Fonctionnement presque immédiat d’observatoire dès que l’ennemi a tenu la crête de la tranchée Bruckner (un canon de 37 et des mitrailleuses mises par nous en batterie sur la tranchée des réduits ont été presque immédiatement l’objet d’un tir très précis d’artillerie).
Le 28e I a eu affaire au 13e et au 15e Régiment d’Infanterie.

En page 274 de son ouvrage, R.-G. Nobécourt précise que ce sont les 13e, 15e et 55e RI allemands qui ont pris le saillant de Deimling. Les troupes avaient répété cette attaque au nord de Veslud et connaissaient le secteur qu'ils avaient quitté le 21 juillet.
   
2 Août Situation du régiment le 2 Août après relève du 28e I par le 215e I.
E. major – CHR 1er et 3e bataillon : Paissy.
2e Bataillon : Abris du ravin N de Moulin.
A 10 heures le lieutenant colonel qui a quitté Yung passe se rendre à Coutard est autorisé par le général ID (message téléphone de 10h) à rentrer à Paissy.
La journée est employée aux appels, aux nettoyages et à la reconstitution des unités.
Le 2e Bataillon est employé à des travaux de réfection de tranchées suivant les ordres du lieutenant-colonel Malvy (119e I constitue la réserve).
   
3 Août A 19h30, reçu un ordre de l’ID portant reconnaissance à faire en vue de l’organisation et de l’occupation éventuelles du plateau de Paissy, face à l’Ouest et au Nord Ouest.
A 23h reçu ordre 2620 S. 6e DI portant modification à l’occupation du secteur.
Le 28e I sera employé comme réserve de DI aux creutes de l’Yser.
   
4 Août 20h30. Départ du II/28 du Ravin de Moulins.
Départ du III/28 et I/28 CHR de Paissy.
Les compagnies de travailleurs se rendent aux travaux.
Pendant ce temps, l’installation se poursuit  aux creutes de l’Yser pour l’ensemble du régiment. Elle se termine à 22h, les travailleurs rejoignent leurs emplacements entre 4 et 5h.
   
5 Août Situation du 5 Août matin :
EM CHR : Bellevue Ferme.
I-II-IIIe Bataillons : Creutes de l’Yser.
Dans la journée, le régiment reçoit un renfort affecté en entier aux 2e et 3e bataillons.
Départ à 20h30 du IIe bataillons et du peloton des pionniers pour les travaux.

 
6 Août L’organisation de la tranchée de résistance incombe au seul 28e I.
20 h Départ pour le travail du IIIe Bataillon (ligne de résistance) et des pionniers mis à la disposition du lieutenant-colonel Malvy.

 
7 Août 9h13. Le lieutenant-colonel reçoit l’ordre de l’ID de metttre le commandement du Régiment au commandant Garde et de se rendre à Compiègne.
Midi
Arrivée du lieutenant-colonel de Gouvello affecté au commandement du 28e I par télégramme 3458 du général commandant en chef du 4 août 17.
   
8 Août
(mercredi)
SPA  34 - 1916
5h. Le 2e bataillon rend compte que les travaux sur la ligne de résistance sont terminés. Pas d’accident au cours de la nuit.
6h. L’adjudant Vigneux (pionniers) rend compte qu’il eu un tué et un blessé au cours des travaux.
9h. Compte rendu à l’ID signalant les pertes :
sous-lieutenant Champy, blessé
Lieutenant Baray, blessé non évacué
1 tué. 1 blessé (CHR).
Compte-rendu à l’ID de la fin des travaux sur la ligne de résistance et demandant des ordres pour les travaux nouveaux à faire par le 28e I.
12h. Envoi à l’ID du dossier relatif à l’attaque du 31 juillet.
15h. Visite du général Pineau. Enquête sur la disparition du 1er Bataillon. Par dépêche ministérielle n°21661 du 13 Juillet 1917, le médecin aide-major de 2e classe  Chavoix est affecté au 28e I. Arrivé au corps le 7 Août 1917.
Nuit. Pas de travaux.
   
9 Août
(Jeudi)
SPA 33 -1913
La situation du régiment est la même.
15h. Ordre téléphoné de l’ID (capitaine [Lauron]) de mettre un bataillon à la disposition du lieutenant-colonel Henry pour travaux dans son sous-secteur.
Monsieur le médecin major de 2e classe Leroy Bernard Eugène, est affecté au 28e I comme médecin chef (note 124/P12 3e CA en date du 25 Juillet 1917. Notifiée sous le N° 1716/S de la 6e DI du 26 Juillet 1917 en remplacement  de monsieur le médecin major de 1re classe Bresson mis à la disposition du ministre (8e Direction) par note 13504 du GQG du 14 Juin 1917 (DM 17327 8/7 du 7 juin 1917). Monsieur le docteur Leroy rejoint le 28e I le 9 Août 1917.
     
10 Août
(Vendredi)
SPA 33 – 1902

1. Certainement le lieutenant-colonel Brenot. Voir ainsi l'excellent blog de Stéphan
sur le 74e RI.
10h30. Reçu visite du lieutenant-colonel commandant le 74e RI qui a pris les renseignements en vue d’une relève éventuelle (1).
13h. Le lieutenant-colonel est convoqué à Merval pour y voir le général Lebrun.
21h. L’ID téléphone de tenir un bataillon prêt à être alerté pour se porter à Paissy, remplacer le bataillon Laporte réserve d’ID.
21h15. Bataillon Duché prévenu.
Le docteur Bresson part sur sa nouvelle affectation.
     
11 Août
(Samedi)
SPA 33 – 1893
3h. Les TC devront rester à leur ancien emplacement.
15h. Reçu l’ordre de relève de la 6e DI par la 5e DI. Le 28e I par le 74e I dans la nuit du 13 au 14 août, le 28e ira cantonner à Dhiuzel où il passera la journée du 14.
15h15. Reçu une note du lieutenant-colonel Henry commandant le 24e RI : le bataillon du 28e à la disposition du bataillon Sabaton du III/24 pour les travaux.
23h. La DI téléphone (capitaine de Portalon) d’envoyer un Officier recevoir les consignes demain 12 août à 8h pour préparer un cantonnement. Reçu ordre du DD6 un renfort de 14 hommes.

   
12 Août
(Dimanche)
SPA 33 – 1900
8h. Le sous-lieutenant Letor reçoit à la DI l’ordre de préparer dès aujourd’hui à Coincy le cantonnement du 28e I (2e Btn et EM) et à Brécy (1 Btn). Le régiment serait transporté à Coincy dans la nuit du 12 au 13.
15h. Reçu ordre d’embarquement en auto. Le 119e vient aux creutes de l’Yser. Le 28e est enlevé en auto à zéro heure, dans la nuit du 12 au 13.

   
13 Août (lundi)
SPA 33 – 1896
Zéro heure. Embarquement en auto suivant prescriptions de l’ordre particulier n°366875 en date du 12 Août de la 6e DI.
4h. Le 28e  est débarqué dans ses cantonnements :
stationnement fixé par l’ordre général n°250 du 12 Août 1917 du général commandant la 6e DI.
EM ; CHR, 1er et 2e Btns : Coincy
3e Btn : Brécy
pendant le reste de la journée : installation au cantonnement.
Par décret présidentiel du 6 Août 1917 (JO du 9 Août 1917), Monsieur Lançon Jules Eugène [Jo…], médecin aide major de 1ere classe de réserve au 28e I, est admis dans l’armée active pour prendre rang au 29 Juin 1917.
Par décision ministérielle du 5 Août 1917 (JO du 10 Août 1917, Monsieur André (SP) chef de musique de 1ere classe au 28e I passe au 133e RI.
   
14 Août
(Mardi)
SPA 33 - 1894
8h. Reçu ordre général n°251 du général commandant la 6e DI en date du 13 Août 1917, comportant embarquement en chemin de fer dans les conditions suivantes :
15 Août : 11h en gare de Coincy. EM et 1er Btn.
15 Août : 19h en gare de Coincy. 3e Btn.
16 Août : 3h en gare de Coincy. 2e Btn.
16 Août : 11h en gare de Coincy. CHR et TR.
   
15 Août
(Mercredi)
SPA 33 - 1894
11h. Embarquement de l’Etat-Major et du 1er Bataillon en gare de Coincy.
19h. Embarquement du 3e Bataillon en gare de Coincy.
23h30. Débarquement de l’EM et du 1er Bataillon en gare de Faverolles (1ere destination : Mareuil sur Ourcq. 2e destination : Montdidier).
 
16 Août
(Jeudi)
SPA 33 - 1891
2e partie de la nuit : Installation au cantonnement pour l’EM et le 1er Btn à Fescamp, camp 22.
7h. Débarquement du 3e Btn en gare de Faverolles.
11h30. Installation du III/28 au camp 40 - Est de Faverolles.
16h. Le II/28 embarqué à 3h à Coincy débarque à Montdidier et s’installe au camp NE de Remanges.
 
17 Août
(Vendredi)
SPA 33 - 1892
0h. La CHR et le TR embarqués le 16 Août à 11h à Coincy débarquent à Montidier et s’installent à Fescamp, camp 24.
La situation du régiment est la suivante :
EM, CHR : Fescamp.
1er Btn : Fescamp. Camp 22 et 24. NO et SO de Fescamp.
2e Btn : Camp NE de Remanges.
3e Btn : Camp 40 - Est de Fescamps.
Les journées du 17 et 18 sont consacrées aux travaux de propreté et d’installation.
 
18 Août
(Samedi)
SPA 33 - 1892
8h30. Réunion à Piennes (EM 6e DI) des chefs de corps et des chefs de bataillon.
14h45. Visite du Général Pétain.
   
19 Août
(Dimanche)
SPA 33 - 1892
8h. Revue du Général Pineau (inspection des cantonnements).
14h30. Revue du Général commandant la DI (inspection des cantonnements).
   
20 Août
(Lundi)
SPA 34 - 1892
Le régiment est dans la même situation. L’instruction commence (instruction de la section).
     
21 Août
(mardi)
SPA 34 - 1875
1h20. La 7e Compagnie embarque à Faverolles pour se rendre à Ory-la-Ville.

Mission : détachement de police pour la surveillance des permissionnaires (exécution de la note n°4264/S de la 6e DI en date du 19 Août 1917 et de l’instruction n°11510/1 du GQG en date du 12 Juin, sur l’organisation d’un service d’ordre dans les gares principales.

Par décision ministérielle en date du 15 Août 1917 (JO du 18 Août) M. Duché Henri capitaine de réserve au 28e I passe capitaine de territoriale et maintenu à son corps.

Par décision ministérielle en date du 15 Août (JO du 18 Août) M. Brousse Eugène sous-lieutenant de réserve au 28e passe sous-lieutenant territoriale et maintenu à son corps.

Le chef de bataillon Sabaton du 24e RI, affecté au 28e I pour prendre le commandement du 1er Bataillon par note n°13282 du GQG du 12 Août 1917, prend le commandement du 1er Bataillon.

Le 28e I reçoit un renfort de 9 aspirants venus du DD6, affecté comme suit :
Laurent, CM1 ; Laumont, 1ere Cie ; Mariosal 2e ; Martin, 2e ; Lassalle 3e ; Lascols CM2 ; Lisack 5e; Laudart CM 2 ; Roulaud 9e.
Le 28e reçoit un renfort de 44 hommes venus du DD6.

Pertes subies par le Régiment pendant l’occupation du sous-secteur d’Ailles (secteur Ouest de la 6e DI) du 31 Juillet au 12 Août 1917.
     

Un grand merci à Jean-Claude Poncet et à Stiff.

Pour en savoir plus :

Internet :
L'encadrement du régiment en 1917
Le site du Chemin des Dames

Ouvrages, revues :
Les fantassins du Chemin des Dames, R.-G. Nobécourt, Éditions Bertout.
L'historique du 28e Régiment d'infanterie, Lieutenant Jouannon.
La revue de l'amicale du 28e RI, 1er trimestre 1976.


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