Les combats de Leernes le 22 août 1914
par Alain ARCQ


Montage Collarmont



26 juin 1794 - 22 août 1914, près de cent vingt ans séparent ces deux dates, dates des combats qui eurent Leernes comme champ de bataille. Et pourtant, à quelques mètres près, se sont les mêmes champs et prairies qui virent couler ce sang français, allemand, hollandais et autrichiens.

Bien que l’aménagement de ces lieux ait un peu changé au cours des années, suite au développement des carrières de Landelies et au site autoroutier du ring R3, on peut encore découvrir les paysages typiques que voyaient les soldats. En effet, les hauteurs de l’Espinette figurent parmi les plus hautes des environs de Charleroi et, à l’époque de la Grande Guerre, celle qui devait être la dernière, on pouvait y voir les débouchés de la route reliant Charleroi à Mons. Le reste de la vue est prodigieuse. De l’Ouest vers l’Est nous pouvons découvrir Anderlues (Calvaire), Piéton, les fermes blanches de la rue Blanche Maison, Fontaine-l’Evêque, le château de la Marche, Forchies, Goutroux, Roux (côté usine électrique), Gosselies, Jumet (Quairelle, Bassée, Gohissart, pointe du Chef-Lieu), Lodelinsart, Ransart, Gilly, dans le lointain le château d’eau du Vieux Campinaire de Fleurus, Charleroi et Couillet (masquées partiellement par un terril), Loverval, Marcinelle, Marchienne-au-Pont, Mont-sur-Marchienne et enfin Montigny-le-Tilleul, Thuin (dépôt militaire du Gibet) et Lobbes.
Ce plateau constituait donc un endroit idéal pour l’observation et une plate-forme défensive de premier ordre.

Venons en maintenant aux faits militaires. Bizarrement, alors que c’est le vainqueur qui écrit l’histoire, ce sont les archives françaises et le livre laissé par le Docteur Emile Hautain, qui nous donnèrent le plus de renseignements sur ces terribles journées d’août 1914. Le but du présent travail n’étant pas de raconter tout ce qui s’est passé à « Fontaine » durant cette époque, nous nous contenterons de parler des faits militaires, en grandes lignes des ambulances de la région et enfin des victimes et de leur inhumation.


Les faits militaires

Le vendredi 21 août, le 28e R.I. comporte encore 61 officiers et 3116 hommes sur les 3133 en date du 6 août. Ces pertes sont les suites de blessures légères et/ou de maladies. Le régiment n’a pas encore été engagé. Ce vendredi, le régiment entier (1er, 2e et 3e Bataillon) fait mouvement de Jamioulx à Marchienne-au-Pont et Fontaine-l’Evêque. A Fontaine, le Colonel reçoit l’ordre de porter un bataillon à Souvret, un à Chapelle-lez-Herlaimont et le troisième à Courcelles. Les troupes y arrivent le 22 vers 01h00. Leur mission de couverture pour les 1ère, 3e et 5e Divisions de Cavalerie (général Sordet) qui devaient se rendre à Merbes-le-Château étant terminée, les trois bataillons se mettent en route vers Fontaine.
Vers trois heures du matin, le régiment se scinde en deux, deux bataillons (le 1er et le 2e) se dirigent sur Anderlues tandis que le 3e va s’installer à Leernes. Il se retrouve ainsi complètement isolé du dispositif français.

Le bataillon a malgré tout reçu un appui d’artillerie dont la batterie s’installe sur le plateau de la Plagne d’où la route de Charleroi à Mons, dans la vallée de l’Ernelle, est bien visible. Afin de couvrir l’entièreté du secteur et de permettre le tir direct, les artilleurs doivent couper et scier les pommiers qui les gênent. Chaque homme d’infanterie a 96 cartouches pour approvisionner son fusil Lebel.

Le 3e bataillon du 28e R.I. a reçu pour mission de couvrir les ponts sur la Sambre de Landelies et d’Aulne. Pour se faire, le Commandant Dutrut, officier commandant le bataillon, a scindé ses forces de la manière suivante : « Deux compagnies et une section de mitrailleuses en première ligne (9e, 11e et 3e S.M.) au N du village, les 2 autres en réserve, sur une ligne parallèle, au Sud. » (1)



carte de Leernes, août 1914

Au Nord-Ouest, on peut voir le plateau de la Plagne
où se trouvait l’artillerie française.

La ligne verte continue à l’Est représente la première position du 3e bataillon et la ligne en pointillés la direction de l’avancée sur l’ennemi venant de Monceau et de Hameau.


Les deux autres compagnies, mises en réserve, sont les 10e  (10) et 12e. Il faut préciser également qu’une section de mitrailleuses se compose de deux pièces et de leurs servants ; cette section étant commandée par un officier, généralement un Lieutenant. Le régiment dispose de trois sections de mitrailleuses (S.M.) qu’il peut utiliser groupées ou détachées en sous-unités. Ses sections sont indissociables car les mitrailleuses doivent toujours pouvoir se couvrir mutuellement par le feu.

Une quarantaine de soldats (3) se sont installés dans le fossé, sur le bord du chemin qui sépare Leernes et Fontaine, dans la direction du lieu dit Paradis. Le fossé les dissimule entièrement, et dans cette position, ils ont un champ de tir parfait sur la route en direction de Charleroi. Le reste des deux compagnies occupait une ligne allant du cimetière de Leernes jusqu’à la ferme de l’Espinette. « Le long de cette ligne, chaque soldat s’était creusé un trou, et, devant ce trou, avait placé deux ou trois bottes de paille (les récoltes venaient d’être fauchées) ».(3)(4)

Vers midi (1), les combats commencent dans la direction d’Anderlues, pour l’instant, à Fontaine et Leernes tout est calme.  Les soldats français doivent certainement regarder les fumées des maisons de la route de Trazegnies, à Monceau-sur-Sambre, auxquelles les Allemands ont mis le feu dès neuf heures du matin (3).

Bientôt deux uhlans prussiens apparurent en reconnaissance dans la direction du bois de Hameau. Aussitôt, les armes françaises se mettent à crépiter et l’un deux s’effondre alors que le second tourne bride et s’enfonce dans le bois. (3)(4)

Le Commandant Dutrut qui remerciait monsieur Depercenaire, fermier de l’Espinette qui avait ravitaillé les Français en eau et en nourriture, décide de changer son dispositif. Ces faits se déroulent également vers midi. (1)(3)

La ligne française va alors pivoter sur elle-même. La gauche restant au cimetière, la ligne pivote alors en avançant vers la ferme de monsieur Durieux, appelée aujourd’hui ferme du monument. Mais à ce moment, les premiers fantassins ennemis apparaissent et ouvrent immédiatement le feu sur les soldats au pantalon rouge. Les ennemis viennent de Goutroux par les fonds de la Faillejotte et du bois de Hameau. Il s’agit du 15e Régiment d’Infanterie de réserve. En fonction des découvertes faites durant les fouilles, le 79e Régiment d’Infanterie était également présent (11).

vue sur la ferme du monument de Leernes, 22 août 1914
Vue sur la ferme Durieux (ferme du monument).
On s'imagine ainsi l'axe de progression allemande vers les lignes françaises.
À droite, le monument, lieu où furent enterrés les combattants.
Photo : Alain Arcq.



Les premiers attaqués sont les hommes des compagnies de réserve (1). Elles  « faisaient face aussitôt à la nouvelle direction, et résistaient avec énergie, malgré des pertes énormes ; mais vers 14 heures les forces ennemies augmentant sans cesse, la situation devenait critique.
Les 11e, 9e et 3e S.M. n’étant pas directement attaquées, quittaient alors leur position pour renforcer les 10e et 12e compagnies et, vers 15 heures la 9e Compagnie prononçait une contre attaque qui permettait au bataillon de se dégager. » (1)

Les Allemands s’avancent en masse par le chemin qui, alors creux et non nivelé comme aujourd’hui, passe entre les deux carrières. Le soldat Rigal du 28e dira quelques jours plus tard : « Le chemin creux qui sépare les deux carrières était rempli de soldats allemands abattus, leurs compagnons se servant de cet abri pour nous contourner. Nous tirions sur tout ce qui bougeait et le chemin était comblé… »

C’est sur ce point situé à l’extrême droite française, que le Commandant Dutrut fut mortellement atteint de trois balles dont une devait lui briser l’échine dorsale. Ses soldats le mirent plus ou moins à l’abri dans un renfoncement de la prairie en attendant son évacuation vers l’ambulance où il devait décéder, quatorze jours plus tard « en donnant l’exemple d’une courageuse sérénité » (3).

En effectuant leur mouvement, les soldats français avaient quittés leurs abris, bien préparés. Ils doivent trouver maintenant des abris de fortune car l’ennemi ne leur laisse pas le temps de préparer de nouvelles positions.

Ici, nous disposons de témoignages contradictoires au sujet des mitrailleuses, le docteur Hautain dit « sans mitrailleuses » et pourtant, les soldats signalent leur présence et surtout, leur utilisation. Pour ma part, elles sont intervenues dans le combat et leurs servants firent preuve d’autant de courage que les fusiliers. Le soldat Lardon (5) nous dit :

« Enfin une surprise, voici nos mitrailleuses,
Avec leur chef Judet, brave et d’humeur joyeuse,
On ne le verra plus ce brave lieutenant,
Tombé le premier, mort en brave combattant.
Les deux jolis bijoux prennent place et la danse,
Avec leur crépitement de plus beau recommence. »

Si nous prenons l’Historique (2), nous y trouvons : « Le Lieutenant Judé, commandant une section de mitrailleuses, ses chefs de pièce et tireurs étant hors de combat, se met lui-même à une pièce et continue le feu, quoique blessé une première fois, jusqu’à ce qu’il tombe mortellement atteint !… »

Leur intervention ralentit certainement l’avance ennemie. À cette époque, comme deux ans plus tard dans les plaines de Verdun « la cracheuse » est crainte par ceux qui sont en face d’elle. Le nombre de balles ne pardonne pas et il y en a toujours bien une qui trouve sa cible.

Mais le soldat français est tenace et courageux. À Leernes, les exemples ne manquent pas. « Un jeune caporal, (Ndlr : près de la ferme Durieux) tapi derrière des fagots, et qui fut relevé, mort, la main encore crispée sur la gâchette du fusil, et qui, pendant trois heures, ne cessa de viser avec soin, de tirer avec calme et précision, jusqu’à ce qu’enfin il fût tué par des soldats allemands débordant de toutes parts » (3).  Ou encore « le soldat Prestot de la 12e compagnie, tireur émérite (à qui ses camarades blessés, couchés dans le fossé de la route, passent des armes toutes chargées), tombe après avoir abattu des dizaines d’adversaires ; 80 douilles de cartouches sont comptées auprès de son cadavre… » (2)

Le docteur Hautain nous dit deux heures, mais je pense que c’est vers trois heures de l’après-midi, tournés en force sur leur droite, les braves Français n’ont d’autre solution que de reculer vers le village. La 9e compagnie mène une contre attaque sous les ordres du Commandant Hislaire (6) ; elle permet au Bataillon de se dégager (1)(3)(4). 72 des siens resteront à jamais sur le plateau de l’Espinette.

La situation du régiment en date du 23 août mentionne la présence « de 41 officiers et 2836 hommes. À cette date, le 1er Bataillon est à Lobbes et les 2e et 3e à Fontaine-Valmont » (1). Le régiment avait perdu 20 de ses officiers et 280 de ses hommes.  

Ce fut la Croix Rouge allemande qui occupa en premier le terrain du combat. Les brancardiers teutons restèrent seuls jusqu’à cinq heures du soir et, débordés par le nombre des victimes, ils permirent alors aux brancardiers belges de faire leur héroïque travail. C’est ainsi que le premier blessé français à atteindre l’ambulance de Fontaine fut un nommé Duchesne Edmond (qui guérit fort bien par la suite).

Pour ne pas commettre d’erreur, nous devons préciser que la ferme de l’Espinette était occupée par monsieur Depercenaire et la ferme dite aujourd’hui « du monument » par la famille Beaudoux. Cette ferme marquait l’extrême droite du dispositif français.

Comme ambulance, il y en avait une, que l’on pourrait appeler aujourd’hui « avancée » à Leernes, au domicile du Docteur Hautain et l’ambulance de la Croix Rouge N°1284 située à l’Ecole communale des filles, rue de l’Enseignement. Ces locaux hébergèrent 27 blessés allemands et 91 Français. « Sur quinze Français qui moururent à l’ambulance, sept avaient reçu une balle dans la cavité crânienne. » (3) le huitième fut le Commandant Dutrut, dont la colonne vertébrale avait été brisée par une balle et la poitrine percée en deux autres endroits. Les Allemands avaient laissé sur le champ de bataille leurs blessés dont ils ne pouvaient s’occuper, ainsi que tous les blessés français.
Le docteur fit porter les blessés nécessitant de plus importantes opérations à l’hôpital où un Allemand fut amputé, sept Français subirent de graves opérations et trois succombèrent à la gravité de leurs blessures.

Voici les noms de quelques blessés qui survécurent

Lieutenant DELLOYE
Soldat LOUIS
Soldat DUCHESNE Edmond (10)
Soldat ALLIBERT Henri
Soldat LEVRARD Maurice
Soldat VAUTRIN Maurice (7)
Soldat COCHELIN (7)
Soldat SUAUD Georges (8)
Soldat TERRIEN Louis (9)
Soldat RABET Marcel (10)

Les blessés qui moururent à l’ambulance ou à l’hôpital furent enterrés au cimetière de Fontaine-l’Evêque d’où ils furent inhumés pour être translatés au cimetière de Collarmont en 1917.


Morts à l’ambulance et à l’hôpital

Commandant Pierre DUTRUT
( † 5 septembre), né le 28 février 1866 à Nuits-Saint-Georges (21)


Lieutenant Maurice MOLENAT
( † 22 août), né le 5 septembre 1878 à Paris (75)
Voir sa sépulture


Sergent Paul ULLMANN
( † 25 août),  né le 12 décembre 1892 à Paris (75)


Sergent Jules REHEL
( † 28 août),  né le 1er juin 1890 au Havre (76)


Soldat CLAVERIE


Soldat 2e Cl. Albert SAUMONT
( † 25 sept.), né le 14 août 1891 à Deville-les-Rouen (76)
Voir sa sépulpture

Sergent Cyprien BRETHES, 144e RI
( † 4 septembre), né le 11 février 1887
à Saint-Sever-Adour (40)

Soldat 2e Cl. Albert PILLEUX
( † 23 août), né le 7 août 1888 à Bailleau-l’Evêque (28) 
Voir sa sépulture
Soldat 2e Cl. René SIDROT
( † 4 septembre), né le 10 mai 1893 à Bernay (27)


Soldat Marceau AUBERT
( † 25 août), né le 17 février 1892 à Montesson (78)

Soldat François SCHOR
( † 10 septembre), né le 16 janvier 1892 à Evreux (27)


Soldat 2e Cl. Albert  FOSSE
( † 8 septembre), né le 24 mars 1891 à Ardouval (76) 
Voir sa sépulture

Soldat 2e Cl. Edouard LAIR
( † 25 août), né le 27 août 1889 à Octeville-sur-Mer (76)
Voir sa sépulture

Soldat 2e Cl. Joseph BASILLE
( † 24 août), né le 16 juin 1890 aux Loges (76)
Voir sa sépulture


Soldat Jean SARRAMOUNE, 12e RI
( † 31 septembre), né le 21 avril 1893 à Maspie (64)




texte du monument de Leernes, Belgique, 22 août 1914Le 23 août, il restait 72 soldats français et 16 allemands couchés à jamais dans les champs de Leernes. Les Allemands avaient évacué les autres cadavres ou simplement brûlés ces derniers dans les meules et certaines granges. Déjà ils jouaient sur l’aspect psychologique de leur victoire. Ne pas montrer ses morts aux populations locales, ne montrer que l’écrasement de l’ennemi français.

Le mardi 25 août, le bourgmestre de Leernes reçut l’ordre de l’autorité allemande d’inhumer les soldats morts. Une équipe d’ouvriers de Landelies et une de Leernes creusèrent une longue fosse, large de deux mètres et profonde de deux également. Le bourgmestre de Landelies, monsieur Hector Bouton s’occupa de récupérer les effets personnels des morts se trouvant sur son territoire, pendant que celui de Leernes procédait de même de son côté de la route. Après la guerre, ces témoignages furent rendus par les deux élus au Ministère Français des successions militaires.

« Les corps des soldats furent couchés, côte à côte, au fond de la triste demeure qu’on leur croyait pour toujours destinée. Afin de protéger les pauvres visages contre le contact immédiat de la glaise, ce visage fut couvert par le képi du mort. Ainsi, 24 morts français furent d’abord alignés ; les 48 autres furent déposés en deux lits successifs recouvrant le premier, côte à côte à l’extrémité de la fosse orientée au midi. Un intervalle de deux mètres fut laissé entre les morts français et les morts allemands. La fosse ayant été fermée, la section française ne mesura qu’un peu plus du double de la longueur de la section allemande… » (3)


Français morts au champ d’honneur au combat de Leernes


Officiers

JUDE Arthur Ludovic, Lieutenant,
né le 17 septembre 1881 à Polisot, département de l’Aube

HURTAUD Jean Baptiste Emile E., Lieutenant,
né le 28 février 1881 à Luçon, département de la Vendée

POLYDOR Pierre, Sous-Lieutenant (Adjudant),
né le 25 septembre 1876 à Compreignac, département de la Haute-Vienne

Soldats

ALLEAUME Jean Jules Marie, Soldat de 2e Classe,
né le 12 juillet 1891 à Vénestanville, département de la Seine-Inférieure


AUGER René Gabriel Albert, Caporal,
né le 21 octobre 1889 à Versailles, département de la Seine-et-Oise


AVENEL Louis Paul, Soldat de 2e Classe,
né le 31 janvier 1889 à Cauge, département de l’Eure


AVENEL Maurice Auguste Fernand, Sergent-Fourrier,
né le 10 septembre 1890 à Sébécourt, département de l’Eure. Voir sa sépulture.


BASILE Auguste Alphonse, Soldat de 2e Classe,
né le 26 décembre 1888 à Lillebonne, département de la Seine-Inférieure


BENARD Pierre Joseph, soldat 2e classe,
né le 29 novembre 1891 à Meudon, département des Hauts-de-Seine

BLANDIN Pierre, Soldat de 2e Classe,
né le 22 mars 1892 à Saint-Herblain, département de la Loire-Inférieure


BOISARD Gustave Jean, Soldat de 2e Classe,
né le 31 août 1892 à Nantes, département de la Loire-Inférieure


BOULET Marcel Paul, Caporal,
né le 13 mars 1890 à Offranville, département de la Seine-Inférieure


BOUSSARD Georges Louis Victor, Soldat de 2e Classe,
né le 24 juin 1889 à Verneuil, département de l’Eure


BULLE Eugène François Robert, Sergent,
né le 20 septembre 1891 à Paris, département de la Seine


CANU Désiré Louis, Soldat de 2e Classe,
né le 19 novembre 1893 à Mesnil-Simon, département d’Eure-et-Loir


CARPENTIER Jules, Soldat de 2e Classe,
né le 21 décembre 1889 à Sainte-Geneviève-en-Bray, département de la Seine-Inférieure


CHAMPETIER de RIBES René Marie Georges, 2e Classe,
né le 16 septembre 1891 à Paris, département de la Seine.
Voir sa sépulture.

COLNEL Louis Alfred, Soldat de 2e Classe,
né le 17 août 1893  à Bar-le-Duc, département de la Meuse


DEHÉDIN (Dehédin) Adrien Joseph Léon, Soldat de 2e Classe,
né le 9 novembre 1891 à Gueraille, département de la Seine-Inférieure.
Voir sa sépulture.

DEHETRES Georges


DORDOIGNE Marc Louis Victorien, Soldat de 2e Classe,
né le 28 avril 1890 à Vichères, département d’Eure-et-Loir


DUCOURTHIAL Maurice, Soldat de 2e Classe,
né le 1er août 1890 à Nogent-le-Roi, département d’Eure-et-Loir


DUPONT Pierre


FRANCOIS René Albert, Soldat de 2e Classe,
né le 28 décembre 1893 à Mantes, département de la Seine-et-Oise


GAUQUELIN André Pierre Marie Achille, Soldat de 2e Classe,
 né le 26 novembre 1893 à Saint-Christophe-sur-Avre, département de l’Eure


GIBLAIN Gaston Robert, Soldat de 2e Classe,
né le 28 novembre 1888 à Saint-André, département de l’Eure


GICQUEL Jean Marie, Soldat de 2e Classe,
né le 23 mai 1890 à le Haut-Corlay, département des Côtes-du-Nord


GIET Jules


GOUMAS Henri Adrien, Soldat de 2e Classe,
né le 16 avril 1890 à Mesnil-sur-l'Estrée, département de l’Eure


GUERIN Léon Alfred, Soldat de 2e Classe,
né le 22 octobre 1890 à Criton, département de l’Eure


HENRY Albert Georges, Soldat de 2e Classe,
né le 6 septembre 1892 à Surtainville, département de l’Eure


HERON Emile Henri, Soldat de 2e Classe,
né le 5 octobre 1890 à Chaise-Dieu-du-Theil, département de l’Eure


HOUSSAYE Marcel Auguste, Soldat de 2e Classe,
né le 23 novembre 1889 à Saint-Martin-l’Hortier, département de la Seine-Inférieure


JOLLY Auguste Charles, Soldat de 2e Classe,
né le 22 juin 1892 à Paris, département de la Seine

LAURENT Albert Clément, Caporal,
né le 12 juin 1883 à Gergnier, département de l’Aisne


LACOFFRETTE
(Le Coffrette) Léon Joseph, soldat de 2e Classe
né le 7 octobre 1893 à La Celle Condé, département du Cher

LE FRANCOIS
Robert Mary Gaston, Sergent,
né le 8 juillet 1891 à Glasville, département de la Seine-Inférieure


LE MÉLINIER
(Le Méliner) Victor Louis Augustin, Caporal
né le 26 avril 1890 à Dieppe, 
département de la Seine-Inférieure

MAGHAIN Raymond

MALANDAIN (Malandin) Marcel Georges, soldat de 2e Classe
né le 12 janvier 1892 à Saint-Pierre-de-Vaucray, département de l'Eure

MANGENOT Albert Emile, Sergent Fourrier,
né le 22 décembre 1891 à Epoye, département de la Marne


MARTIN Gustave Henri, Soldat de 1er Classe,
né le 23 mars 1891 à Villiers-le-Bel, département de la Seine-et-Oise


MARY Edouard Aimé, Soldat de 2e Classe,
né le 21 mars 1889 à Fray-la-Bataille, département de l’Eure


MEUNIER Fernand Albert, Caporal,
né le 20 juin 1893 à Verneuil-sur-Aire, département de l’Eure


NOËL Arsène Clément, Soldat de 2e Classe,
né le 20 décembre 1889 au Tréport, département de la Seine-Inférieure


PERES Henry, caporal,
né le 29 novembre 1893 à Cazaubon, département du Gers

PICARD Maurice


PORET Alfred Gaston Prosper, Soldat de 1ère Classe,
né le 7 juillet 1890 à Brosville, département de l’Eure


PRESTAT Maurice, Soldat de 2e Classe,
né le 22 mars 1890 à Levallois-Perret, département de la Seine


REMOUSSIN Félix Firmin François, Soldat de 2e Classe

né le 20 septembre 1891 à Sotteville-lès-Rouen, département de la Seine-Inférieure

RICHER Joseph Gaston, Soldat de 2e Classe
né le 11 décembre 1891 à Elbeuf, département de la Seine-Inférieure

RIO François Louis Marie, Soldat de 2e Classe,
né le 23 mars 1891 à Saint-Nazaire, département de la Loire-Inférieure


ROUILLE Marcel Joseph, Soldat de 2e Classe,
né le 11 octobre 1891 à Raugath, département des Côtes-du-Nord


SEBIRE Ernest Victor, Soldat de 2e Classe,
 né le 17 avril 1893 à Bernay, département de l’Eure


SIMON André Jules Arsène, Soldat de 2e Classe
né le 2 avril 1891 à Foucart, département de la Seine-Inférieure


THOMIN André Marcel, Sergent,
né le 9 juin 1891 à Saint-Germain-en-Tarpe, département de la Seine-et-Oise


THUILLER René


TILLOIS Marcel Alexis, Soldat de 2e Classe
né le 30 juin 1893 à Versailles, département de la Seine-et-Oise


TUNZINI Robert Emile, Soldat de 2e Classe,
né le 1er mai 1893 à Versailles, département de la Seine-et-Oise


VELU Roger, Soldat de 2e Classe,
né le 14 décembre 1893 à Andresy, département de la Seine-et-Oise


VOILQUÉ (Voilqué) Léopold, Soldat de 2e Classe,
né le 16 octobre 1893 à Versailles, département de la Seine-et-Oise


INCONNU   

INCONNU   
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Même si le temps présent est à la réconciliation, même si la ville mosane martyre de Dinant a pardonné en 2001, je me dois de souligner les actes inhumains que commirent certains soldats allemands. Ecoutons à ce sujet le témoignage d’un blessé, le soldat Maurice Levrard :

« Atteint d’une balle sur le cou de pied droit transpercé et ne pouvant plus me tenir debout, je m’étais adossé à quelques bottes de paille et m’étais déchaussé afin de protéger ma blessure saignante au moyen de mon paquet de pansement. Je vis venir à moi un soldat allemand, petit et trapu, au visage bouleversé de colère, qui dirigea vers moi le canon de son fusil ; je levai mon pied bandé afin de le bien renseigner sur ma qualité de blessé. Instinctivement j’avais tordu mon corps d’un quart de tour ; je ressentis une violente brûlure à la hanche et perdis connaissance. Je ne revins à moi que pour voir le civil belge qui me pansait. La balle de l’Allemand m’avait atteint à l’épine du bassin » (3).

Les Allemands n’hésitèrent pas à ouvrir également le feu sur une charrette transportant des blessés et conduite par un Belge. Tous furent tués sauf un blessé, couché dessous les cadavres de ses camarades et qui eut ainsi la vie sauve.



Épilogue



Monument 28e RI, Gozée





Les soldats de Leernes furent déterrés en 1915 pour être transférés sur ordre des autorités allemandes, sur le cimetière de Gozée et, en 1923, le Gouvernement français décida de rassembler les dépouilles mortelles au cimetière militaire français d’Aiseau. C’est un ancien combattant de 1940 qui les garde aujourd’hui, son nom : Paul-Omer Le Couvreur.


Devant le cimetière de Leernes, trône la croix de pierre qui indiquait l’endroit de la fosse des combattants de Leernes au cimetière de Gozée. Elle fut offerte par madame Champetier de Ribes, qui avait perdu ses deux fils au service de la France, l’un à Verdun, l’autre à Leernes.

Une petite erreur s’est glissée lors de la gravure de la date : 24 août 1914...

Photo : Alain Arcq.


Le monument français

monument de Leernes, août 1914, 28e RI




Le monument que nous connaissons aujourd’hui se trouve à l’endroit où furent enterrés, pour la première fois, tous ces héros morts pour leur Patrie, mais aussi pour notre Liberté. Il fut inauguré le 22 août 1921.


Aujourd’hui, bien peu de regards se portent encore sur ce monument. Rares sont nos concitoyens qui savent ce qui c’est passé sur ces terres, si fertiles et si belles. Beaucoup d’habitants de la cité seraient étonnés de savoir que sous leurs pieds, le sang a coulé pour qu’ils puissent vivre en paix et en pleine liberté dans ce début du troisième millénaire.

Désormais, en passant à côté de cette croix, vous ne pourrez plus dire « je ne savais pas » et, quelles que soient vos convictions, ce sera une manière de leur rendre hommage et de les faire revivre.

Photo : Alain Arcq.


Sources

(1) Journal des marches et opérations du 28e Régiment d’Infanterie. Service Historique de l’Armée de Terre (S.H.A.T.) Cote 26 N 603.
(2) Historique du 28e Régiment d’Infanterie. Service Historique de l’Armée de Terre (S.H.A.T.)
(3) Docteur Emile HAUTAIN, Le Combat de Leernes et ses suites, Imprimerie Jean Dupuis, Marcinelle, 1932.
(4) Parée J.A.S. Histoire de la Ville de Fontaine-l’Evêque, publiée à l’occasion du XIe Centenaire de la Ville.
(5) Relation du combat de Leernes écrite en vers par le soldat Wilfrid Lardon (Loridon) du 28e R.I., à l’ambulance de Fontaine-l’Evêque et remise par lui à son brancardier.
(6) Lettre de James Paul GOVARE au Docteur HAUTAIN datée de Paris le 9 Mai 1934 et qui dit :  « … qui fut par la suite notre chef de Bataillon, puis notre Colonel. Il fut malheureusement tué en 1916 ».
(7) Lettre du Prisonnier Maurice VAUTRIN au Docteur HAUTAIN de Göttingen 23 Mai 1915.
(8) Lettres de Georges SUAUD au Docteur HAUTAIN du 5/8/1915 et 12/7/1915
(9) Lettre de Louis TERRIEN au Docteur HAUTAIN datée de Paris le 25 Mai 1934.
(10) Lettre de Marcel RABET au Docteur HAUTAIN datée de Verneuil le 15 juin 1933. Ce dernier parle de DUSCHENE Edmond, le premier blessé, qui fut atteint alors qu’il se portait en avant. Son cri de souffrance fut « Maman ». De même parle-t-il de détails qui enrichissent l’histoire : « Je me souviens des trous individuels creusés à la hâte, de notre départ à l’attaque, après avoir abandonné nos sacs de campagne qui restèrent sur la plaine et que les Allemands durent recueillir avec empressement (ils étaient bondés de cigares belges). Pendant les heures terribles de ce combat inégal, je me rappelle avoir vu les batteries allemandes de 77 prendre position sur un coteau à notre gauche. » Il nous apprend également que la 10e Compagnie était commandée par le Capitaine LECOCQ.
(11) Le 05 octobre 2002, j’ai trouvé, à trois mètres du bord de la route et en face de la grange de la « ferme du monument », un couvre-canon de fusil MAUSER datant de 1914. Il a été authentifié par le Musée Royal de l’Armée à Bruxelles. Sur ce « couvercle » on peut lire : 79.R.  7. 239 ou 79ème Régiment d’Infanterie, 7ème Compagnie, arme N°239. Cette unité s’est donc également battue à Leernes en août 1914.



Pour en savoir plus :

- lire les pages du JMO du 28e RI pour le 22 août 1914 : page 1 -  page 2
- lire uné etude d'Alain Arcq sur les balles françaises trouvées sur le champ de bataille de Leernes


À paraître :



- Leernes et Collarmont, 22 août 1914, Alain Arcq, Achille Van Yperzeele, Historic'one éditions, à paraître en janvier 2008.
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