Les
combats de Leernes le 22 août 1914
par
Alain ARCQ
26
juin 1794 - 22 août 1914,
près de cent vingt ans séparent ces deux dates, dates des
combats qui eurent Leernes comme champ de bataille. Et pourtant,
à quelques mètres près, se sont les mêmes
champs et prairies qui virent couler ce sang français, allemand,
hollandais et autrichiens.
Bien que l’aménagement de ces lieux ait un peu
changé au cours des années, suite au développement
des carrières de Landelies et au site autoroutier du ring R3, on
peut encore découvrir les paysages typiques que voyaient les
soldats. En effet, les hauteurs de l’Espinette figurent parmi les
plus hautes des environs de Charleroi et, à
l’époque de la Grande Guerre, celle qui devait être
la dernière, on pouvait y voir les débouchés de la
route reliant Charleroi à Mons. Le reste de la vue est
prodigieuse. De l’Ouest vers l’Est nous pouvons
découvrir Anderlues (Calvaire), Piéton, les fermes
blanches de la rue Blanche Maison, Fontaine-l’Evêque, le
château de la Marche, Forchies, Goutroux, Roux (côté
usine électrique), Gosselies, Jumet (Quairelle, Bassée,
Gohissart, pointe du Chef-Lieu), Lodelinsart, Ransart, Gilly, dans le
lointain le château d’eau du Vieux Campinaire de Fleurus,
Charleroi et Couillet (masquées partiellement par un terril),
Loverval, Marcinelle, Marchienne-au-Pont, Mont-sur-Marchienne et enfin
Montigny-le-Tilleul, Thuin (dépôt militaire du Gibet) et
Lobbes.
Ce plateau constituait donc un endroit idéal pour
l’observation et une plate-forme défensive de premier
ordre.
Venons en maintenant aux faits militaires. Bizarrement, alors que
c’est le vainqueur qui écrit l’histoire, ce sont les
archives françaises et le livre laissé par le Docteur
Emile Hautain, qui nous donnèrent le plus de renseignements sur
ces terribles journées d’août 1914. Le but du
présent travail n’étant pas de raconter tout ce qui
s’est passé à « Fontaine » durant cette
époque, nous nous contenterons de parler des faits militaires,
en grandes lignes des ambulances de la région et enfin des
victimes et de leur inhumation.
Les faits militaires
Le vendredi 21 août, le 28e R.I.
comporte encore 61 officiers et
3116 hommes sur les 3133 en date du 6 août. Ces pertes sont les
suites de blessures légères et/ou de maladies. Le
régiment n’a pas encore été engagé.
Ce vendredi, le régiment entier (1er, 2e et 3e Bataillon) fait
mouvement de Jamioulx à Marchienne-au-Pont et
Fontaine-l’Evêque. A Fontaine, le Colonel reçoit
l’ordre de porter un bataillon à Souvret, un à
Chapelle-lez-Herlaimont et le troisième à Courcelles. Les
troupes y arrivent le 22 vers 01h00. Leur mission de couverture pour
les 1ère, 3e et 5e Divisions de Cavalerie (général
Sordet) qui devaient se rendre à Merbes-le-Château
étant terminée, les trois bataillons se mettent en route
vers Fontaine.
Vers trois heures du matin, le régiment se scinde en deux, deux
bataillons (le 1er et le 2e) se dirigent sur Anderlues tandis que le 3e
va s’installer à Leernes. Il se retrouve ainsi
complètement isolé du dispositif français.
Le bataillon a malgré tout reçu un appui
d’artillerie dont la batterie s’installe sur le plateau de
la Plagne d’où la route de Charleroi à Mons, dans
la vallée de l’Ernelle, est bien visible. Afin de couvrir
l’entièreté du secteur et de permettre le tir
direct, les artilleurs doivent couper et scier les pommiers qui les
gênent. Chaque homme d’infanterie a 96 cartouches pour
approvisionner son fusil Lebel.
Le 3e bataillon du 28e R.I. a reçu pour mission de couvrir les
ponts sur la Sambre de Landelies et d’Aulne. Pour se faire, le
Commandant Dutrut, officier commandant le bataillon, a scindé
ses forces de la manière suivante : «
Deux compagnies et
une section de mitrailleuses en première ligne (9e, 11e et 3e
S.M.) au N du village, les 2 autres en réserve, sur une ligne
parallèle, au Sud. » (1)
Au Nord-Ouest, on peut voir le
plateau de la Plagne
où se trouvait l’artillerie
française.
La ligne verte continue
à l’Est représente la première position du
3e bataillon et la ligne en pointillés la direction de
l’avancée sur l’ennemi venant de Monceau et de
Hameau.
Les deux autres compagnies,
mises en réserve, sont les 10e
(10) et 12e. Il faut préciser également qu’une
section de mitrailleuses se compose de deux pièces et de leurs
servants ; cette section étant commandée par un officier,
généralement un Lieutenant. Le régiment dispose de
trois sections de mitrailleuses (S.M.) qu’il peut utiliser
groupées ou détachées en sous-unités. Ses
sections sont indissociables car les mitrailleuses doivent toujours
pouvoir se couvrir mutuellement par le feu.
Une quarantaine de soldats (3) se sont installés dans le
fossé, sur le bord du chemin qui sépare Leernes et
Fontaine, dans la direction du lieu dit Paradis. Le fossé les
dissimule entièrement, et dans cette position, ils ont un champ
de tir parfait sur la route en direction de Charleroi. Le reste des
deux compagnies occupait une ligne allant du cimetière de
Leernes jusqu’à la ferme de l’Espinette. « Le
long de cette ligne, chaque soldat s’était creusé
un trou, et, devant ce trou, avait placé deux ou trois bottes de
paille (les récoltes venaient d’être
fauchées) ».(3)(4)
Vers midi (1), les combats commencent dans la direction
d’Anderlues, pour l’instant, à Fontaine et Leernes
tout est calme. Les soldats français doivent certainement
regarder les fumées des maisons de la route de Trazegnies,
à Monceau-sur-Sambre, auxquelles les Allemands ont mis le feu
dès neuf heures du matin (3).
Bientôt deux uhlans prussiens apparurent en reconnaissance dans
la direction du bois de Hameau. Aussitôt, les armes
françaises se mettent à crépiter et l’un
deux s’effondre alors que le second tourne bride et
s’enfonce dans le bois. (3)(4)
Le Commandant Dutrut qui remerciait monsieur Depercenaire, fermier de
l’Espinette qui avait ravitaillé les Français en
eau et en nourriture, décide de changer son dispositif. Ces
faits se déroulent également vers midi. (1)(3)
La ligne française va alors pivoter sur elle-même. La
gauche restant au cimetière, la ligne pivote alors en
avançant vers la ferme de monsieur Durieux, appelée
aujourd’hui ferme du monument. Mais à ce moment, les
premiers fantassins ennemis apparaissent et ouvrent
immédiatement le feu sur les soldats au pantalon rouge. Les
ennemis viennent de Goutroux par les fonds de la Faillejotte et du bois
de Hameau. Il s’agit du 15e Régiment d’Infanterie de
réserve. En fonction des découvertes faites durant les
fouilles, le 79e Régiment d’Infanterie était
également présent (11).
Vue sur la ferme Durieux (ferme du monument).
On s'imagine ainsi
l'axe de progression allemande vers les lignes françaises.
À droite, le monument, lieu où furent enterrés les
combattants. Photo
: Alain Arcq.
Les premiers attaqués sont les
hommes des compagnies de
réserve (1). Elles «
faisaient face aussitôt
à la nouvelle direction, et résistaient avec
énergie, malgré des pertes énormes ; mais
vers 14 heures les forces ennemies augmentant sans cesse, la situation
devenait critique.
Les 11e, 9e et 3e S.M.
n’étant pas directement
attaquées, quittaient alors leur position pour renforcer les 10e
et 12e compagnies et, vers 15 heures la 9e Compagnie prononçait
une contre attaque qui permettait au bataillon de se dégager.
» (1)
Les Allemands s’avancent en masse par le chemin qui, alors creux
et non nivelé comme aujourd’hui, passe entre les deux
carrières. Le soldat Rigal du 28e dira quelques jours plus tard
: « Le chemin creux qui
sépare les deux carrières
était rempli de soldats allemands abattus, leurs compagnons se
servant de cet abri pour nous contourner. Nous tirions sur tout ce qui
bougeait et le chemin était comblé… »
C’est sur ce point situé à l’extrême
droite française, que le Commandant Dutrut fut mortellement
atteint de trois balles dont une devait lui briser
l’échine dorsale. Ses soldats le mirent plus ou moins
à l’abri dans un renfoncement de la prairie en attendant
son évacuation vers l’ambulance où il devait
décéder, quatorze jours plus tard «
en donnant
l’exemple d’une courageuse sérénité
» (3).
En effectuant leur mouvement, les soldats français avaient
quittés leurs abris, bien préparés. Ils doivent
trouver maintenant des abris de fortune car l’ennemi ne leur
laisse pas le temps de préparer de nouvelles positions.
Ici, nous disposons de témoignages contradictoires au sujet des
mitrailleuses, le docteur Hautain dit « sans mitrailleuses
» et pourtant, les soldats signalent leur présence et
surtout, leur utilisation. Pour ma part, elles sont intervenues dans le
combat et leurs servants firent preuve d’autant de courage que
les fusiliers. Le soldat Lardon (5) nous dit :
« Enfin
une surprise, voici nos mitrailleuses,
Avec leur
chef Judet, brave et d’humeur joyeuse,
On ne le
verra plus ce brave lieutenant,
Tombé
le premier, mort en brave combattant.
Les deux
jolis bijoux prennent place et la danse,
Avec leur
crépitement de plus beau recommence. »
Si nous prenons l’Historique (2),
nous y trouvons : « Le
Lieutenant Judé, commandant une section de mitrailleuses, ses
chefs de pièce et tireurs étant hors de combat, se met
lui-même à une pièce et continue le feu, quoique
blessé une première fois, jusqu’à ce
qu’il tombe mortellement atteint !… »
Leur intervention ralentit certainement l’avance ennemie.
À cette époque, comme deux ans plus tard dans les plaines
de Verdun « la cracheuse » est crainte par ceux qui sont en
face d’elle. Le nombre de balles ne pardonne pas et il y en a
toujours bien une qui trouve sa cible.
Mais le soldat français est tenace et courageux. À
Leernes, les exemples ne manquent pas. « Un jeune caporal, (Ndlr
: près de la ferme Durieux) tapi
derrière des fagots, et
qui fut relevé, mort, la main encore crispée sur la
gâchette du fusil, et qui, pendant trois heures, ne cessa de
viser avec soin, de tirer avec calme et précision,
jusqu’à ce qu’enfin il fût tué par des
soldats allemands débordant de toutes parts »
(3).
Ou encore « le soldat Prestot
de la 12e compagnie, tireur
émérite (à qui ses camarades blessés,
couchés dans le fossé de la route, passent des armes
toutes chargées), tombe après avoir abattu des dizaines
d’adversaires ; 80 douilles de cartouches sont comptées
auprès de son cadavre… » (2)
Le docteur Hautain nous dit deux heures, mais je pense que c’est
vers trois heures de l’après-midi, tournés en force
sur leur droite, les braves Français n’ont d’autre
solution que de reculer vers le village. La 9e compagnie mène
une contre attaque sous les ordres du Commandant Hislaire (6) ; elle
permet au Bataillon de se dégager (1)(3)(4). 72 des siens
resteront à jamais sur le plateau de l’Espinette.
La situation du régiment en date du 23 août mentionne la
présence « de 41
officiers et 2836 hommes. À cette
date, le 1er Bataillon est à Lobbes et les 2e et 3e à
Fontaine-Valmont » (1). Le régiment avait perdu 20
de ses
officiers et 280 de ses hommes.
Ce fut la Croix Rouge allemande qui occupa en premier le terrain du
combat. Les brancardiers teutons restèrent seuls
jusqu’à cinq heures du soir et, débordés par
le nombre des victimes, ils permirent alors aux brancardiers belges de
faire leur héroïque travail. C’est ainsi que le
premier blessé français à atteindre
l’ambulance de Fontaine fut un nommé Duchesne Edmond (qui
guérit fort bien par la suite).
Pour ne pas commettre d’erreur, nous devons préciser que
la ferme de l’Espinette était occupée par monsieur
Depercenaire et la ferme dite aujourd’hui « du monument
» par la famille Beaudoux. Cette ferme marquait
l’extrême droite du dispositif français.
Comme ambulance, il y en avait une, que l’on pourrait appeler
aujourd’hui « avancée » à Leernes, au
domicile du Docteur Hautain et l’ambulance de la Croix Rouge
N°1284 située à l’Ecole communale des filles,
rue de l’Enseignement. Ces locaux hébergèrent 27
blessés allemands et 91 Français. «
Sur quinze
Français qui moururent à l’ambulance, sept avaient
reçu une balle dans la cavité crânienne. »
(3) le huitième fut le Commandant Dutrut, dont la colonne
vertébrale avait été brisée par une balle
et la poitrine percée en deux autres endroits. Les Allemands
avaient laissé sur le champ de bataille leurs blessés
dont ils ne pouvaient s’occuper, ainsi que tous les
blessés français.
Le docteur fit porter les blessés nécessitant de plus
importantes opérations à l’hôpital où
un Allemand fut amputé, sept Français subirent de graves
opérations et trois succombèrent à la
gravité de leurs blessures.
Voici les noms de quelques blessés qui survécurent
Lieutenant
DELLOYE
Soldat LOUIS
Soldat DUCHESNE Edmond (10)
Soldat ALLIBERT Henri
Soldat LEVRARD Maurice
Soldat VAUTRIN Maurice (7)
Soldat COCHELIN (7)
Soldat SUAUD Georges (8)
Soldat TERRIEN Louis (9)
Soldat RABET Marcel (10)
Les blessés qui moururent à l’ambulance ou à
l’hôpital furent enterrés au cimetière de
Fontaine-l’Evêque d’où ils furent
inhumés pour être translatés au cimetière de
Collarmont en 1917.
Morts à l’ambulance
et à l’hôpital
Commandant Pierre DUTRUT
( † 5 septembre), né le 28 février 1866
à Nuits-Saint-Georges (21)
Lieutenant Maurice MOLENAT
( † 22 août), né le 5 septembre 1878
à Paris (75)
Voir
sa
sépulture
Sergent Paul ULLMANN
( † 25 août), né le 12 décembre
1892
à Paris (75)
Sergent Jules REHEL
( † 28 août), né le 1er juin 1890 au
Havre (76)
Soldat CLAVERIE
Soldat 2e Cl. Albert SAUMONT
( † 25 sept.), né le 14 août 1891
à Deville-les-Rouen (76)
Voir
sa sépulpture
Sergent Cyprien BRETHES, 144e RI
( † 4 septembre), né le 11 février 1887
à Saint-Sever-Adour (40)
Soldat 2e
Cl. Albert PILLEUX
( † 23 août), né le 7 août 1888
à Bailleau-l’Evêque (28)
Voir
sa sépulture |
Soldat 2e Cl. René SIDROT
( † 4 septembre), né le 10 mai 1893 à
Bernay (27)
Soldat Marceau AUBERT
( † 25 août), né le 17 février 1892 à Montesson (78)
Soldat François SCHOR
( † 10 septembre), né le 16 janvier 1892 à
Evreux (27)
Soldat 2e Cl. Albert FOSSE
( † 8 septembre), né le 24 mars 1891 à
Ardouval (76)
Voir sa
sépulture
Soldat 2e Cl. Edouard LAIR
( † 25 août), né le 27 août 1889
à Octeville-sur-Mer (76)
Voir sa
sépulture
Soldat 2e Cl. Joseph BASILLE
( † 24 août), né le 16 juin 1890 aux Loges (76)
Voir
sa
sépulture
Soldat Jean SARRAMOUNE,
12e RI
( † 31
septembre), né le 21 avril 1893 à Maspie (64) |
Le 23
août, il restait 72 soldats français et 16 allemands
couchés à jamais dans les champs de Leernes. Les
Allemands avaient évacué les autres cadavres ou
simplement brûlés ces derniers dans les meules et
certaines granges. Déjà ils jouaient sur l’aspect
psychologique de leur victoire. Ne pas montrer ses morts aux
populations locales, ne montrer que l’écrasement de
l’ennemi français.
Le mardi 25 août, le bourgmestre de Leernes reçut
l’ordre de l’autorité allemande d’inhumer les
soldats morts. Une équipe d’ouvriers de Landelies et une
de Leernes creusèrent une longue fosse, large de deux
mètres et profonde de deux également. Le bourgmestre de
Landelies, monsieur Hector Bouton s’occupa de
récupérer les effets personnels des morts se trouvant sur
son territoire, pendant que celui de Leernes procédait de
même de son côté de la route. Après la
guerre, ces témoignages furent rendus par les deux élus
au Ministère Français des successions militaires.
« Les corps des soldats furent
couchés, côte
à côte, au fond de la triste demeure qu’on leur
croyait pour toujours destinée. Afin de protéger les
pauvres visages contre le contact immédiat de la glaise, ce
visage fut couvert par le képi du mort. Ainsi, 24 morts
français furent d’abord alignés ; les 48 autres
furent déposés en deux lits successifs recouvrant le
premier, côte à côte à
l’extrémité de la fosse orientée au midi. Un
intervalle de deux mètres fut laissé entre les morts
français et les morts allemands. La fosse ayant
été fermée, la section française ne mesura
qu’un peu plus du double de la longueur de la section
allemande… » (3)
Français morts au champ
d’honneur au combat de Leernes
Officiers
JUDE
Arthur Ludovic, Lieutenant,
né le 17 septembre 1881 à Polisot,
département de l’Aube
HURTAUD
Jean Baptiste Emile E., Lieutenant,
né le 28 février 1881 à Luçon,
département de la Vendée |
|
POLYDOR
Pierre, Sous-Lieutenant (Adjudant),
né le 25 septembre 1876 à Compreignac,
département de la Haute-Vienne |
Soldats
ALLEAUME
Jean Jules Marie, Soldat de 2e Classe,
né le 12 juillet 1891 à Vénestanville,
département de la Seine-Inférieure
AUGER
René Gabriel Albert, Caporal,
né le 21 octobre 1889 à Versailles,
département de la Seine-et-Oise
AVENEL
Louis Paul, Soldat de 2e Classe,
né le 31 janvier 1889 à Cauge, département
de l’Eure
AVENEL
Maurice Auguste Fernand, Sergent-Fourrier,
né le 10 septembre 1890 à Sébécourt,
département de l’Eure. Voir
sa sépulture.
BASILE
Auguste Alphonse, Soldat de 2e Classe,
né le 26 décembre 1888 à Lillebonne,
département de la Seine-Inférieure
BENARD Pierre Joseph, soldat 2e classe,
né le 29 novembre 1891 à Meudon, département des
Hauts-de-Seine
BLANDIN
Pierre, Soldat de 2e Classe,
né le 22 mars 1892 à Saint-Herblain,
département de la Loire-Inférieure
BOISARD
Gustave Jean, Soldat de 2e Classe,
né le 31 août 1892 à Nantes,
département
de la Loire-Inférieure
BOULET
Marcel Paul, Caporal,
né le 13 mars 1890 à Offranville,
département de la Seine-Inférieure
BOUSSARD
Georges Louis Victor, Soldat de 2e Classe,
né le 24 juin 1889 à Verneuil, département
de l’Eure
BULLE
Eugène François Robert, Sergent,
né le 20 septembre 1891 à Paris,
département de la Seine
CANU
Désiré Louis, Soldat de 2e Classe,
né le 19 novembre 1893 à Mesnil-Simon,
département d’Eure-et-Loir
CARPENTIER
Jules, Soldat de 2e Classe,
né le 21 décembre 1889 à
Sainte-Geneviève-en-Bray, département de la
Seine-Inférieure
CHAMPETIER
de RIBES René Marie Georges, 2e Classe,
né le 16 septembre 1891 à Paris,
département de la Seine. Voir
sa sépulture.
COLNEL
Louis Alfred, Soldat de 2e Classe,
né le 17 août 1893 à Bar-le-Duc,
département de la Meuse
DEHÉDIN
(Dehédin) Adrien Joseph Léon, Soldat de 2e
Classe,
né le 9 novembre 1891 à Gueraille,
département de la Seine-Inférieure. Voir
sa sépulture.
DEHETRES Georges
DORDOIGNE
Marc Louis Victorien, Soldat de 2e Classe,
né le 28 avril 1890 à Vichères,
département
d’Eure-et-Loir
DUCOURTHIAL
Maurice, Soldat de 2e Classe,
né le 1er août 1890 à Nogent-le-Roi,
département d’Eure-et-Loir
DUPONT Pierre
FRANCOIS
René Albert, Soldat de 2e Classe,
né le 28 décembre 1893 à Mantes,
département de la Seine-et-Oise
GAUQUELIN
André Pierre Marie Achille, Soldat de 2e Classe,
né le 26 novembre 1893 à
Saint-Christophe-sur-Avre, département de l’Eure
GIBLAIN
Gaston Robert, Soldat de 2e Classe,
né le 28 novembre 1888 à Saint-André,
département de l’Eure
GICQUEL
Jean Marie, Soldat de 2e Classe,
né le 23 mai 1890 à le Haut-Corlay,
département des Côtes-du-Nord
GIET Jules
GOUMAS
Henri Adrien, Soldat de 2e Classe,
né le 16 avril 1890 à Mesnil-sur-l'Estrée,
département de l’Eure
GUERIN
Léon Alfred, Soldat de 2e Classe,
né le 22 octobre 1890 à Criton, département
de l’Eure
HENRY
Albert Georges, Soldat de 2e Classe,
né le 6 septembre 1892 à Surtainville,
département de l’Eure
HERON
Emile Henri, Soldat de 2e Classe,
né le 5 octobre 1890 à Chaise-Dieu-du-Theil,
département de l’Eure
HOUSSAYE
Marcel Auguste, Soldat de 2e Classe,
né le 23 novembre 1889 à
Saint-Martin-l’Hortier, département de la
Seine-Inférieure
|
|
JOLLY
Auguste Charles, Soldat de 2e Classe,
né le 22 juin 1892 à Paris, département de
la Seine
LAURENT
Albert Clément, Caporal,
né le 12 juin 1883 à Gergnier, département
de l’Aisne
LACOFFRETTE (Le Coffrette) Léon Joseph, soldat de 2e Classe
né le 7 octobre 1893 à La Celle Condé,
département du Cher
LE FRANCOIS Robert Mary Gaston, Sergent,
né le 8 juillet 1891 à Glasville,
département de la Seine-Inférieure
LE MÉLINIER
(Le Méliner)
Victor Louis Augustin, Caporal
né le 26 avril 1890 à Dieppe, département de la
Seine-Inférieure
MAGHAIN
Raymond
MALANDAIN
(Malandin) Marcel Georges, soldat de 2e Classe
né le 12 janvier 1892 à Saint-Pierre-de-Vaucray,
département de l'Eure
MANGENOT
Albert Emile, Sergent Fourrier,
né le 22 décembre 1891 à Epoye,
département de la Marne
MARTIN
Gustave Henri, Soldat de 1er Classe,
né le 23 mars 1891 à Villiers-le-Bel,
département de la Seine-et-Oise
MARY
Edouard Aimé, Soldat de 2e Classe,
né le 21 mars 1889 à Fray-la-Bataille,
département de l’Eure
MEUNIER
Fernand Albert, Caporal,
né le 20 juin 1893 à Verneuil-sur-Aire,
département de l’Eure
NOËL
Arsène Clément, Soldat de 2e Classe,
né le 20 décembre 1889 au Tréport,
département de la Seine-Inférieure
PERES Henry, caporal,
né le 29 novembre 1893 à Cazaubon, département du Gers
PICARD Maurice
PORET
Alfred Gaston Prosper, Soldat de 1ère Classe,
né le 7 juillet 1890 à Brosville,
département de l’Eure
PRESTAT
Maurice, Soldat de 2e Classe,
né le 22 mars 1890 à Levallois-Perret,
département de la Seine
REMOUSSIN
Félix Firmin François, Soldat de 2e Classe
né le 20
septembre 1891 à Sotteville-lès-Rouen,
département de la
Seine-Inférieure
RICHER
Joseph Gaston, Soldat de 2e Classe
né le 11
décembre 1891 à Elbeuf,
département de la
Seine-Inférieure
RIO
François Louis Marie, Soldat de 2e Classe,
né le 23 mars 1891 à Saint-Nazaire,
département de la Loire-Inférieure
ROUILLE
Marcel Joseph, Soldat de 2e Classe,
né le 11 octobre 1891 à Raugath,
département des Côtes-du-Nord
SEBIRE
Ernest Victor, Soldat de 2e Classe,
né le 17 avril 1893 à Bernay,
département de l’Eure
SIMON
André Jules Arsène, Soldat de 2e Classe
né le 2 avril 1891 à Foucart, département
de
la Seine-Inférieure
THOMIN
André Marcel, Sergent,
né le 9 juin 1891 à Saint-Germain-en-Tarpe,
département de la Seine-et-Oise
THUILLER René
TILLOIS
Marcel Alexis, Soldat de 2e Classe
né le 30 juin 1893 à Versailles, département de la
Seine-et-Oise
TUNZINI
Robert Emile, Soldat de 2e Classe,
né le 1er mai 1893 à Versailles,
département de la Seine-et-Oise
VELU
Roger, Soldat de 2e Classe,
né le 14 décembre 1893 à Andresy,
département de la Seine-et-Oise
VOILQUÉ
(Voilqué) Léopold, Soldat de 2e Classe,
né le 16 octobre 1893 à Versailles,
département de la Seine-et-Oise
INCONNU
INCONNU
INCONNU
INCONNU
INCONNU
INCONNU
INCONNU
INCONNU
INCONNU
INCONNU
INCONNU
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Même si le temps présent est à la
réconciliation, même si la ville mosane martyre de Dinant
a pardonné en 2001, je me dois de souligner les actes inhumains
que commirent certains soldats allemands. Ecoutons à ce sujet le
témoignage d’un blessé, le soldat Maurice Levrard :
« Atteint d’une balle sur
le cou de pied droit
transpercé et ne pouvant plus me tenir debout, je
m’étais adossé à quelques bottes de paille
et m’étais déchaussé afin de protéger
ma blessure saignante au moyen de mon paquet de pansement. Je vis venir
à moi un soldat allemand, petit et trapu, au visage
bouleversé de colère, qui dirigea vers moi le canon de
son fusil ; je levai mon pied bandé afin de le bien renseigner
sur ma qualité de blessé. Instinctivement j’avais
tordu mon corps d’un quart de tour ; je ressentis une violente
brûlure à la hanche et perdis connaissance. Je ne revins
à moi que pour voir le civil belge qui me pansait. La balle de
l’Allemand m’avait atteint à l’épine du
bassin » (3).
Les Allemands
n’hésitèrent pas
à ouvrir également le feu sur une charrette transportant
des blessés et conduite par un Belge. Tous furent tués
sauf un blessé, couché dessous les cadavres de ses
camarades et qui eut ainsi la vie sauve.
Épilogue
Les soldats de Leernes furent déterrés en 1915 pour
être transférés sur ordre des autorités
allemandes, sur le cimetière de Gozée et, en 1923, le
Gouvernement français décida de rassembler les
dépouilles mortelles au cimetière militaire
français d’Aiseau. C’est un ancien combattant de
1940 qui les garde aujourd’hui, son nom : Paul-Omer Le Couvreur.
Devant le cimetière de Leernes, trône la croix de pierre
qui indiquait l’endroit de la fosse des combattants de Leernes au
cimetière de Gozée. Elle fut offerte par madame
Champetier de Ribes, qui avait perdu ses deux fils au service de la
France, l’un à Verdun, l’autre à Leernes.
Une petite erreur s’est glissée lors de la gravure de la
date : 24 août 1914...
Photo : Alain Arcq.
Le monument français
Le monument que nous connaissons aujourd’hui se trouve à
l’endroit où furent enterrés, pour la
première fois, tous ces héros morts pour leur Patrie,
mais aussi pour notre Liberté. Il fut inauguré le 22
août 1921.
Aujourd’hui, bien peu de regards se portent encore sur ce
monument. Rares sont nos concitoyens qui savent ce qui c’est
passé sur ces terres, si fertiles et si belles. Beaucoup
d’habitants de la cité seraient étonnés de
savoir que sous leurs pieds, le sang a coulé pour qu’ils
puissent vivre en paix et en pleine liberté dans ce début
du troisième millénaire.
Désormais, en passant à côté de cette croix,
vous ne pourrez plus dire « je ne savais pas » et, quelles
que soient vos convictions, ce sera une manière de leur rendre
hommage et de les faire revivre.
Photo : Alain
Arcq.
Sources
(1) Journal des
marches et
opérations du 28e Régiment d’Infanterie. Service
Historique de l’Armée de Terre (S.H.A.T.) Cote 26 N 603.
(2) Historique du 28e
Régiment d’Infanterie. Service Historique de
l’Armée de Terre (S.H.A.T.)
(3) Docteur Emile HAUTAIN, Le
Combat de Leernes et ses suites, Imprimerie Jean Dupuis,
Marcinelle,
1932.
(4) Parée J.A.S. Histoire de
la Ville de Fontaine-l’Evêque, publiée
à
l’occasion du XIe Centenaire de la Ville.
(5) Relation du combat de Leernes
écrite en vers par le soldat Wilfrid Lardon (Loridon) du 28e
R.I., à l’ambulance de Fontaine-l’Evêque et
remise par lui à son brancardier.
(6) Lettre de James Paul GOVARE au
Docteur HAUTAIN datée de Paris le 9 Mai 1934 et qui dit :
« … qui fut par la suite notre chef de Bataillon, puis
notre Colonel. Il fut malheureusement tué en 1916 ».
(7) Lettre du Prisonnier Maurice
VAUTRIN au Docteur HAUTAIN de Göttingen 23 Mai 1915.
(8) Lettres de Georges SUAUD au
Docteur HAUTAIN du 5/8/1915 et 12/7/1915
(9) Lettre de Louis TERRIEN au
Docteur HAUTAIN datée de Paris le 25 Mai 1934.
(10) Lettre de Marcel RABET au
Docteur HAUTAIN datée de Verneuil le 15 juin 1933. Ce dernier
parle de DUSCHENE Edmond, le premier blessé, qui fut atteint
alors qu’il se portait en avant. Son cri de souffrance fut
« Maman ». De même parle-t-il de détails qui
enrichissent l’histoire : « Je me souviens des trous
individuels creusés à la hâte, de notre
départ à l’attaque, après avoir
abandonné nos sacs de campagne qui restèrent sur la
plaine et que les Allemands durent recueillir avec empressement (ils
étaient bondés de cigares belges). Pendant les heures
terribles de ce combat inégal, je me rappelle avoir vu les
batteries allemandes de 77 prendre position sur un coteau à
notre gauche. » Il nous apprend également que la 10e
Compagnie était commandée par le Capitaine LECOCQ.
(11) Le 05 octobre 2002, j’ai
trouvé, à trois mètres du bord de la route et en
face de la grange de la « ferme du monument », un
couvre-canon de fusil MAUSER datant de 1914. Il a été
authentifié par le Musée Royal de l’Armée
à Bruxelles. Sur ce « couvercle » on peut lire :
79.R. 7. 239 ou 79ème Régiment d’Infanterie,
7ème Compagnie, arme N°239. Cette unité s’est
donc également battue à Leernes en août 1914.
Pour
en savoir plus :
À paraître :
-
Leernes et Collarmont, 22 août 1914,
Alain Arcq, Achille Van Yperzeele, Historic'one éditions, à paraître en
janvier 2008.
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