François, sapeur-pompier à Argenteuil (Val-d'Oise). François est au dernier rang (le 3e en partant de la droite)
François fait partie des sapeurs pompiers de la ville
d'Argenteuil, peut-être est-ce cela qui lui a permis de garder
son sang froid et un certain réflexe qui sauvera sa vie sous les
tirs et les bombardement de l'ennemi. Il est incorporé dans
l'armée le 5 octobre 1910 au 71e Régiment d'infanterie, sous
l’immatriculation 2277, soldat de 2e c1asse. Il sera caporal le
24 septembre 1911 puis envoyé dans la disponibilité le 25
septembre 1912.
François, lors de son service militaire au 71e Régiment d'infanterie. François est au premier rang, marqué d'une croix.
La guerre 14-18
déclarée, François part avec la mobilisation
générale le 1er août 1914. Arrivé, le
3 août 1914 au 28e Régiment d'infanterie, il est nommé sergent le 6 septembre 1914.
François
Ollivry au front. Photo probablement prise début 1915.
François est au premier rang à gauche.
En septembre 1915,
son régiment est en Artois au nord d'Arras dans le
Pas-de-Calais. Comme il est dit dans les livres d'histoire, la bataille
est dure, terrible : reconquérir le terrain, tranchée par
tranchée.
À la fin de l’offensive, le 1er octobre 1915,
François se trouve avec les soldats de sa compagnie de
mitrailleurs dans le secteur «du bois de la folie», sous
les tirs d'obus allemands.
Un obus
explose, pas très loin d'eux, ensevelissant François et
l'un de ses compagnons. François est blessé.
François sera cité à l’ordre de la division :
«
Sous-officier énergique d’un sang froid remarquable au
feu. Adjoint comme sergent à une section de mitrailleuses,
s’est trouvé enseveli en même temps qu’un
homme de sa section et blessé lui-même grièvement, a
d’abord songé à dégager le soldat
enterré à ses côtés. »
Photo de la sépulture d'Émile Guincestre. Nécropole nationale de La Targette.
Né en 1889; Émile
Guincestre était mitrailleur. Il fut blessé ce 1er
octobre 1915. Il décéda des suites de ses blessures.
Il sera cité à
l'ordre du régiment : "Enterré sous un obus, à
moitié dégagé, sa première parole fut :
‘Ma pièce est toujours là !‘."
Émile est-il le soldat aidé par François Ollivry ?
Est-ce
l'instinct de survie ? Ce que nous a raconté notre
grand-père quelques fois, c'est qu'il a eu le réflexe de
lever les bras et malgré ses blessures, a pu se dégager
et déterrer le compagnon, qui était aussi très
grièvement blessé, se traîner avec lui, jusqu'aux
abris et attendre les secours. Ses deux jambes et ses pieds furent criblés d'éclats d'obus. Il fut transporté dans différents hôpitaux mais surtout dans un hôpital militaire à Caen.
À l'hôpital de Caen (il est indiqué par une croix).
Le 4
novembre 1916, après, plusieurs opérations, il est
amputé au niveau du genou droit et de quelques orteils du pied
gauche.
Groupes de soldats blessés avec François Ollivry (marqué d'une croix).
Titulaire de la
Croix de guerre et de la Médaille inter-alliés, il est
décoré de la Médaille militaire le 6 juin 1928. Il
sera nommé chevalier de la Légion d'honneur le 24 juillet
1937 et officier de la Légion d'honneur le 16 juillet 1955.
Décoration de François, Cherbourg, 1916 (indiqué par une croix).
Bien sûr, il a
été récompensé par des médailles
pour cet acte de bravoure, mais que de souffrances de 1915 à
1926… Toute cette guerre a retenti sur sa famille et ses enfants.
Nous les petits-enfants, nous avons connu probablement la meilleure
période de sa vie. Nous sommes tous nés dans les
années 1943 à 1948, et te temps avait peut-être
permis à notre grand père d'accepter et de supporter son
handicap. Il avait des douleurs fantômes, il avait l'impression
d'avoir des douleurs au pied amputé. Il lui arrivait de
nous fabriquer des jouets rustiques, avec des morceaux de bois.
Photo de famille : François avec sa fille et sa femme (à droite).
Après
1926, il ne peut plus exercer son métier de serrurier. La ville
d'Argenteuil lui propose le poste (réservé) de
préposé aux abattoirs d'Argenteuil de 1927 à 1942.
Puis, nos grands-parents vont vivre dans l'Yonne de sa pension de
guerre. Cela n'est pas la richesse, et malgré sa jambe de
« bois », (les prothèses de cette époque
n'étaient celles d'aujourd'hui) il fait du jardinage et
élève quelques volailles avec l'aide de son épouse.
François Ollivry avec sa femme (1926).