Hommes du 28e RI

D. Lavalade
Un champion cycliste

Photo de Lavalade, cycliste au 28e RI

Article Paru dans Sporting du 1er juillet 1915
(merci à Jean-Claude Poncet qui m'a transmis ce document et qui l'a mis en ligne sur son excellent blog "Le Chamois").


MAYER EST MORT, OTTO MEYER EST PRISONNIER
Dans notre dernier numéro nous donnions une lettre de l’ex-champion de France LECQUYER, relative à la mort du champion allemand Otto MEYER, en nous demandant s’il n’y avait pas confusion avec MAYER.
Notre sympathique confrère, André LINVILLE, du « Gil Blas »
nous écrit et dissipe définitivement le doute qui planait.
Voici ce que dit notre confrère :

« L’excellent ex-champion de France LECQUYER fait certainement erreur : Otto MEYER, n’a pu être tué en avril pour l’excellente raison qu’il a été fait prisonnier au mois de septembre. Voici comment le fait vint à ma connaissance :
Je suis cycliste au 28ème de ligne, en compagnie de LAVALADE, le populaire stayer, de Marcel GODARD, l’excellent routier indépendant, de CUNY, d’HÉDOUIN et de quelques autres fines pédales.
Fin septembre, notre régiment occupait un village de la Marne, au nord-est de Reims, non loin du fameux fort de Brimont que les Allemands ont formidablement organisé. Une nuit, une compagnie ennemie réussit à pénétrer sans être vue dans l’intérieur de ce village. Une sentinelle donna fort heureusement l’alarme et, après un vif combat, les Boches se réfugièrent dans l’église et se barricadèrent dans le clocher. Ils se rendirent le lendemain matin sur notre menace de les enfumer comme des renards. Nous fîmes ce jour-là 125 prisonniers.
Parmi eux, se trouvait un solide gaillard, parlant très couramment notre langue. Il pria un des hommes de garde de faire prévenir LAVALADE. C’était Otto MEYER.
Il connaissait en effet particulièrement le stayer tourangeau
et savait qu’il se trouvait au 28ème pour l’avoir vu souvent
en uniforme au vélodrome.

L’homme de garde transmit la commission à Marcel GODARD qui s’empressa d’aller quérir LAVALADE. Mais celui-ci arriva trop tard ; les prisonnier avaient été dirigés vers l’arrière et, retenu par son service, LAVALADE n’aurait pu les rejoindre au cas où il en aurait eu l’intention.
Quelques jours après, par un camarade de la division,
j’eus confirmation de la présence d’Otto MEYER
parmi les Boches pris dans le clocher.

André LINVILLE,
Rédacteur sportif du « Gil Blas ».

Le village dont parle notre sportif est Villers-Franqueux
où le 27 septembre 1914, le 28e RI est présent.

Voici un extrait de l'historique du 28e RI  :

Villers-Franqueux et le 28e RI


Citons en complément le JMO du 28e RI :

"dimanche 27 septembre 1914
(…)
18 officiers 1715 hommes
Vers 2 h du matin, une attaque allemande se produit sur les tranchées occupées par le 1er Bataillon à l’Est de Villers Franqueux.
Des groupes ennemis parviennent à pénétrer dans le village par les intervalles des tranchées. Les réserves des flancs bordent les issues opposées et prennent à revers les ennemis qui sont fait prisonniers
au nombre de 100 environ.

Au lever du jour, l’ennemi s’est retiré laissant de nombreux cadavres autour des tranchées ou profite du brouillard du matin pour réorganiser les unités qui s’étaient mêlées pendant l’action.
La canonnade de la veille reprend vers 12h30 et continue jusqu’au soir avec une grande intensité.
(…)
Pertes : Médecin A. major 1re cl. Schneider blessé, Capitaine Jalbot commandant la 4e compagnie disparu.
Environ 169 tués blessés ou disparus."

Voici un autre article,
toujours extrait des nouvelles du blog "Le Chamois" :

Lavalade se porte bien
Article paru le 12 août 1915 :
Je suis très satisfait de vous dire que je suis en bonne santé, ainsi que mes amis, CRUCHON, MIQUEL, GODARD,
Daniel COUSSEAU, LELOUP, DEGY.

J’ai été décoré de la croix de guerre avec palme ; puisque je fus cité à l’ordre de l’armée en septembre dernier. Je n’ai rien de saillant à vous raconter. Je fais comme les camarades : on se rend utiles.
Je suis passé, après onze mois de la vie de régiment, au service de la division comme motocycliste. Après onze nouveaux mois, on passera peut-être au service automobile et, après onze mois encore, dans l’aviation, mais 33 mois de guerre suffiront probablement.
Ce qui est incontestable, c’est que nous aurons le meilleur.
D. LAVALADE.


Citons en complément le JMO du 28e RI :
"lundi 5 octobre 1914 Citation à l’ordre de l’armée
(…)
Les soldats cyclistes Lavalade, Hédouin et Rivière du 28e Régiment : Ont participé à la défense du Pont de Loivre, du 12 au 18 septembre, et fait preuve d’une ténacité et d’un courage à tout épreuve au cours de cette opération où le détachement commandé par le lieutenant-colonel Capitant a repoussé toutes les attaques, subi sans défaillance un bombardement terrible et d’où il ne s’est retiré que par ordre supérieur."


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