Hommes du 28e RI
Raymond Chaumeron
Du
régiment de
Dorgelès à celui de Nobécourt
Raymond Chaumeron est
né le 1er mars 1894
à Perriers-sur-Andelle (Eure),
il a
survécu à la Première Guerre mondiale,
malgré deux blessures et plus d’un an de
captivité.
En 1915, il sera le compagnon d’armes d’Adolphe
Orange,
tous les deux à la 3e compagnie.
Au 39e RI,
au nord-ouest de
Reims
Garçon
boucher, Raymond Chaumeron est mobilisé le 1er septembre 1914
à la 24e Section de commis ouvrier mais quitte cette
unité pour rejoindre un régiment d'active en
décembre 1914 : le 39e Régiment d'infanterie de
Rouen.
En décembre 1914,
Raymond occupe les tranchées au nord-ouest de Reims
et fait
partie du 39e Régiment d’infanterie, le
régiment
normand
où le célèbre écrivain
Roland
Dorgelès est mitrailleur.
Le 22 mars 1915,
le jeune
soldat âgé de 21 ans,
change de régiment et de
division pour rejoindre le 28e RI.
En effet, faisant partie du
bataillon de marche du 39e RI,
ce bataillon est dissous et 193 hommes
rejoignent
dans la nuit du 23 au 24 mars les tranchées de
Berry-au-Bac (Aisne).
En
Artois, devant le Bois carré,
le mercredi noir du 26 mai 1915
Fin avril 1915,
il quitte les
bords de l’Aisne pour l’Artois,
le 28e RI étant mis
à la disposition de la 43e DI pour poursuivre
l’offensive
générale débutée le 9 mai
1915.
Comme des
milliers de soldats, le jeune Normand va connaître
l’enfer
des combats de Notre-Dame-de-Lorette.
Raymond fait partie de la
même compagnie de celle d’Adolphe Orange,
la 3e compagnie
commandée par Paul Deschamps puis par Auguste
Depré.
Quelques jours
après
son arrivée dans le Nord,
le 28e RI est désigné
avec le 24e RI comme régiment d’attaque
pour rompre le
front et prendre le village de Souchez.
Le mercredi 26 mai est choisi
comme jour J.
Ce mercredi, les
soldats de la
3e compagnie
sont entassés dans la tranchée Parados qui
longe la route d’Aix-Noulette à Souchez.
Elle a
été choisie pour investir avec la 2e compagnie le
Bois
carré.
À 14h30, l’offensive est lancée ; la
2e compagnie sort de sa tranchée,
franchit le noman’s land
et rentre dans le bois carré.
Proposition d'une
carte pour
localiser les compagnies du 28e RI lors de la journée du 26
mai
1915. Rayùond Chaumeron se trouve dans la compagnie
Depré
(cliquez sur la carte).
Celle de Raymond, malgré
deux tentatives, ne pourra sortir de ses tranchées, les
mitrailleuses allemandes prenant en enfilade la sortie de la
tranchée.
Selon le JMO du 28e RI, sa compagnie comptera 45
blessés, 25 tués et 8 disparus.
En quelques
minutes, avec une
préparation d’artillerie insuffisante,
les vagues des
compagnies seront fauchées
par les mitrailleuses allemandes
protégées dans des abris
bétonnés.
L’artillerie ennemie prendra ensuite le relais
et annulera une
fois de plus tout espoir de percée.
Raymond sera
blessé
puis évacué,
Adolphe décédera en fin
d’après-midi des suites de ses blessures.
Extrait du JMO du 28e RI :
liste des blessés pour le 26 mai 1915.
En quelques
heures, plus de
800 hommes
seront mis hors de combats : blessés, tués,
faits prisonniers.
Le soir, les survivants de la 2e compagnie
rejoindront la tranchée de départ.
Une
deuxième blessure
à Tahure avec le 228e RI
Remis de sa (ses)
blessure
(s), Raymond retourne au front dans les rangs du régiment de
réserve du 28e RI : le 228e RI et le 11 octobre 1915, il est
blessé une deuxième fois à Tahure dans
les combats
qui ont lieu dans le cadre de l’offensive de Champagne
débutée en septembre.
Retour
au 28e RI
Fait prisonnier
sur le Chemin
des Dames en juillet 1917
Deux ans plus
tard, on
retrouve Raymond
plongé dans la bataille des observatoires du
Chemin des Dames
à quelques kilomètres des
tranchées qu’il a connues en 1914.
Affecté
à la 9e
compagnie, il croise probablement
le jeune aspirant R.-G.
Nobécourt de la 10e compagnie
qui signera dans les années
soixante l’un des meilleurs ouvrage
sur le Chemin des dames.
Il
croise également le sous-lieutenant Jean Capitant,
de la 10e
compagnie, fils du lieutenant-colonel Ernest Capitant,
blessé ce
mercredi noir du 26 mai 1915.
Fin juillet 1917,
le 28e RI
tient les tranchées
longeant le Chemin des Dames au nord de
Pargnan.
Il s’agit d’un secteur durement discuté
depuis l’offensive Nivelle du 16 avril 1916 :
la tranchée
de Dresde, de Demling, de Franconie…
Ces noms de
tranchées resteront gravés longtemps dans
l’esprit
des poilus de 17.
Le champ de bataille du
secteur de Pargnan aujourd'hui. Cliquez sur la carte.
Déjà
fortement
éprouvé fin juin sur le même secteur,
le 28e RI
devra faire face à une brutale attaque lancée
par des
soldats allemands en bras de chemise
et déterminés
à reprendre ce secteur stratégique du Chemin des
Dames.
Le 31 juillet 1917,
à
13 heures,
après un terrible bombardement et une attaque
éclaire
de l’infanterie allemande, le 1er bataillon du 28e
RI
est fait prisonnier avec tout son état major.
Le 3e
bataillon, celui de Raymond, échappe de peu à
l’encerclement
mais certains soldats sont fait prisonniers :
c’est le cas de Raymond qui se retrouve aux mains
des Allemands
comme plusieurs centaines de poilus capturés !
Un extrait de La Gazette des Ardennes,
journal publié par les Allemands.
On y lit parmi les nombreux soldats du 28e RI, le nom de Raymond.
Cliquez sur l'image.
Raymond sera
ainsi
détenu en Allemagne
dans la région de Duelmen
jusqu’en novembre 1918
où il sera libéré et
rattaché au 39e RI.
Citation
Raymond Chaumeron
matricule 1303 sera cité à l'ordre du régiment
N°319
par le Chef de bataillon Nicolas Commandant
le 49e RI le 9 juillet 1919
À
lire
Je t’écris
de la
tranchée, Roland Dorgelès, Albain
Michel.
Les Fantassin du chemin des
dames, R.-G. Nobécourt, Éditions
Bertout, 1991.
Historique du 228e RI,
à télécharger ici.
JMO du 28e RI, SHD,
Vincennes,
cote 26N603.
Cette page a
été réalisée avec l'aide de
Didier Chaumeron,
petit-fils de
Raymond à qui j'adresse tous mes remerciements.