![]() |
28e RÉGIMENT D’INFANTERIE Secteur Postal N°81 En marge du Communiqué Comment le 28e Rgt d’Infie a abordé la « HUNDING STELLUNG » |
du 10 au 13 octobre 1918 |
Après avoir franchi l’AISNE, en plein jour,
et par des moyens de fortune, et établi sa tête de pont malgré des tirs
puissants de mitrailleuses et d’obus toxiques, le Rgt, ayant repris le
lendemain son avance victorieuse, faisait tomber une à une les
opiniatres résistances que l’ennemi lui opposait successivement dans un
pays coupé de bois, se flanquant mutuellement et se prêtant
admirablement à la défense. Un gain de plus de douze kilomètres fut ainsi réalisé, dans une suite ininterrompue de rudes combats, ou le mordant et l’habilité manœuvrière de nos soldats eurent raison de la ténacité des groupes de mitrailleuses chargés de tenir jusqu’au bout pour arrêter notre marche. |
les 14-15 octobre 1918 | Mais, cette tâche remplie glorieusement, le
Rgt, poussant toujours plus loin, avec les objectifs éventuels qui lui
avaient été assignés, vint se heurter à une position fortement
organisée, couverte par un système très complet de défenses
accessoires, et littéralement hérissé de mitrailleuses sous abris
bétonnés. Ordre est reçu de l’attaquer le lendemain dès le lever du jour, et de s’emparer des deux premières lignes de tranchées. |
le 16 octobre 1918 | C’était la fameuse « HUNDING STELLUNG »
dont l’existence était connue, mais dont la force et la puissance
n’avaient pu être évaluées d’une façon précise. Toutes dispositions sont prises, et, à l’heure fixée, le Btn de tête se porte en avant avec un admirable élan. |
Les mitrailleuses ennemies se démasquant
alors de tous côtés, prennent les vagues d’assaut sous de terribles
feux de face, d’écharpe et d’enfilade. Malgré des pertes sensibles, les deux Cies de premières ligne continuent à avancer. Une section de la 10e Cie, droite de l’attaque, commandée par un S/Officier d’une bravoure légendaire, le Sergent CHEVALLIER, se donne la mission d’attirer sur elle les feux de l’ennemi, afin de faciliter la manœuvre d’enveloppement que ne manquèrent pas d’exécuter les sections de renfort. Pendant quatre heures, voyant peu à peu tomber tous ses hommes autour de lui, le Sergent CHEVALLIER soutient une lutte d’une âpreté farouche. Contre-attaqué par un ennemi supérieur en nombre, isolé de ses hommes dans la mêlée furieuse, entouré par un groupe imposant, il refuse de se rendre, jure tout haut qu’il ne tombera pas vivant aux mains de l’ennemi, et, se servant tour à tour de son fusil automatique, d’un fusil-mitrailleur, d’un mousqueton, il tient tête avec un magnifique héroïsme, et finit, à la nuit, par se dégager et rejoindre les débris de sa section, après avoir identifié sur le terrain ses morts et ses blessés. Son attitude splendide et celle de sa troupe ont permis aux autres Unités de la Cie de s’établir solidement aux lisières d’un bois proche de la tranchée objectif, de prendre pied du partie dans cette dernière et s’y maintenir. ![]() Extrait de l'historique du 28e RI. Ce paragraphe fait référence à l'héroïsme du sergent Chevallier. Malheureusement, le JMO du 28e ne fera pas référence à ce sergent (oubli ?). |
|
Près de son Chef de Section, voyant la
progression arrêtée par le tir d’une mitrailleuse ennemie, le
fusilier-mitrailleur HENRIETTE (1), la rage au cœur de voir faucher ses
camarades, se porte seul en avant jusqu’au point où il peut apercevoir
les servants ennemis, là, debout en terrain découvert, il tue l’un
d’eux presque à bout portant et tombe alors mortellement frappé par le
tir meurtrier auquel il s’offre. |
|
1. Qui est ce soldat Henriette ? Je n'ai pas trouvé sa fiche "Mort pour la France". Pas de trace de ce soldat dans le JMO du 28e RI. |
|
Pendant que la 10e Cie accomplissant ainsi
glorieusement la mission qui lui avait été confiée, la 9e Cie, à sa
gauche, marchait ainsi superbement à la conquête de l’objectif qui lui
était assigné. Les défenses accessoires étaient intactes ; le Cdt de
Cie (1) demande des volontaires pour précéder les sections d’assaut et
aller leur ouvrir à la cisaille un chemin dans les réseaux de fil de
fer. 1. Probablement le lieutenant Albert Gevrey. ![]() Extrait du JMO du 28e RI (SHD, Vincennes).
Voici l'encadrement du 3e bataillon du 28e RI début octobre 1918. Il semble que le lieutenant Kaltenbach soirt absent lors des combats de Sissonne, remplacé par le sous-lieutenant Bertrand. Selon les souvenirs du célèbre capitaine Duché, le sous-lieutenant Delory fut blessé et capturé par les Allemands ce 16 octobre 1918. B : blessé, P : prisonnier.
|
|
Deux patrouilles sont aussitôt constituées
dans ce but, et se portent en avant, par petits bonds, sachant qu’elles
courent à une mort presque certaine avec la plus entière abnégation de
soi-même, et le plus absolu mépris du danger. |
|
Orcade Ménil Jean Bousquet Robert Hébert Léon Debarre |
Le feu des mitrailleuses ennemies redouble
et s’acharne sur ces braves. Les deux Chefs de patrouille, Caporaux
MENIL et BOUSQUET, tombent mortellement frappés, ainsi que les deux
soldats HEBERT et DEBARRE. Il ne reste plus que trois hommes, les
Soldats JANTZEN, MARTIN et HUMEAU. Sans hésitation, ils continuent leur
progression, ils arrivent aux fils de fer, ils les cisaillent, ils
passent !![]() Jean Bousquet est enterré dans la nécropole nationale de Pontavert comme Léon Debarre. Les corps de Robert Hébert et d'Orcade Ménil furent rapatriés par les familles. Photo : V. Le Calvez, juillet 2010.0 ![]() Le corps d'Alfred Ménil fut transféré à la demande de la famille en 1921. Il repose dans le cimetière de Caudebec-lès-Elbeuf (Seine-Maritime). Photo : Thierry Guilbert, novembre 2011. Électrisés par la grandeur de leur geste, deux fusiliers-mitrailleurs, le Caporal CHEMIN et le Soldat BENOIST, ont quitté spontanément la vague d’assaut dont ils faisaient partie, se sont portés en avant sous les rafales toujours plus terribles des mitrailleuses ennemies, et sont venus couvrir la marche de leurs trois camarades avec le tir de leur F.M. Ils ne tardent pas à tomber à leur tour, le soldat tué, le Caporal grièvement blessé. Pendant ce temps, les trois héros, toujours miraculeusement indemnes, se sont portés à quelques mètres des mitrailleuses allemandes, dans une dépression de terrain, et gardent la brèche qu’ils ont pratiquée et franchie dans le réseau ennemi. |
Mais, les pertes subies ont décidé le Commandement à arrêter l’attaque. La Cie reçoit l’ordre d’interrompre sa progression. Les trois soldats se trouvent alors isolés ; l’ennemi les attaque à la grenade à plusieurs reprises. Ils se défendent avec fureur jusqu’au soir, épuisant jusqu’à leurs dernières munitions, et, profitant de deux tirs de barrage, rentrent enfin dans nos lignes à travers les obus allemands et français. ![]() Extrait du JMO du 28e RI, novembre 1918 (SHD, Vincennes) : ordre général n°349bis de la 6e DI du 3 novembre 1918. Voici la citation de ces trois soldats : Émile Martin, Henri Jantzen et Casimir Humeau. Grâce à eux, dont l’acte de sacrifice avait retenu la surveillance et une grande partie des feux ennemis, la 9e Cie avait pu arriver à proximité immédiate de la ligne à enlever ; elle s’y organisa, s’y établit, malgré une situation en flèche, et s’y maintenant les jours suivants en dépit de feux de revers venant de sa gauche. La 11e Cie vint ensuite prolonger à droite la ligne de la 10e Cie, et y parvint après de rudes efforts. Ainsi, le 28e R.I., dans un élan admirable, aborda le premier, sur le front du C.A., la fameuse « HUNDING STELLUNG », y pris pied et conserva le gain acquis. Le 27 Octobre 1918. Le Chef de Btn GARDE du 28e R.I. Adjoint au Chef de Corps, Officier Informateur |