Vues de Berry-au-Bac (Aisne)
  Le village, la cote 108, la guerre des mines

Voici une sélection de photos de Berry-au-Bac, village traversé durant la Première Guerre mondiale par la ligne du front.

Plan de Berry-au-Bac, 1913

Berry-au-Bac se trouve au nord-ouest de Reims sur la route nationale 44.

Le village

Avant la guerre
Henry Bordeaux parle de ce village : "C’était un de ces jolis villages français, au bord d’une eau courante, où la vie semble couler comme cette eau, lentement, paresseusement, avec plaisir et clarté. Sur les rives, l’herbe invite à s’asseoir pour pêcher ; à droite et à gauche de la route, les auberges invitent aussi à s’asseoir pour causer et boire un petit vin pétillant ; plus loin, autour de l’église un peu trop neuve et d’un byzantisme du seconde Empire, le cimetière même, si calme, si paisible, invite au repos."

Photo de Berry-au-Bac avant 1914
Berry-au-Bac avant 1914 : le pont de l'Aisne


Pendant la guerre : un village retranché, puis rasé

Tranchées dans Berry
Berry-au-Bac en ruines
Berry-au-Bac en ruine, au fond l'église Berry-au-Bac, le ligne de CBR

Dans ces "Carnets de guerre", l'instituteur Albert Thierry (5e compagnie, 2e bataillon, 28e RI) écrit en mars 1915 :
"Berry-au-Bac de la dernière maison au premier pont n’est qu’une ruine : toits pendants, planchers écroulés, murs crevés et perdant leurs pierres ; les rues barrées par des tonneaux, par des charrues, par des herses entortillées de fil de fer, par des sacs de ciment ; et dans les chambres, cet affreux chaos de chiffons, de papiers épars et de meubles ; et dans les jardins, entre les moellons et les obus, de petites tombes… Nous enfin, que faisons-nous avec des efforts de galériens ? Des ruines encore : cet horrible rempart de terre sèche farcie de fusils, cette muraille de France friable, triste et tonnante…"


L'église


Albert Thierry et Henry Bordeaux seront frappés par les restes du Christ :

Le Christ de l'église de Berry-au-Bac
L'église de Berry-au-Bac avant 1914
Léglise de Berry-au-bac
Léglise de Berry-au-bac
L'église de Berry-au-Bac 14-15

Lire ici une description de l'église le 24 décembre 1914 où l'état-major du 28e RI célébra la messe de minuit dans la crypte.


Les ponts : l'Aisne, les canaux

Le canal de l'Aisne et la Marne et le canal latéral, Berry-au-Bac
Pont de l'Aisne, Berry-au-Bac
Le canal latéral à l'Aisne Le pont de l'Aisne, avant 1914
Pont de Berry-au-Bac Pont de Berry-au-Bac détruit
Le pont de l'Aisne protégé de sacs Le passage de l'Aisne après la guerre

L'instituteur Albert Thierry écrit : "Ensuite il faut passer le canal de l’Aisne à la Marne, le canal latéral à l’Aisne, et l’Aisne même : région que pour la garde on appelle les Canaux. Paysage lugubre à neuf heures de nuit, longues langues d’eau grise, levées de terre énormes sur la droite et barrant l’horizon, peupliers inquiets qui chuchotaient. Le premier pont encombré de sa propre ruine, barré de ses propres moellons à son entrée, crevé enfin, sur une longueur de sept à huit mètres, comme un plancher réduit à ses solives, et montrant les eaux. Au rapport des camarades, le second pont aurait reçu 80.000 obus : le tablier a parfaitement tenu, le parapet de droite effondré s’est trouvé reconstruit en sacs de ciment et le parapet de gauche est à peu près intact. On bâtit bien en France. Au commencement et à la fin du pont, deux barricades, l’une en pierre, l’autre en gabions, magnifiques, bien jointoyées, bien crénelées, bien hautes, avec  une belle retirade sur le côté, enfin de la destruction indestructible. On entre dans Berry-au-Bac. "


Moscou, la sucrerie

Photo de Moscou, Berry-au-Bac
Berry-au-Bac, Moscou
Berry-au-Bac, Moscou Berry-au-Bac, Moscou

Albert Thierry raconte : "On traverse la plaine en suivant à peu près la voie ferrée, et on arrive premièrement à Moscou. C’est la sucrerie que signale sa haute cheminée et quelques maisons dévastées : les toits sans tuiles ne sont plus qu’un treillage de lattes, les misérables fenêtres sans vitres que des enfoncements béants, et très souvent un gros oeil-de-bœuf éboulé, voilà la signature d’un obus au milieu d’un mur. "


La cimenterie

La cimenterie


Le cimenterie fut le lieu pour le 28e RI de deux attaques :
- le 20 janvier 1915, une compagnie allemande (probablement le 92e RI) attaque le 3e bataillon
et prend la première ligne de tranchées. Le 23, cette tranchée sera reprise.
- le 6 avril 1915, un véritable commando mené par le régiment détruit les fours de la cimenterie
que les Allemands fortifiaient.


Le cimetière : la future nécropole nationale

Le cimetière militaire de Berry-au-Bac
Le cimetière militaire de Berry-au-Bac
Nécropole nationale de Berry-au-Bac

Cette nécropole nationale abrite actuellement 3971 corps dont 3 933 français, 31 britanniques (dont 2 de la Seconde Guerre mondiale non identifiés), 6 russes et 1 belge. Vous trouverez ici une présentation de ce cimetière militaire sur le site du Mémorial du Chemin des Dames.


La Cote 108

Un observatoire privilégié
Lieu stratégique d'observation de l'Aisne, des canaux et de la route nationale 44, la cote 108 domine le village de Berry-au-Bac. Pour cette position privilégiée d'observatoire, de septembre 1914 et jusqu'en 1917, ce mamelon fut disputé et traversé par la ligne de front. Cette cote fut alors le lieu où Allemands et Français se livrèrent une guerre sous-terraine à coups d'explosion de mines.

carte postale de Berry-au-Bac (Aisne), 1914-1918 carte postale de Berry-au-Bac (Aisne), 1914-1918
Des pélerins sur la Cote 108 Cratères et trous d'obus
carte postale de Berry-au-Bac (Aisne), 1914-1918 carte postale de Berry-au-Bac (Aisne), 1914-1918
Un entonnoir La tranchée de la Cimenterie
carte postale de Berry-au-Bac (Aisne), 1914-1918 carte postale de Berry-au-Bac (Aisne), 1914-1918
Un entonnoir Le lieu dit de la carrière (Carte J.-C. Bataille)

Dès novembre 1914, les Français commencèrent à creuser des galeries sous les tranchées allemandes. Ces travaux étaient effectués par les compagnies du génie et avaient pour but d'écouter dans un premier temps les activités de l'ennemi.
Au printemps 1915, plusieurs mines furent disposées pour faire sauter les tranchées allemandes et créer de gigantesque entonnoir. À partir de juin, les explosions seront de plus en plus nombreuses notamment celle du 23 juin 1915. En février 1916, on y comptera ainsi plus de 25 entonnoirs.
Du côté français, les sapeurs (souvent des mineurs venus du Nord) utilisèrent plus de 200 tonnes d'explosif et creusèrent près de 8 km de galeries ! Les Allemands en firent autant.


Le 28e RI et la guerre des mines
Dans le Journal de marche et d'opération du régiment (JMO), on note le cas d'explosion de mines :
- le lundi 5 mars : "A la suite des travaux de mine poursuivis depuis longtemps à la cote 108 par nous et par l’ennemi, le génie fait exploser à 7 heures un fourneau de mine qu’il avait réussi à pousser à proximité d’une galerie ennemie. L’explosion s’est produite normalement et on a tout lieu de penser qu’elle a donné les résultats cherchés."
- le mercredi 17 mars : "Une partie de tranchées allemandes en face de la cote 108 ont sauté dans la matinée, par suite de maladresse."
- le vendredi 19 mars : "Une nouvelle explosion, analogue à celle du 17 courant, est entendue dans la partie allemande de la cote 108. Cette explosion comme la précédente, est attribuée à une maladresse. Ces tranchées devaient être minées. L’explosion se sera produite en vérifiant peut être la mine."


Merci à Jean-Claude Bataille, Jean-Claude Poncet, Frédéric Santi et Serget Hoyet pour leur participation à cette page (prêt de photos).


À lire, à voir :

- un récit d'Henry Bordeaux  : Noël 1914 à Berry-au-Bac
- découvrir de remarquables photos de la cote 108 et de Berry-au-Bac sur le site de l'association de La Croix-Maigret
- le site Internet du Mémorial du Chemin des Dames.


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