Hommes du 28e RI   Alfred Dolques (1892-1915)
Le caporal Alfred Dolques, porté "disparu" lors de l'attaque du Bois carré à Aix-Noulette (Artois)
Alfred Dolques
Alfred Dolques en tenue d'exercices. Probablement avant la guerre lors de son service militaire.
Photo : collection Bruno Sablou


Août 1914 : une première blessure reçue à Guise                                                                  

Alfred DolquesLa carte postale envoyée à son père après sa blessure à la main.
Collection : Bruno Sablou.
Un gars du Sud chez les gas normands
Sa famille est originaire de l'Hérault (Lodève) mais son père, professeur, enseigne au célèbre collège de Juilly en Seine-et-Marne. C'est donc dans ce village que naît Alfred en 1892. Vingt ans plus tard, il effectue son service militaire sur Paris au recrutement de la Seine. En 1914, il a 22 ans, lorsque le conflit éclate et fait partie du 28e RI.

Blessé à Guise le 28 août 1914
Le 17 août 1914, le 28e RI franchit la frontière franco-belge, et va connaître, le 22, son premier combat à Leernes près de Charleroi. Le lendemain, la retraite des armées françaises est annoncée. Cinq jours plus tard, à Guise, le régiment mène une contre-attaque. L'avance allemande est freinée mais les pertes du 28e RI sont terribles, les officiers sont tués ou blessés, la confusion règne. Le jeune Dolques fait partie des 690 soldats du 28e RI mis hors de combat. Pour rassurer ses parents, il envoie à son père une carte pour les rassurer :
"Je suis blessé une balle dans la main à la bataille de Guise. Peu grave. Allemands repoussés. Vive la France. Alfred"


Mai 1915 : porté disparu dans le Bois carré                                                                          

Soigné et de retour au front, Alfred, caporal à la 2e compagnie va connaître l'enfer des tranchées de l'Artois dans des offensives meutrières et sans résultat.

Carte Notre-Dame-de-Lorette
Carte tirée de l'ouvrage Lorette une bataille de douze mois écrit par Henri René,
pseudonyme du Commandant Laure du 3e bataillon du 149e RI (merci à Michel Acket).
Ce secteur se trouve au nord d'Arras.

La 2e compagnie du capitaine Jérôme
Le 26 mai, le caporal Dolques sera tué lors de l'attaque du Bois carré, près de la colline de Notre-Dame-de-Lorette.
En 1918, dans une lettre envoyée à un officier, le capitaine Albert Jérôme, commandant la 2e compagnie, relate avec une certaine émotion l'attaque du 26 mai 1915 et se souvient d'Alfred Dolques. Cette lettre est l'un des documents les plus émouvants consacrés au 26 mai 1915.

Rambouillet le 18 Mai 1918

Le Capitaine Jérome
Major de l'École militaire préparatoire à l'Infanterie

à M. le Lieutenant Breton

Mon cher Camarade,
Le Caporal Dolques, me donnant toute satisfaction, je l'avais désigné pour un commandement où bientôt il aurait pu être nommé Sergent.
Malheureusement quelques jours après, le 26 Mai, la 2e Compagnie seule a accompli glorieusement sa mission pendant l'attaque du bois Carré, encerclé dans ce bois, seul comme officier, avec 39 de mes hommes je pus rentrer dans nos lignes, je pleurais tous mes braves poilus qui, tous sans exception avaient hautement fait leur devoir. Dolques était parmi les absents et vous pouvez assurer à sa mère que son fils a fait dignement son devoir.
Agréez Mon cher Camarade, l'expression de mes meilleurs sentiments
A. Jérome

Comme il l'indique dans sa lettre, le capitaine Jérome fut le seul officier rescapé de cette attaque. Selon le JMO du 28e RI, la 2e compagnie compta :

- 1 officier tué, le sous-lieutenant Charles Bona,
- 2 officiers disparus faits prisonniers,
  les sous-lieutenants Albert Bony et Ferdinand Ponderbach,
- 60 soldats disparus (tués ou prisonniers)
- et 51 soldats blessés.

Montage photographique : le jeune Alfred en 1912-1914.
On peut y lire un extrait du JMO du régiment
qui explique le triste sort de cette compagnie. Photo : Bruno Sablou.

JMO Le Journal de marches et d'opérations de la 11e Brigade (24e et 28e RI) complète la version du capitaine Jérôme :
L'heure fixée pour l'attaque est 14h30. A 14h28, pendant le tir de l'artillerie, la compagnie de 1ere ligne du bataillon de droite (2e Compagnie. Capitaine Jérome) s'élance hors de la tranchée et d'un seul bond atteint le Bois Carré, presque sans pertes. Elle s'y maintiendra toute la journée, essayant vainement de s'organiser et de se mettre en liaison avec le bataillon : tous les hommes qui cherchaient à revenir sont tués mais en butte aux feux ennemis de toute part, elle perdra peu à peu, presque tout son effectif et à la nuit, les quelques survivants, dont le capitaine arriveront péniblement à rentrer dans nos lignes.

Bois carré
Voici une vue actuelle du champ de bataille du 26 mai 1915 pour les 2e et 3e compagnies du 28e RI.
Les soldats de la 2e compagnie sont sortis des tranchées du Bois 10 pour investir le Bois carré.
Derrière le fond de Buval : la nécropole nationale de Lorette.

Ainsi, Alfred Dolques fut considéré comme "disparu" par le JMO du 28e RI comme 61 autres de ses compagnons de la 2e compagnie. Certains furent prisonniers, d'autres tués et laissés  dans le bois. Le décès de notre soldat fut déclaré le 17 décembre 1919 par le tribunal de Lodève (Hérault). Son nom figure sur le monument aux morts de Lodève :

le monument aux morts de Lodève (34)

Après la guerre, on retrouvera plusieurs corps dans le Bois carré : ceux de Julien Richard et Georges Veure, qui reposent désormais dans la nécropole de La Targette et ceux de Léon Brière et Arsène Lesimple, réinhumés dans la nécropole de Notre-Dame-de-Lorette.

Citons enfin le cas du jeune Jules Guillemette, compagnon de compagnie d'Alfred Dolques,
tué également ce 26 mai dans le Bois carré. Grâce à sa petite nièce, découvrez ici les photos de ce jeune Normand.
Jules Guillemette
Jules Guillemette
21 ans, 2e Cie


En savoir plus                                                                     


Le JMO du
28 août 1914

Le JMO du 28e RI
mai 1915

Une vue aérienne
du Bois carré

26 mai 1915
Le dernier jour

Qui commande le 28e RI en mai 15 ?


Cette page a été réalisée grâce aux précieux documents de Bruno Sablou, petit-neveu d'Alfred Dolques.

  accueil Remerciements à :
- Bruno Sablou pour les photos de son grand-oncle.
- Michel Acket pour la carte du secteur de l'Artois.
- et bien sûr les amis de l'Artois : Alain, Frédéric, Thierry et François...