1. Honoré Roc trouvera la mort ce 28 août 1914. Il est enterré dans la nécropole nationale de La Désolation au sud de Guise. Voir sa tombe ici. |
"...
Si le matin, à 7h30, je sortais de la maison où j'avais passé la nuit
(Sains-Richaumont), c'est que debout depuis l'aurore, j'attendais des
ordres [souligne par Allier]; je ne les reçus qu'à 6h30 ; j'en reçus de
nouveaux à 7h15, modifiant les premiers. La rue étant obstruée, mon
capitaine adjoint et moi dûmes rentrer dans la maison pour faire de
nouvelles expéditions destinées à chacun de mes 3 Bataillons dont deux
étaient détachés. Trois ordres et contre-ordres se succédèrent de 7h30
à 8h30 ; ils émanaient directement de M. le Général commandant le 18e
Corps d'armée, - de M. le Général commandant la 35e Division, - de M.
le Général commandant la 11e Brigade. - Je ne les ai plus
malheureusement ; ils sont restés dans les mains de mon capitaine
adjoint, M. le capitaine Roc (1), que je n'ai plus revu après le combat du
28. Mes ordres donnés, je double la colonne, arrive à Le Héry-la-Vieville, et à la sortie N, M. le Général Hollender m'arrête et me dit : "Tout est changé : on ne marche plus sur Mt d'Origny, mais sur Guise ; votre Bataillon avant gauche a été prévenu - reliez-vous avec le 24e." Je croisais 100 mètres plus loin M. le Général Excelmans auquel je rendis compte de ma nouvelle mission et me répondit : C'est bien. Mon unique préoccupation était de rallier mes 2 bataillons lancés en avant vers Origny, afin d'être sûr qu'ils étaient bien orientés sur Guise, et je battais la zone du terrain parallèle à la route La Hérie-Landifay-Courjumelles ferme sans les trouver ; je me rabattais sur la ferme Courjumelles où je vis M. le Général Perruchon et son chef d'état major qui me dirent avoir vu un de mes bataillons se rabattre sur Guise. Je m'orientais dans cette direction, rencontrais la compagnie Laurens qui, en tête d'Av. G sur Origny, se rabattait sur Guise. Je piquais dans cette direction et ralliais mes 2 Bataillons (Bataillon Berhomieux et Bataillon Florentin) à 4 Kil S.O. de Guise en formation de marche d'approche. Je les conduisis alors à l'attaque de Guise, et je n'entre pas dans les détails (Capitaines tués, supercheries allemandes, le 228e tirant sur le 28e, etc.) ; j'arrête la retraite, rallie des fractions éparses, etc... J'ai tout vu, le Bataillon Berthomieux en flèche, découvert sur son flanc gauche, cédant sous le feu des mitrailleuses, etc. ; Je suis resté indemne ! Je ne sais pourquoi, et je le regrette ! mais j'étais en plus avec mes 2 Bataillons engagés (le 3e Bataillon avait été gardé à l'aile droite comme soutien d'artillerie), je n'étais pas auprès de mes chefs divers qui ne m'ont pas vu, c'est vrai ; mais d'autres vivants ou morts aujourd'hui, m'ont vu près d'eux." Lettre écrite en septembre 1914 au général de la Ve armée. Extrait du dossier individuel d'André Allier (SHD, Vincennes). |
1. Est-ce une erreur ? Ne serait-ce pas 19 heures ? |
"Le régiment quitta ses
cantonnements au petit jour. Il devait aller prendre position au S. de
Landifay en cas d’attaque de l’ennemi dans cette direction ; en raison
de son état de fatigue, un cantonnement lui était, dès ce moment,
assigné pour la nuit à Parpeville. Par La Hérie-la-Viéville et Landifay, il gagnait son emplacement, quand un contre-ordre arriva lui prescrivant de se porter vers l’Ouest, au-delà de l’Oise pour une mission spéciale. A ce moment, (sortie O. de Landifay), une vive canonnade commença à se faire entendre dans la direction du N. Au carrefour de Courjumelles, l’ordre parvient de faire les préparatifs de combat. La nouvelle était arrivée que le 228e était violemment attaqué aux ponts de Guise et la brigade devait se porter au plus tôt dans cette direction pour le dégager et dégager de même, les éléments qui tenaient les passages de l’Oise à l’E. de la ville. Le régiment se porte en avant à travers terrains, formations : 1er Bataillon en tête ; 2e Bataillon en arrière et à gauche ; 3e Bataillon en arrière et à droite. Le 2e Bataillon était lui-même en colonne double ; la 6e Compagnie, compagnie de tête de la colonne de gauche ; elle devait donc se trouver constamment à l’extrême gauche du régiment. Après la crête de Bertaignemont, le régiment continua de se porter en avant dans l’angle des deux routes nationales Saint-Quentin-Guise et Marle-Guise ayant pour axe le chemin de Landifay à Guise. L’artillerie allemande battait violemment tout cet espace et, faisant la marche d’approche dans sous les rafales, l’on commençait à percevoir une fusillade très intense qui partait des abords de Guise. L’artillerie française ne donnait pas. La 6e compagnie qui avait reçu comme objectif un clocher de la ville, avança, tout à la gauche de la ligne française, jusqu’à la route nationale de Guise à Mont-d'Origny ; elle avait à sa droite la 5e compagnie qui avait déjà dépassé la route et elle prit comme objectif un petit boqueteau situé à 200 mètres au N. de la route, tout près du faubourg de Chantraine. Une fusillade d’une extrême violence partait de la lisière S. de ce boqueteau. ![]() Carte datant de 1908. Le champ de bataille du 28e RI le 28 août 1914. On remarquera les petits bosquets près de la ferme de la Motte : il s'agit peut-être des bois dont parle G. Lascroux. Merci à Bernard Labarbe pour cette belle illustration disponible ici. Je communiquais le renseignement au commandant du Bataillon et l’ordre me parvint de prendre une position en arrière de la Route pour couvrir la gauche. La Compagnie s’établit alors sur une crête située à 200 mètres au S. de la route, face au S.-O. de là, elle ouvrit le feu sur les éléments ennemis qui gagnaient la Route Nationale s’efforçant de prendre de flanc les compagnies qui tenaient encore vers le carrefour. Vers 16h (1), le mouvement de repli général commençait. La direction indiquée était le bois de Bertaignemont sous un feu intense de l’artillerie ennemie, le mouvement s’exécute par échelons ; l’infanterie adverse d’ailleurs ne poursuivant pas. A la nuit tombée, le Colonel rassemblait à la ferme de Bertaignemont les éléments du régiment qui demeuraient groupés. La confusion était extrême ; le régiment, qui avait beaucoup souffert, se replie sur Landifay. Après 3 heures de repos ; l’ordre arriva de se reformer à Paperville où nous restâmes de 3 heures à 5 heures." |
"Le Régiment se remet en marche
en descendant la vallée de l’Oise. Dans l’après-midi, il attaque Guise.
Le 2e Bataillon fait sa marche d’approche en losange, la 7e Compagnie à
gauche, à 200 pas d’intervalle et de distance de la 5e Compagnie de
base. Le 1er Bataillon est à droite du 2e. La direction change souvent pendant la marche. Retardée par un terrain défavorable, la 7e Compagnie, d’abord extrême gauche du Régiment, se trouve au sortir d’un bois mélangée aux compagnies du 1er Bataillon. Puis en regagnant sa place sur le champ de bataille, elle rencontre des éléments du 228e en retraite, et une batterie d’artillerie démontée. La 7e se déploie, franchit les crêtes sous le feu de l’infanterie et de l’artillerie ennemie. Le capitaine Videau du 28e et le capitaine Baudoin du 228e sans troupes, se joignent à la 7e dans sa marche en avant. La nuit tombe et la Compagnie se replie à son tour. Elle se retire en ordre parfait, en petites colonnes d’escouades par un, les officiers en arrière. Elle repasse les crêtes balayées par le feu ennemi, au cri de « Vive la France » répondant au cri de « Vive la 7e ». La Compagnie se rassemble en formation plus serrée hors de la portée de l’artillerie. Le lieutenant Cotinaud retourne sur le champ de bataille à la rencontre d’un groupe emmenant des blessés de sa compagnie. Il est suivi à son insu par des gradés et des soldats qui croyaient que leur officier retournait au combat. Quand la petite troupe et le lieutenant reviennent, ils ne trouvent plus la Compagnie qui est partie avec le lieutenant de réserve et le capitaine Baudoin. Il ne reste donc plus qu’une cinquantaine d’hommes ayant une forte proportion de gradés qui escortent le colonel et le drapeau en se joignant à la 6e compagnie. Cette dernière, très éprouvée, ayant perdu son chef, le capitaine Roc, est commandée alors par le lieutenant Lascroux. La petite colonne rejoint dans un village d’autres éléments du Régiment et y passe une partie de la nuit." |
1. La 35e Division d’infanterie
est commandée par le général Excelmans. Elle est composée de régiments
du Sud-Ouest de la France avec entre autres les 6e, 123e, 57e et 144e
Régiments d’infanterie. 2. Le capitaine Eugène Chemin a été blessé et fut capturé par les Allemands. |
"Le bataillon quitte son
cantonnement de Chevennes vers 7 h, il est en tête du gros de la 35e DI
(1) qui marche sur La Hérie-La Viéville, Landifay, Pleine Selves à la
rencontre de l’ennemi. A 10h30, les 2 bataillons du régiment qui sont à l’A.G. reçoivent l’ordre de changer d’itinéraire pour se porter au secours d’un bataillon du 228eme qui est attaqué à Guise par des forces supérieures. Le 3eme Bataillon débouchant à ce moment de La Hérie-La Viéville reçoit la mission de soutenir notre artillerie AD 35 qui doit se mettre en batterie aux abords de la route de Marles à Guise. Le bataillon se porte en avant dans une formation largement ouverte : 2 Compagnies à l’Est de la route, 2 Compagnies à l’Ouest. Pendant son mouvement, il se trouve sous le feu de l’artillerie lourde allemande, mais gagne néanmoins du terrain assez rapidement. Le commandant du bataillon, apprenant à 13 heures que le 228eme I est fortement pressé, laisse les deux compagnies de queue en soutien de l’artillerie et se porte sur Guise [après] les deux autres. Ces deux compagnies (9e et 11e) gagnent les premiers […] du faubourg Chantraine où elles rejoignent quelques éléments du 228e., mais prises de front et de flanc par le feu de l’infanterie et des mitrailleuses, elles ne peuvent progresser ; elles restent alors accrochées aux lisières, pendant que les deux autres bataillons du 28e et le 24e I marchent sur Guise. L’attaque de la brigade échoue par suite de la supériorité de l’artillerie allemande, et vers 19 heures, le régiment se replie, les unités complètement mélangées sur Landifay, Parpeville et ferme de Torcy. Pertes : 3 officiers dont le capitaine Chemin, commandant le bataillon (2) et environ 200 hommes. Le capitaine Hislaire prend le commandement du 3e bataillon." ![]() Eugène Chemin fut détenu dans la région de Guetersloh 1/Westf (La Gazette des Ardennes, liste 14). |
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