Bandeau consacré au combat de Guise, 28e RI, 28 août 1914
28 août 1914. En pleine retraite, se dirigeant vers le nord de Saint-Quentin, le 28e RI bifurqua afin d'aider un bataillon du 228e RI qui tenait un pont de l'Oise à Guise. Les fantassins tentèrent de rentrer dans la ville mais les compagnies furent anéanties par l'artillerie allemande et par des effectifs ennemis très supérieurs. Les pertes furent très importantes. Le lendemain, le général Lanrezac avec sa Ve Armée repoussa  pour un temps la déferlante allemande.
Le 28 août 1914 constitue pour l'histoire du régiment l'une des journées les plus meurtrières de la Première Guerre mondiale. Le Journal des marches et des opérations du 28e Régiment d'infanterie expédie le combat de Guise : quelques lignes pour décrire l'un des plus sanglants combats du régiment. Afin de compléter ce manque, voici plusieurs témoignages et comptes rendus sur cette journée du 28e RI.
Pour débuter cette compilation de documents, lisons l'historique régimentaire du 28e RI :
Extrait de l'historique du 28e RI concernant le combat de Guise.

Extrait de l'historique du 28e RI pour l'affrontement de Guise.
Seulement quatre paragraphes...


Notre ronflant historique vante l'attitude héroïque du régiment. On imagine alors les glorieux pantalons rouges traversant le barrage des obus allemands sans une seule égratignure et les balles ennemies devenir molles au contact des capotes ! Malheureusement pour la propagande, les environs de Guise furent un véritable charnier pour les Normands et les Parisiens du 28e I et beaucoup de familles ne retrouveront jamais le corps de leur fils ou de leur mari.

Commençons par un extrait d'une lettre édifiante, écrite par André Allier, le colonel du régiment qui fut accusé d'incompétences lors de cette journée du 28 août :

Le combat de Guise par André Allier, colonel du 28e RI.









1. Honoré Roc trouvera
la mort ce 28 août 1914. Il est enterré dans la nécropole nationale de La Désolation au sud de Guise. Voir sa tombe ici.
"... Si le matin, à 7h30, je sortais de la maison où j'avais passé la nuit (Sains-Richaumont), c'est que debout depuis l'aurore, j'attendais des ordres [souligne par Allier]; je ne les reçus qu'à 6h30 ; j'en reçus de nouveaux à 7h15, modifiant les premiers. La rue étant obstruée, mon capitaine adjoint et moi dûmes rentrer dans la maison pour faire de nouvelles expéditions destinées à chacun de mes 3 Bataillons dont deux étaient détachés. Trois ordres et contre-ordres se succédèrent de 7h30 à 8h30 ; ils émanaient directement de M. le Général commandant le 18e Corps d'armée, - de M. le Général commandant la 35e Division, - de M. le Général commandant la 11e Brigade. - Je ne les ai plus malheureusement ; ils sont restés dans les mains de mon capitaine adjoint, M. le capitaine Roc (1), que je n'ai plus revu après le combat du 28.
Mes ordres donnés, je double la colonne, arrive à Le Héry-la-Vieville, et à la sortie N, M. le Général Hollender m'arrête et me dit : "Tout est changé : on ne marche plus sur Mt d'Origny, mais sur Guise ; votre Bataillon avant gauche a été prévenu - reliez-vous avec le 24e."
Je croisais 100 mètres plus loin M. le Général Excelmans auquel je rendis compte de ma nouvelle mission et me répondit : C'est bien.
Mon unique préoccupation était de rallier mes 2 bataillons lancés en avant vers Origny, afin d'être sûr qu'ils étaient bien orientés sur Guise, et je battais la zone du terrain parallèle à la route La Hérie-Landifay-Courjumelles ferme sans les trouver ; je me rabattais sur la ferme Courjumelles où je vis M. le Général Perruchon et son chef d'état major qui me dirent avoir vu un de mes bataillons se rabattre sur Guise. Je m'orientais dans cette direction, rencontrais la compagnie Laurens qui, en tête d'Av. G sur Origny, se rabattait sur Guise. Je piquais dans cette direction et ralliais mes 2 Bataillons (Bataillon Berhomieux et Bataillon Florentin) à 4 Kil S.O. de Guise en formation de marche d'approche. Je les conduisis alors à l'attaque de Guise, et je n'entre pas dans les détails (Capitaines tués, supercheries allemandes, le 228e tirant sur le 28e, etc.) ; j'arrête la retraite, rallie des fractions éparses, etc... J'ai tout vu, le Bataillon Berthomieux en flèche, découvert sur son flanc gauche, cédant sous le feu des mitrailleuses, etc. ; Je suis resté indemne ! Je ne sais pourquoi, et je le regrette ! mais j'étais en plus avec mes 2 Bataillons engagés (le 3e Bataillon avait été gardé à l'aile droite comme soutien d'artillerie), je n'étais pas auprès de mes chefs divers qui ne m'ont pas vu, c'est vrai ; mais d'autres vivants ou morts aujourd'hui, m'ont vu près d'eux."
 
Lettre
écrite en septembre 1914 au général de la Ve armée. Extrait du dossier individuel d'André Allier (SHD, Vincennes). 

André Allier fut limogé et mis à la retraite. Une enquête fut menée pour connaîre l'attitude du colonel lors de la retraite.
Hasard, on retrouve dans les archives du 28e RI, plusieurs rapports d'officiers du régiment ayant combattu en août 1914. Ces rapports sont datés d'avril 1915 et ont été transmis par le successeur d'André Allier, le lieutenant-colonel Ernest Capitant.
Voici trois rapports d'officiers des 2e et 3e Bataillons. Le 1er Bataillon y est absent. En effet, en avril 1915, il n'y avait plus d'officiers ayant connu cette époque. La plupart ont été tués, blessés ou faits prisonniers lors de cette funeste journée d'août 1914. Commençons par le 2e bataillon avec les rapports des capitaines Lascroux (rapport n°5) et Cotinaud (rapport °6).
 
Le combat de Guise par Georges Lascroux, lieutenant de la 6e compagnie

Georges Lascroux encadrait une section à la 6e compagnie.
Fin septembre 1914, Il sera nommé capitaine au 3e Bataillon. Il quittera le régiment en octobre 1915.

 









































































1.  Est-ce une erreur ?
Ne serait-ce pas 19 heures ?
"Le régiment quitta ses cantonnements au petit jour. Il devait aller prendre position au S. de Landifay en cas d’attaque de l’ennemi dans cette direction ; en raison de son état de fatigue, un cantonnement lui était, dès ce moment, assigné pour la nuit à Parpeville.
Par La Hérie-la-Viéville et Landifay, il gagnait son emplacement, quand un contre-ordre arriva lui prescrivant de se porter vers l’Ouest, au-delà de l’Oise pour une mission spéciale.
A ce moment, (sortie O. de Landifay), une vive canonnade commença à se faire entendre dans la direction du N.

Au carrefour de Courjumelles, l’ordre parvient de faire les préparatifs de combat. La nouvelle était arrivée que le 228e était violemment attaqué aux ponts de Guise et la brigade devait se porter au plus tôt dans cette direction pour le dégager et dégager de même, les éléments qui tenaient les passages de l’Oise à l’E. de la ville.

Le régiment se porte en avant à travers terrains, formations :
1er Bataillon en tête ;
2e Bataillon en arrière et à gauche ;
3e Bataillon  en arrière et à droite.

Le 2e Bataillon était lui-même en colonne double ; la 6e Compagnie, compagnie de tête de la colonne de gauche ; elle devait donc se trouver constamment à l’extrême gauche du régiment.


Après la crête de Bertaignemont, le régiment continua de se porter en avant dans l’angle des deux routes nationales Saint-Quentin-Guise et Marle-Guise ayant pour axe le chemin de Landifay à Guise.


L’artillerie allemande battait violemment tout cet espace et, faisant la marche d’approche dans sous les rafales, l’on commençait à percevoir une fusillade très intense qui partait des abords de Guise.

L’artillerie française ne donnait pas.

La 6e compagnie qui avait reçu comme objectif un clocher de la ville, avança, tout à la gauche de la ligne française, jusqu’à la route nationale de Guise à Mont-d'Origny ; elle avait à sa droite la 5e compagnie qui avait déjà dépassé la route et elle prit comme objectif un petit boqueteau situé à 200 mètres au N. de la route, tout près du faubourg de Chantraine. Une fusillade d’une extrême violence partait de la lisière S. de ce boqueteau.

Carte 1909 des environs de Guise (02). Un grand merci à Bernard Labarbe.
Carte datant de 1908. Le champ de bataille du 28e RI  le 28 août 1914.
On remarquera les petits bosquets près de la ferme de la Motte : il s'agit peut-être des bois dont parle G. Lascroux.
Merci à Bernard Labarbe pour cette belle illustration disponible ici.

Recueillant une section désemparée de la 5e Compagnie, la 6e Compagnie ouvrit le feu sur la lisière occupée, abritée par le talus de la route. La progression par petits groupes commençait quand la patrouille qui couvrait la Compagnie sur sa gauche vient annoncer qu’un détachement ennemi et des mitrailleuses venaient d’atteindre la grande route en utilisant un valonnement qui contournait le bois à l’ouest et commençait un feu d’enfilade sur la Compagnie.

Je communiquais le renseignement au commandant du Bataillon et l’ordre me parvint de prendre une position en arrière de la Route pour couvrir la gauche.
La Compagnie s’établit alors sur une crête située à 200 mètres au S. de la route, face au S.-O. de là, elle ouvrit le feu sur les éléments ennemis qui gagnaient la Route Nationale s’efforçant de prendre de flanc les compagnies qui tenaient encore vers le carrefour.

Vers 16h (1), le mouvement de repli général commençait. La direction indiquée était le bois de Bertaignemont sous un feu intense de l’artillerie ennemie, le mouvement s’exécute par échelons ; l’infanterie adverse d’ailleurs ne poursuivant pas.

A la nuit tombée, le Colonel rassemblait à la ferme de Bertaignemont les éléments du régiment qui demeuraient groupés. La confusion était extrême ; le régiment, qui avait beaucoup souffert, se replie sur Landifay. Après 3 heures de repos ; l’ordre arriva de se reformer à Paperville où nous restâmes de 3 heures à 5 heures."

Le combat de Guise le 28 août 1914 : les principaux régiments
Voici une carte simplifiée du secteur de Guise. Les traits rouges correspondent au trajet de notre régiment.
Lors de la Première Guerre mondiale, le 28e RI va affronter plusieurs fois les régiments allemands  que sont les 73e IR, 91e IR et 78e IR :
lors de l'automne 1914 et en octobre 1918.


Le rapport d'Henri Cotinaud du 28e RI, Guise, 28 août 1914

En 1915, Henri Cotinaud est l'un des rares officiers survivants du début de la Guerre. A l'instar du capitaine Lascroux, il relate les combats du 2e bataillon. Officiers tués ou sans troupe, méprises, unités mélangées, replis.  Vive la 7e...

  "Le Régiment se remet en marche en descendant la vallée de l’Oise. Dans l’après-midi, il attaque Guise. Le 2e Bataillon fait sa marche d’approche en losange, la 7e Compagnie à gauche, à 200 pas d’intervalle et de distance de la 5e Compagnie de base.

 Le 1er Bataillon est à droite du 2e. La direction change souvent pendant la marche. Retardée par un terrain défavorable, la 7e Compagnie, d’abord extrême gauche du Régiment, se trouve au sortir d’un bois mélangée aux compagnies du 1er Bataillon. Puis en regagnant sa place sur le champ de bataille, elle rencontre des éléments du 228e en retraite, et une batterie d’artillerie démontée.

La 7e se déploie, franchit les crêtes sous le feu de l’infanterie et de l’artillerie ennemie. Le capitaine Videau du 28e et le capitaine Baudoin du 228e sans troupes, se joignent à la 7e dans sa marche en avant. La nuit tombe et la Compagnie se replie à son tour. Elle se retire en ordre parfait, en petites colonnes d’escouades par un, les officiers en arrière. Elle repasse les crêtes balayées par le feu ennemi, au cri de « Vive la France » répondant au cri de « Vive la 7e ».

La Compagnie se rassemble en formation plus serrée hors de la portée de l’artillerie. Le lieutenant Cotinaud retourne sur le champ de bataille à la rencontre d’un groupe emmenant des blessés de sa compagnie. Il est suivi à son insu par des gradés et des soldats qui croyaient que leur officier retournait au combat. Quand la petite troupe et le lieutenant reviennent, ils ne trouvent plus la Compagnie qui est partie avec le lieutenant de réserve et le capitaine Baudoin. Il ne reste donc plus qu’une cinquantaine d’hommes ayant une forte proportion de gradés qui escortent le colonel et le drapeau en se joignant à la 6e compagnie. Cette dernière, très éprouvée, ayant perdu son chef, le capitaine Roc, est commandée alors par le lieutenant Lascroux. La petite colonne rejoint dans un village d’autres éléments du Régiment et y passe une partie de la nuit."

Bandeau sur le témoignage d'Achille Hislaire du 28e RI : le combat de Guise

En août 1914, Achille Hislaire commande la 9e compagnie du 3e Bataillon. Figure incontournable du régiment, il sera tué le 25 septembre 1915 lors de l’offensive meurtrière du Bois de la Folie. Il est enterré dans le cimetière d’Écoivre en compagnie de sa femme Jeanne.

1. La 35e Division d’infanterie est commandée par le général Excelmans. Elle est composée de régiments du Sud-Ouest de la France avec entre autres les 6e, 123e, 57e et 144e Régiments d’infanterie.




















2. Le capitaine Eugène Chemin a été blessé et fut capturé par les Allemands.

"Le bataillon quitte son cantonnement de Chevennes vers 7 h, il est en tête du gros de la 35e DI (1) qui marche sur La Hérie-La Viéville, Landifay, Pleine Selves à la rencontre de l’ennemi.
A 10h30, les 2 bataillons du régiment qui sont à l’A.G. reçoivent l’ordre de changer d’itinéraire pour se porter au secours d’un bataillon du 228eme qui est attaqué à Guise par des forces supérieures.
Le 3eme Bataillon débouchant à ce moment de La Hérie-La Viéville reçoit la mission de soutenir notre artillerie AD 35 qui doit se mettre en batterie aux abords de la route de Marles à Guise.
Le bataillon se porte en avant dans une formation largement ouverte : 2 Compagnies à l’Est de la route, 2 Compagnies à l’Ouest.
Pendant son mouvement, il se trouve sous le feu de l’artillerie lourde allemande, mais gagne néanmoins du terrain assez rapidement.
Le commandant du bataillon, apprenant à 13 heures que le 228eme I est fortement pressé, laisse les deux compagnies de queue en soutien de l’artillerie et se porte sur Guise [après] les deux autres.
Ces deux compagnies (9e et 11e) gagnent les premiers […] du faubourg Chantraine où elles rejoignent quelques éléments du 228e., mais prises de front et de flanc par le feu de l’infanterie et des mitrailleuses, elles ne peuvent progresser ; elles restent alors accrochées aux lisières, pendant que les deux autres bataillons du 28e et le 24e I marchent sur Guise.
L’attaque de la brigade échoue par suite de la supériorité de l’artillerie allemande, et vers 19 heures, le régiment se replie, les unités complètement mélangées sur Landifay, Parpeville et ferme de Torcy.
Pertes : 3 officiers dont le capitaine Chemin, commandant le bataillon (2) et environ 200 hommes. Le capitaine Hislaire prend le commandement du 3e bataillon."

Eugène Chemin, fait prisonnier après le combat de Guise.
Eugène Chemin fut détenu dans la région de Guetersloh 1/Westf
(La Gazette des Ardennes, liste 14).




Couverture de "Le vagabond de la grande guerre", Charles de Berterèche de MonditteAprès le chaos de Guise, le 28e retraite vers le sud.
Un officier du 144e RI, Charles de Berterèche de Monditte, arrive à Pleine-Selve.
Voici un extrait de son témoignage publié chez Geste éditions.


«
Le 29 août 1914 : Pleine Selve
Je reçois l’ordre d’aller préparer le cantonnement à Pleine Selve. Le village est plein d’isolés du 3ème Corps. Les maisons sont mises au pillage.
Je trouve dans une salle à manger une dizaine de soldats des 24ème, 28ème et 119ème RI, attablés autour de provisions volées. Je les somme de filer.
Un grand diable, plus audacieux que ses voisins, me répond avec insolence ‘toujours pas avant d’avoir fini de croûter’
Je marche vers lui, tire mon revolver et lui mettant sous le nez, je lui dis ‘je compte jusqu’à dix, si à dix vous n’êtes pas partis, je vous tue comme un chien enragé’ et froidement je me mets à compter, à mesure que les nombres sortaient lentement de ma bouche, je voyais les autres soldats gagner la porte. A huit mon insolent, pâle comme la mort, recula et disparut dans la nuit. Jamais homme n’a été plus près de sa dernière heure que ce misérable, il avait certainement lu mon irrévocable décision dans mes yeux ».

 
Un ouvrage à découvrir ici à Geste éditions.

  

D'autres témoignages sur Guise et le 28 août 1914
Beaucoup de jeunes hommes trouvèrent la mort devant Guise. Certains corps seront enterrés par les habitants et bénéficieront d'une sépulture individuelle. D'autres corps ne seront jamais retrouvés. Voici plusieurs exemples.

François Roques était l'un des rares méditerranéens du 28e RI. Originaire de Marseillan (près de Béziers), il fut tué ce 28 août 1914. On peut découvrir son visage sur une plaque émaillée dans le cimetière de sa ville natale. François n'avait que 20 ans.
François Roques du 28e RI, de Marseillan (34)

Fernand Desnot
fait aussi des disparus du 28 août 1914.
Sa famille espérant des nouvelles du fils fit
paraître une annonce dans la revue Sur le Vif.

Fernand Desnot du 28e RI


Fernand fera partie des nombreux hommes blessés et décédés devant Guise.
Son visage orne désormais la tombe familiale des Desnot à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) :

                 La plaque à la mémoire de Fernand Desnot, Boulogne-Billancourt la fiche "Mort pour la France" de Fernand Desnot

Son corps repose dans l'un des ossuaires de la nécropole nationale de la Désolation, près du champ de bataille du 28 août 1914.


Alfred Dolques, un seine-et-marnais dont la famille vient du Gard, aura plus de chance à Guise. Il ne sera blessé qu'à la main.
Il écrit à son père, enseignant, pour lui donner de ses nouvelles. La lettre est brève :
La carte d'Alfred Dolques (Guise). Collection : Bruno Sablou.
Alfred Dolques sera soigné et rejoindra le front au 28e RI. Il sera malheureusement tué le 26 mai 1915 dans le Bois carré
au pied de la colline de Notre-Dame-de-Lorette.


Jules Soullez a lui aussi été blessé à Guise. Début septembre, il écrit à ses parents et parle du combat du vendredi qui correspond au combat de Guise. Il sera tué un mois plus tard en Champagne et ses lettres seront largement utilisées par la propagande de la presse régionale. Jules est enterré dans la nécropole nationale de Cormicy (Marne).
Jules Soullez, blessé à Guise le 28 août 1914.
Le sous-lieutenant Delaporte était instituteur à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime), son père était également maître d'école.
Son destin bascula à Guise le 28 août où il commandait une section de la 11e compagnie.
Voici un extrait des archives de Seine-Maritime qui recueille l'état des pertes du Corps enseignant :

Le maître d'école Delaporte.
 

Les cousins Hérouard
En 1911, Albert Hérouard écrit une carte postale à son cousin Georges Hérouard. Il fait part de la dureté du service militaire effectué à la caserne de la Pépinière de Paris, mais aussi du retour de la noce de son cousin :

La lettre d'Alber Hérouard à son cousin Georges. 1911.
Chers cousin et cousine,
Je vous prie de bien vouloir excusez la brusquerie de mon départ hier, mais dans ce métier, la liberté est très limitée et nous avons arrivé juste comme le train. Enfin encore heureux que j'ai pu m'amuser 2 jours avec vous. Aujourd'hui, ce n'est pas si gai, j'ai passé une partie de ma journée à faire la corvée de quartier, j'étais encore mieux que d'aller à l'exercice car sur ma journée j'ai été couché 4 heures sur mon lit heureusement car je ne voyais rien que des étoiles, je ne pouvais pas ouvrir les yeux. Enfin, tout cela va ce passé et il ne restera plus qu'un bon souvenir de vore gentille noce.
Je vous envoie tous mes vœux de joie et de bonheur.
Votre cousin
A. Hérouard
1e compagnie.

La guerre arrêtera le bonheur de ces cousins. Albert Hérouard sera tué à Guise le 28 août 1914 et son cousin, Georges, tombera à Tahure en septembre 1915 dans les rangs du 228e RI.



Auguste Fossard. La recherche du frère
Fin août 1914, la sœur du caporal Fossard n’a plus de nouvelles de son frère.
La parution de sa photo en octobre 1915 dans la revue Sur le vif ne change rien. Pas une lettre.
à la recherche d'Auguste Fossard, extrait de la revue Sur le Vif
Elle demande des nouvelles aux administrations. Le 27 janvier 1915, le dépôt d’Évreux est informé qu’Auguste Fossard est signalé comme « disparu le 28 août 1914 à Guise », « présumé prisonnier ». La mairie de Rouen se doit de porter la nouvelle à la famille.
À la fin de l’année 1917, une nouvelle du frère : une liste officielle allemande indique que l’on a recueilli sur le champ de bataille de Guise un livret appartenant à Auguste Fossard.
à la recherche d'Auguste Fossard

En novembre 1920, la sanction tombe : Auguste Fossard est déclaré décédé le 28 août 1914.
La fiche "Mort pour la France" d'Auguste Fossard

Narcisse Bergère : un des disparus
Dans la revue La recherche des disparus, la famille de Narcisse Bergère fera paraître plusieurs fois son portait :

Le portrait de Narcisse Bergère, disparu à Guise le 28 août 1914.
Narcisse sera considéré comme "Mort pour la France" en 1921.


Récapitulation de Guise, 28 août 1914.

À suivre...

Remerciements à Didier Chaumeron, Denis Delavois, Bernard Labarbe, Serge Michel Dumartin, Bruno Sablou, Valérie Quevaine.

Liens :
- Le JMO du 28e RI : août 1914
- l'affaire André Allier
- le 57e RI à Guise : le blog de Bernard Labarbe
 

Aller à l'historique du 28e Régiment d'infanterie  Aller à l'accueil du site Internet consqcré à Adolphe Orange