Hommes du 28e RI

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En juin 1915, l'instituteur Émile
Gagnepain est nommé sous-lieutenant à la 5e Compagnie
.
Il trouvera la mort le 26 septembre 1915 lors de l'offensive
générale du Bois de la Folie
à
Neuville-Saint-Vaast.
Originaire de Vernon dans l'Eure,
Émile Gagnepain vient d'être honoré par la
municipalité qui a inauguré le 11 novembre 2008
la sente
Émile-Gagnepain.

La famille d'Émile était
présente
lors de cette commémoration.

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Claude Revoallan (en béret vert), ancien combattant, était le
maître de cérémonie de cette journée
qui a
réuni plus d'une centaine de personnes.

Discours de monsieur Philippe Nguyen Thanh,
maire de Vernon. |

Particulièrement ému, Michel Gagnepain a rendu hommage
à son grand-père tué en Artois. |
Discours de Michel Gagnepain,
petit-fils de l'instituteur :
« À l’occasion du 90e anniversaire de l’armistice du 11 novembre 1918
nous sommes réunis ici aujourd’hui pour honorer la mémoire d’un officier mort pour la France ;
les petits-enfants et
arrière-petits-enfants d’Émile Gagnepain remercient
monsieur le maire et le conseil municipal de Vernon qui ont
décidé, dans un vote unanime, de dénommer cette
sente : « Sente Émile-Gagnepain ».
Notre
grand-père appartenait au 28e Régiment d’infanterie
basé à Évreux ;
ce régiment a participé à toutes les opérations militaires de la Première Guerre mondiale.
La victoire de la
Marne en septembre 1914 a arrêté l’invasion et
contraint les troupes allemandes à reculer jusqu’à
l’Aisne.
À la fin de 1914 les soldats
s’entretuent dans les tranchées, commence alors fin
octobre la guerre de position, ou guerre de tranchées. Joffre
veut reprendre la guerre de mouvement et lance des offensives en Artois
de mai à octobre 1915 pour obtenir la rupture du front allemand,
la « percée » victorieuse qui devait libérer
les territoires du nord de la France encore occupés.
Les combats autour de
Notre-Dame-de-Lorette en mai 1915 et de la Targette en juillet
n’ont pas réussi cette percée tant attendue. Joffre
prépare minutieusement la troisième offensive en Artois
qui début le 25 septembre.
Les hommes du 28e RI se trouvent
positionnés à Neuville-Saint-Vaast non loin d’Arras
dans le secteur dominé par la crête de Vimy, puissamment
fortifiée par les Allemands. La veille au soir du
déclenchement de l’offensive un violent orage a
transformé les tranchées en fondrières, les hommes
sont trempés, alourdis pare la boue qui s’accroche aux
vêtements tandis que les crapouillots allemands qui ripostent au
pilonnage de l’artillerie s’abattent sur les
tranchées occupées par nos soldats.
Le 26 septembre
1915, Émile Gagnepain sort de sa tranchée à la
tête des hommes de son unité à l’orée
du bois de la Folie et est mortellement blessé. Le caporal
Pichard qui a assisté à ses derniers moments relate dans
une lettre du 22 octobre 1915 adressée à notre
grand-mère : « Je n’étais que
1ère classe quand j’ai fait l’assaut avec lui.
Tous nous l’aimions et il a fallu que cet assaut nous l’enlève aussi ».
Émile
Gagnepain ne connaîtra pas la défaite du militarisme
prussien en 1918. C’est après trois guerres
meurtrières
que la France et l’Allemagne décident
enfin de se réconcilier et de construire au lendemain de la
Seconde Guerre mondiale une Europe apaisée et plus solidaire.
Cette sente qui
portera le nom d’Émile-Gagnepain est peut-être
modeste mais notre grand-père l’a empruntée pour se
rendre dans sa classe à l’école aujourd’hui
« collège César-Lemaître » ; elle
continue d’être empruntée par des
générations de collégiens qui porteront un regard,
peut-être distrait sur cette plaque, mais qui sauront qu’un
instituteur et soldat peut mourir pour défendre l’honneur
et l’indépendance de la France ».
Coupure de presse extraite du Démocrate.
À la compagnie d'Émile Gagnepain, ce même 26 septembre 1915
fut tué Albain Macqueron, un jeune sous-officier de 19 ans...

Le 26 septembre 1915, tous les officiers de la 5e compagnie furent mis hors de combat :
3 tués (Bonnet, Gagnepain et Macqueron) et un fait prisonnier (Colleville).
En octobre 1915, un caporal de la 5e Compagnie, rescapé de cet enfer, écrit à la femme d'Émile.
Il relate les derniers moments de l'enseignant :

Ce remarquable document est signé du caporal Pichard. Il est conservé avec soin par la famille Gagnepain.


Plaque dans le hall de la mairie de
Vernon,
nous voyons le nom d’Émile Gagnepain parmi les 292 morts de la commune
pendant la Grande Guerre.
Parmi ces morts,
quarante soldats appartenaient au 28e RI
dont Gaston Rivière, Marcel Bonniard, Cyr Guignont tués en septembre 1915 devant le bois de la Folie.

Émile Gagnepain est né le 10 novembre 1890 à Croth dans l'Eure. En face de la mairie,
son nom figure sur le monument aux morts de ce son village natal. Le 11 novembre 2008, Renée Oger,
vice-présidente du conseil général,
conseillère générale du canton de
Saint-André de l'Eure, a également rendu hommage à
ce natif de Croth.
Jean Baboux a retrouvé la sépulture d'Émile
Gagnepain, enterré dans le cimetière de la
Couture-Boussey,
d'une grande simplicité, sans signe religieux mais avec une croix de guerre.
C'est dans ce village que notre instituteur s'est marié le 3 décembre 1905 à l'âge de 20 ans.
Remerciements :
- Michel Gagnepain et toute la famille d'Émile Gagnepain,
- la commune de Vernon pour cette initiative,
- la commune de Croth,
- Yann Thomas.
Et bien sûr
Jean Baboux.
Les photos sont de Jean Baboux.
Les deux articles de presse sont tirés
de
Paris-Normandie, édition de Vernon, les Andelys Gisors du 13 novembre 2008
et du
Démocrate.
En savoir plus
- un autre enseignant de la 5e compagnie du 28e RI :
Albert Thierry
- l'offensive du bois de la Folie, septembre 1915 :
le Journal du régiment
- les pertes du Bois de la Folie, au 28e RI :
les soldats -
les officiers
- Vernon :
son site Internet