Rares
sont les illustrations de premiers cimetières militaires ordonnés et
conçus par les Allemands durant la Première Guerre. Et pour cause,
beaucoup furent éphémères car les corps des soldats français furent par
la suite rassemblés dans de grandes nécropoles nationales, tandis que
les Allemands allaient soit les rapatrier, soit les regrouper durant le
second conflit mondial.
Monsieur
Pierre Dejardin, journaliste ayant contribué à la publication du livre Le cahier gozéen de la Grande Guerre, 1914-1918, mémoire de Jules
Renard publié dans la collection des « Études sur la Première Guerre
mondiale », n°15, par les Archives du Royaume, a eu l’amabilité de me
faire parvenir cette reproduction d’une carte de l’époque.
Carte datée de 1919-1920.
Vous
reconnaîtrez, au centre, le monument offert par madame Champetier
de Ribes, qui avait perdu ses deux fils au service de la France, l’un à
Verdun, l’autre à Leernes. Cette croix est aujourd’hui placée à
l’honneur devant le cimetière de Leernes. Au cimetière de Gozée, sa
place figurait au milieu des emplacements des soldats du 28e Régiment
d’Infanterie que l’on avait exhumés à Leernes en 1915, pour les
enterrer à nouveau à Gozée, dans le cimetière nouvellement constitué,
et qui devait être inauguré « en grandes pompes » par l’autorité
allemande, le 23 août 1916.
Madame Champetier de Ribes fit faire cette croix par un artisan tailleur de pierre de la région.
Le docteur Hautain nous apprend qu’elle fut taillée dans
un bloc massif provenant des carrières Stenuick de
Fontaine-l’Evêque.
Elle fut placée en 1919 au milieu des emplacements des soldats du 28e RI.
Ce
cimetière de Gozée, dit « de la
Pépinière », abritait 13 officiers et
464 soldats français, reposant au nord de la nécropole.
Le sud était
occupé par 28 officiers allemands et 543 soldats de même
nationalité.
Les Français étaient les braves héros de Leernes
(72 hommes et
officiers) du 28e RI et les autres, essentiellement du 49e RI, morts
au champ d’honneur à Gozée le 23 août 1914.
En
1922, l’exhumation des corps des soldats français se fit à la demande
du gouvernement français. Ce fut le service des sépultures de
l’hexagone qui se chargea de cette triste besogne. Les corps recueillis
dans de nouveaux cercueils furent transportés à Aiseau, dans le
cimetière militaire de la Belle-Motte. L’ensemble de ces travaux fut
terminé le 6 novembre 1922.
Jules
Renard relate que « quatre soldats français, seulement, ont été
rapatriés, le lieutenant Hurtaud, l’adjudant Polydor et les soldats
Donadieu et Fortin, dans le courant de septembre 1922. »
Sources :
Arcq (Alain), Van Yperzeele (Achille), Leernes et Collarmont, 22 août 1914, Historic'one éditions, 2008. Dejardin (Pierre), Le cahier gozéen de la Grande Guerre, 1914-1918, mémoire de Jules
Renard, collection « Études sur la Première Guerre
mondiale », n°15, Archives du Royaume.
Pour en savoir plus sur ce site : Les combats de Leernes par Alain Arcq
Le Journal des marches et des opérations du 28e RI : août 1914