Engagé
volontaire (EV) à 18 ans
Né le 18 mars 1896 à Paris, Eugène Weismann
s'engage en septembre 1914 à l'âge de 18 ans et
rejoint le front en octobre. Affecté au 24e Régiment
d'infanterie, il est blessé en novembre à Berry-au-Bac,
puis évacué pour "pieds gelés" en décembre.
De nouveau au front, il reçoit une deuxième blessure en
mai 1915 en Artois (probablement à
Notre-Dame-de-Lorette)
1.
Aspirant à Verdun au 28e RI
En mai 1916, alors que le 28e RI cantonne aux environs de Villotte-sur-Aire
(Meuse), deux
jeunes aspirants arrivent au régiment : Eugène
Weismann et Jean
Capitant. Jean rejoint la
Compagnie de mitrailleuses n°2 et Eugène passe à la 3e
Compagnie du lieutenant Colle. Le 24 mai, les deux
jeunes hommes montent au front : le monstre sanguinaire de Verdun les attend.
Extrait
du JMO du 28e RI : journée du 19 mai 1916. On peut y lire le nom
d'E. Weismann.
Jean Capitant est le fils du lieutenant-colonel Ernest Capitant
qui commandait le 28e RI en 1915.
Jean sera blessé par une grenade en juin 1917 sur le Chemin des Dames. Il sera amputé d'une jambe.
Un 1er juin à Verdun
Le jeudi 1er juin 1916 sera un jeudi noir pour la 11e brigade. Dans la
nuit du 31 mai au 1er juin, les Allemands lancent une terrible
attaque, enlevant d'un coup plusieurs lignes de tranchées tenues
par les deux régiments de la 11e Brigade : les trois bataillons
du 24e RI sont presque anéantis et une partie du 3e bataillon du
28e RI est fait prisonnier
2. Placé en réserve, le bataillon
d'Eugène occupe le secteur entre le fort de Souville et le bois
de Vaux-Chapitre. Les Allemands se rappochent.
Carte du secteur de Verdun fin
mai 1916 : attaque allemande du 1er juin.
Localisation de la 3e compagnie : compagnie d'Eugène (EW).
Carte : JMO du 28e RI (cote 26N603, SHD, Vincennes).
Assommée par le bombardement ennemi, la compagnie
d'Eugène tient la dernière ligne française : la
tranchée des Carrières. Cette tranchée doit
être tenue coûte que coûte. Au 28e, les pertes sont énormes : on compte
déjà plus de 49 tués, 332 disparus et 232
blessés. C'est probablement à ce moment que le jeune
aspirant est victime d'une grenade. Les pieds broyés, il est
transporté et évacué à l'arrière. Il
est alors amputé des deux pieds aux deux tiers. La guerre est
finie pour l'aspirant Weismann...
a priori...
Hasard ?
L'ouvrage 1916, Verdun et la Somme
de Julian Thompson présente la fiche d'évacuation de notre
Eugène !!!!
En fond : extrait du JMO du 28e RI : pertes (blessés) pour le 1er juin 1916.
Extrait du JMO du 28e RI :
citation d'Eugène.
L'aviateur aux pieds broyés
En octobre 1916, il refuse d'être réformé et
après rééducation, il réapprend à
marcher. Il demande son affectation dans l'aviation. En 1917, il
devient instructeur au camp d'Avord et malgré la gêne et
la fatigue occasionnées par ses blessures, il monte dans un
avion bombardier. Sa volonté, hors du commun, l'amène
à effectuer plus de 47 bombardements et 26 combats au sein de
l'escadrille BR132. Il devient à la fin de la guerre "As de
l'armée française" avec 7 avions abattus et 3 autres en
participation.
Au 11 novembre, il est lieutenant, chevalier de la Légion
d'honneur, décoré de la Médaille militaire et de
la Croix de guerre avec 8 citations dont 7 à l'ordre de
l'Armée. Il est démobilisé, grand mutilé de
guerre.
Le site internet en langue
anglaise www.theaerodrome.com rend
hommage à l'As français Weismann.
Cliquez sur l'image pour y accéder : vous y trouverez le détail de ses sept "victoires".
1939-1945
La Seconde Guerre mondiale le rappelle, il reprend du service au centre
de perfectionnement de bombardement de jour. Retourné à
la vie civile en juillet 1940, il participe à la
Résistance en faisant partie d'un groupe FFI à Neuilly. En décembre 1944, il obtient d'être
réaffecté comme officier de liaison "air" auprès
de l'armée américaine puis muté aux forces
aériennes de l'Atlantique. Il effectuera 19 nouvelles
autres missions aériennes sur l'ennemi.
En janvier 1958, le lieutenant-colonel Weismann comptabilise plus de 5254
heures de vol dont 1754 en opérations.
Un engagement pour les volontaires
Dès la fin de la Première Guerre mondiale, Eugène
ne cesse d'aider et de rassembler les autres engagés
volontaires. Il sera président de la
Fédération nationale des combattants volontaires (FNCV) de 1939
à 1966. Il demeure dès lors l'une
des figures les plus marquantes du mouvement des anciens combattants.
Coupures
de presse de la revue Les volontaires,
organe de la
Fédération nationale des combattants volontaires dont
Eugène fut l'un des présidents.
En photo : le président Weismann faisant un discours à
l'hôtel de ville de Paris en 1952.
Sources : FNCV.

Le lieutenant-colonel Weismann en uniforme
lors d'une remise de drapeau aux Invalides en octobre 1952.
Photo : FNCV, 1952.

Sous l'arc de Triomphe en octobre 1952.
Photo : FNCV, 1952.
Eugène Weismann décède le 14 (le 20 selon d'autres sources) juillet
1973. Il est enterré dans le cimetière parisien de
Bagneux.
10 novembre 1951, Eugène Weismann au Poste parisien
Le numéro 180 de la revue
Les Volontaires
de la FNCV relate le passage radiophonique de son président. Le 10 novembre 1951, veille
de l'anniversaire de l'armistice du 11 novembre 1918, est l'occasion pour Eugène Weismann de
se souvenir de son régiment, le 28e RI.
Cliquez sur le poste de radio pour lire l'intervention d'E. Weismann : "Printemps 1915"
Note
1. Nous n'avons pas consulté la fiche "Registre-matricule" de
ce jeune soldat. Ce document pourrait nous indiquer si
Eugène Weismann était au 28e RI au printemps 1915. Son
nom ne figure pas dans la liste des blessés
publiée dans le JMO du 28e RI. Cela laisse penser qu'il
était au 24e RI. Malheureusement, le JMO du 24e RI n'indique pas de
listes nominatives de soldats
blessés.
2. Parmi eux, René Pigeard dont une lettre écrite à son père a été publiée dans Paroles de Poilus.
C'est lors de cette attaque que le fort de Vaux sera pris. Ces
terribles moments seront décrits par Charles Delvert du 101e RI.
Remerciements
- Un très grand remerciement à la Fédération
nationale des combattants volontaires (FNCV) pour sa disponibilité et
son remarquable accueil dans ses locaux parisiens.
- Merci à Marie-Ange Garsztka, Marie Le
Calvez, Albin Denis et Jean-Claude-Poncet.
Bibliographies
- FNCV, Les Volontaires,
Organe de la Fédération nationale des combattants
volontaires. Plusieurs numéros consultés : n°105,
décembre 1934 ; n°151, novembre-décembre 1951 ;
n°168, octobre-novembre 1949 ; n°214, novembre-décembre
1957 ; n°240, janvier 1964 ; n°282, septembre 1973. Ce dernier
numéro rend hommage à Eugène Weismann sur deux
pages.
- FNCV, 21 Août 1954, Quarantième
Anniversaire de l'Ouverture des Bureaux d'Engagement dans
l'Armée Française, Hommage de la Nation aux Combattants
Volontaires, Brochure, FNCV.
- Porret (Daniel), Les "as" français de la Grande Guerre, SHAA, deux tomes, 1983.
- Service historique de la défense, Journal des marches et des opérations du 28e RI, périodes mai 1915 et mai-juin 1916, Cote 26N603, Château de Vincennes.
- Thompson (Julian), 1916, Verdun et la Somme, Éditions Gründ, Adaptation française : Emmanuel Pailler, 2006, page 20.
Sites Internet
- JMO du 28e RI : mai-juin 1916
- Site Internet du ministère de la Défense "Mémoires des hommes" : Personnel de l'aéronautique, fiche individuelle d'Eugène Weismann : recto - verso.
- Site Internet en langue anglaise sur l'aviation de la Première Guerre mondiale www.theaerodrome.com
- Site Internet de la Fédération nationale des combattants volontaires : la FNCV.