Des témoignages d'autres régiments qui ont combattu en mai et juin 1915 en Artois :
Aix-Noulette, le bois carré et la tranchée des saules

Voici une sélection de quelques témoignages de régiments plongés dans l'enfer de l'Artois.
Pour en savoir plus, n'oubliez pas de consulter le blog du collectif Lorette.

21e Corps d'armée

Ce corps d'armée est constitué de deux divisions : la 13e DI (Chaumont) et la 43e DI (Saint-Dié).

    - 13e Division d'infanterie (Chaumont)
             . 25e brigade : 17e RI (Épinal), 17e BCP (Baccarat), 20e BCP (Baccarat), 21e BCP (Raon-L'Étape)
             . 26e brigade : 21e RI (Langres), 109e RI (Chaumont)

    - 43e Division d'infanterie (Saint-Dié)
             C'est principalement cette division qui a combattu dans le secteur d'Aix-Noulette.
             . 85e brigade :149e RI (Épinal), 158e RI (Bruyères)
             . 86e brigade  : 1er BCP (Senones), 3e BCP (Saint-Dié), 10e BCP (Saint-Dié), 31e BCP (Saint-Dié)
             . Plus la 11e brigade (24e RI et 28e RI) mise à disposition par le 3e Corps d'armée

                                  - Avec aussi la 48e Division d'infanterie
                                                    . 95e brigade : 170e RI  (Épinal), 174e (Retheuil et Langres) RI
                                                    . le régiment marocain et le 2e Régiment mixte de zouaves et de tirailleurs (2e RMZT)

Le 142e Régiment d'infanterie territoriale : le récit du commandant Jean Maurice Adde

Le 142e RIT stationne à Calonne et à Aix-Noulette en 1915. Voici un court extrait du très riche carnet du commandant Jean maurice Adde, mis en ligne par François Darriet.

26 MAI
Les attaques et le bombardement continuent. Ce sont les 24ème et 28ème qui y  prennent part le plus et naturellement c'est le défilé des leurs à jet continu vers l'ambulance. Pour commencer je vois Miard qui a eu une blessure heureuse à la main gauche. A Aix Noulette nous avons eu bombardement. Le Général me fait dire que mon service a admirablement fonctionné.
            . Plus la 11e brigade : 24e RI et 28e RI

Le 24e Régiment d’infanterie : le régiment "frère" du 28e RI


Le 24e RI fait partie avec le 28e RI de la 11e brigade. Celle-ci sera mise à la disposition de la 43e division (21e Corps d'armée) qui participera à l'offensive de mai 1915.
Extrait de l'historique numérisé par Frédéric Santi. Disponible sur l'incontournable site de Renaud Meunier

Le 15, il relève le 158e RI dans le secteur d'Aix-Noulette.
Secteur terrible où la lutte constante à la grenade, le contact avec un ennemi acharné causent des pertes exceptionnellement lourdes.
Le 25 mai, après une faible préparation, les vagues d'assaut débouchent sur un terrain battu par les feux des mitrailleuses et de mousqueterie. Le plus grand nombre des assaillants est fauché. Une faible partie des effectifs engagés gagne la tranchée adverse, où un combat corps à corps s'engage.
Les survivants de la vague d'assaut organisent le terrain tant bien que mal. Mais l'ennemi contre-attaque avec fureur et quelques isolés seulement peuvent regagner la base de départ.
Du 15 au 25, le 24e RI a subi des pertes excessivement lourdes : 30 officiers hors de combat, dont 10 tués ; 1.055 hommes hors de combat, dont 160 tués (sous-lieutenant Battiny, lieutenant Kempf, lieutenant Besse, capitaine Salles, capitaine Valence, sous-lieutenants Hennequin, Pèlerin, Appert, etc., tués).
Relevé dés le 26 au matin, le régiment est transporté en automobiles aux environs de Fosseux et reconstitué par des éléments clé la classe 1915, qui, pour la première fois, fait son apparition au front.
Avec les missions diverses, le régiment effectue des mouvements dans la région d'Arras. Il attend la percée à Montenescourt, puis reste en réserve à Grand-Servin, du 21 juin au 7 juillet.

Une croix sur un plan

Le 25 mai 1915, le jeune Ernest Terrien fut tué devant le Bois carré.
Bruno Terrien nous offre un remarquable témoignage :
celui d'un soldat du 24e RI qui écrit à la sœur d'Ernest lui relatant les circonstances de la mort du frère.
Découvrir ces documents.




Extrait du Journal de marche et d'opération du 24e RI pour les journées des 23-26 mai 1915 :

23 mai 1915
Les unités du régiment occupent le cantonnement de Petit-Sains et la fosse 10.

24 mai 1915
Les unités du régiment occupent le même cantonnement.
En exécution des ordres donnés par le Général commandant la 43e Division la 11e Brigade doit prendre part le 25 Mai à l'attaque des positions ennemies qui s'étendent entre le chemin à un trait de Noulette à Souchez au point h1 d'une part à la sape 3 exclue. Le 24eme en première ligne, le 28eme en 2e ligne.
La relève et la prise du dispositif initial doivent avoir lieu dans les conditions suivantes :
dans la nuit du 24 au 25 entre 21 et 24 heures. 2 bataillons du 24eme relèveront le 158eme.
La prise du dispositif d'attaque ne devant avoir lieu que de 0 heure à 3 heures : 2 bataillons du 24e en première ligne, 1 bataillon rue Zeffé et fosse aux loups.

Lire la suite.


Le 1er Bataillon de chasseurs à pieds

Le 1er BCP fait partie de la 86e brigade de la 43e division (21e Corps d'armée).
Voici un court extrait d'une lettre du caporal Bourgain. Disponible sur le blog du Chamois.

Le monument du 1er BCP
Lettre du 22 juin 1915, depuis Ruitz (Pas-de-Calais).

Suis en excellente santé et toujours en repos... C’est regrettable qu’Eugène ne se trouve pas par ici car j’aurai pu le voir. Actuellement je me trouve à Ruitz, dans les environs de Bruay. Mon bataillon se bat habituellement du côté de Souchez. Il y a déjà fait du bel ouvrage. Du reste par ici ça marche très bien, quoique ce soit bien dur... Les 300 prisonniers faits il y a trois ou quatre jours n’avaient pas mangé » depuis quatre jours, et c’est pourquoi ils se sont rendus. Patience, ils s’en iront d’ici. Ils ont devant eux quantité de chasseurs, de vaillants fantassins et de l’artillerie infatigables.

Ne craignez rien, suis encore en repos pour quelques jours.

En photo : le monument dédié au 1er BCP à Angres (près d'Aix-Noulette). Cliché : Jean-Claude Poncet.

Le 10e Bataillon de chasseurs à pieds

Le 10e BCP fait partie de la 86e brigade de la 43e division (21e Corps d'armée).
Extrait de l'historique numérisé par Laurent Mirouze. Disponible sur l'incontournable site de Renaud Meunier

Couverture de l'historique du 10e BCPVIII. Première offensive d'Artois (mai 1915)
Après une détente de deux mois, le bataillon vient se placer, le 9 mai, en réserve du 21 corps, entre Aix-Noulette et Sains-en-Gohelle, pour une action offensive dont les premiers résultats permettent de grands espoirs. Le moral est très haut.
Mais l'ennemi oppose une résistance farouche. Du 13 au 18 mai, le bataillon a pour mission de faire tomber les défenses allemandes du mamelon dominant à l'ouest du Fond de Buval.
Une série d'assauts coûteux sont livrés, où se distinguent tour à tour toutes les unités du bataillon et où chacun fait preuve du plus beau courage individuel. Si nos succès sont difficiles, le Boche, lui, malgré la violence de ses réactions, n'aboutit à rien et le moindre gain réalisé est opiniâtrement défendu et conservé.
Trois jours sont donnés au bataillon pour se refaire et combler les vides. Le 21, il remonte en ligne.
Le 25, attaque du Fond de Buval. La I ère compagnie (capitaine de Revel), atteint d'un bond la tranchée allemande et entame déjà la poursuite sur les pentes opposées, mais un double barrage l'arrête. Elle doit se replier dans la tranchée conquise. La prise du Fond de Buval lui vaut une citation à l'ordre de l'armée.
Le 26 au soir, attaque du Bois Carré ; sous le feu des mitrailleuses, l'assaut échoue.

IX. Le bois carré (juin 1915)
Un bois de deux hectares à peine. Les arbres en sont déchiquetés, le sol en est retourné. Irrité par nos succès, l'ennemi assouvit sur cet objectif sa vengeance, la lutte y est continuelle.
Le bataillon fait là deux périodes plus que pénibles. La première dure du 2 au 9 juin. L'ennemi réagit toutes les nuits. Il y a de quoi rebuter le courage des jeunes chasseurs qui sont là la première fois dans la fournaise. Et pourtant, par trois fois ils attaquent au milieu des difficultés les plus pénibles, le 3, le 5 et le 6, et obtiennent ainsi un réel ascendant sur l'ennemi, qui semble restreindre ses efforts.
La deuxième période est plus dure encore. La position en flèche est des plus critiques ; point d'abris contre un bombardement qui ne cesse pas. Les chasseurs tiennent bon. Bien plus, ils attaquent, ils se dégagent : le Bois Carré est conquis en entier.
Dans la nuit du 16 au 17 mai, le sous-lieutenant Marque est allé seul reconnaître le chemin creux où l'ennemi s'est reporté. Il a jugé le désarroi de la ligne, étudié les itinéraires. Le 18, il guide l'assaut. La 4e compagnie se jette dans le chemin creux, tandis qu'à gauche les 2e, 5e et 6e compagnies s'emparent des Ouvrages Blancs. À lui seul, en quatre jours, le bataillon a conquis et conservé les objectifs assignés à toute la brigade.
Malgré la chaleur étouffante, malgré la soif, malgré la puanteur des cadavres, l'élan a été général, sublime, et c'est le bataillon tout entier qu'il faudrait citer ici, à la suite des Marques, des Etienne, des Million, des Barat, pour donner à chacun la part d'éloge qu'il mérite.




Voici un terrible récit : il s’agit du compte rendu du sergent Gaudillière du 10e BCP. Ce régiment de chasseurs se situe à droite de la 11e brigade (24 et 28e RI) et doit mener l’attaque du fond de Buval tandis que le 24e RI doit prendre le Bois carré, et ainsi ouvrir la direction de Souchez. Le 28e RI attend à l’arrière du 24e RI et fait partie d’une seconde vague d’assaut.  Merci à Frédéric Videlaine qui m'a transmis ce texte.

L’attaque du 25 mai 1915 par la 1re compagnie du 10e BCP. Récit du sergent Gaudillière
Extrait de L‘Enfer de 14 et 15 vécu par les chasseurs du 10e BCP, Mâcon, p.49-52


Couverture de "L'enfer de 14 et 15 vécu par les chasseurs du 10e BCP"La 1re compagnie (1) monte en ligne dans la nuit du 23 au 24 mai, dépasse Noulette en ruines, traverse le Bois 4 puis le Bois des Boches, dans les boyaux bordés de gabions, puis de cagnas remplis de cadavres sur lesquels on a répondu de la chaux vive. La journée du 24 est utilisée à se reposer, malgré un bombardement violent et presque ininterrompu. La nuit venue, la compagnie descend aux abris du Ravin près d’une batterie d’artillerie de 220. La compagnie a mission d’attaquer le lendemain (2), c’est l’adjudant Bailly qui nous en informe. Nous prendrons la première tranchée allemande seulement, puis une seconde vague d’assaut nous dépassera et poursuivra les Boches. L’assaut aura lieu après un bombardement consécutif de quatre heures. Nous serons soutenus par toute la brigade. Par conséquent, je suis absolument sûr du succès. Faites reposer les hommes et compléter  vivres et cartouches. Les caporaux s’occupent de faire compléter les approvisionnements en cartouches de chaque chasseur à 250 et distribuent un jour de vivres de réserve supplémentaire et un peu de goutte à chacun. Le peu de temps qui nous reste est employé à nous reposer mais il est impossible de dormir, car nous sommes plus ou moins surexcités. Le chasseur Teranziani change de linge: il pense être blessé et ne veut pas arriver à l’« hosto » sale comme un cochon.
A minuit, nous partons après avoir laissé nos sacs à la garde de deux chasseurs exempts de service.

Vers 8 heures du matin, notre artillerie muette depuis le 12 mai commence un bombardement continu des arrières allemands
(3). Malheureusement, elle ne s’en tient pas là. Pour la première fois, quelques artilleurs placés à la lisière du Bois des Boches utilisent un crapouillot pour lancer des torpilles à ailettes. C’est la première fois qu’ils en envoient. Ils ne sont pas heureux : la première tombe en arrière de notre ligne, la seconde éclate avec un bruit terrible dans notre tranchée, sur la gauche, faisant plusieurs morts et blessés. La troisième monte au ciel puis s’arrête comme une alouette faisant le Saint-Esprit…
Impossible d’aller ni à droite ni à gauche dans la tranchée où nous sommes très nombreux. Elle va tomber sur nous. On ferme les yeux pour ne pas voir ce qui va arriver… On n’entend rien qu’un bruit sourd. Elle est entrée en terre à 3 m de l’endroit où j’étais et n’a pas explosé. Nous l’avons échappé belle dans notre coin. Cet essai nous suffit et l’adjudant Magnien envoie l’ordre d’arrêter l’expérience. Il en profite pour faire préciser le tir du 75 sur la première tranchée allemande. Des quantités de choses sont alors projetées en l’air au-dessus de cette tranchée.

L’attaque a lieu à midi. Au coup de sifflet
(4) donné nous nous déployons en tirailleurs, au pas et sans bruit, alignés autant que possible, puis au pas de course et en criant de toutes nos forces, lorsque nous avons parcouru plus de la moitié de la distance qui sépare les deux tranchées. Nous apercevons alors des Allemands qui s’enfuient déséquipés et sans armes. Certains n’ont pas le temps de s’enfuir. Quelques-uns se constituent prisonniers dont trois officiers et un pasteur. Il y a parmi aux des catholiques du 5e Bavarois tenant à la main une image de la Vierge.
Mais de la joie de voir les Allemands se sauver une fois comme des lapins, les renforts chargés de continuer la poursuite ne venant pas, l’adjudant Bailly saute sur le parapet et nous entraîne en avant. Nous sommes à nouveau à découvert, nous courons du plus vite que nous pouvons en tirant en avant sur les fuyards tout en marchant.  Nous arrivons au fond de Buval, petite vallée étroite en bordure de laquelle se trouve la seconde tranchée allemande avec des abris. La vallée est remplie de tombes aux petites croix  blanches régulièrement placées et toutes semblables. De la tranchée on aperçoit en contrebas la route d’Arras, le Bois Carré, ainsi que les premières batteries de 77, puis Angres, Liévin et Lens dans lointain. Dans la tranchée allemande plus de résistance, ni d’occupant qui bouge. En circulant dans cette tranchée j’aperçois dans une cagna deux soldats allemands  recroquevillés dont la tête n’est pas visible.  Mon premier geste est de lancer mon fusil armé de sa baïonnette contre l’un deux, mais instinctivement je retiens mon bras par horreur du geste et je continue mon chemin. Tous mes voisins se replient, sans savoir pourquoi, sans que l’ordre paraisse en avoir été donné. Est-ce parce que nous ne sommes plus assez nombreux pour occuper la position et par crainte d’être faits prisonniers. On abandonne bêtement et à contre cœur cette fameuse tranchée du Fond de Buval pour revenir à la première tranchée allemande prise auparavant.

Au cours de ce repli, la compagnie subit de grandes pertes sous les explosions de 77 fusants d’abord, puis entremêlés de 210 percutants. Je rencontre le sergent Fléchon blessé à la joue gauche pendant l’attaque par un tireur imprudent placé en arrière lui. Nous revenons ensemble et voilà que vient vers nous l’adjudant Bailly. Il semble vouloir nous causer, mais un flot de sang sort de sa bouche, Fléchon prend mon fusil et me demande de l’emmener. Je ne revois plus Fléchon. Après avoir aidé Bailly à marcher, il tombe dans un étroit boyau profond d’à peine 50 cm, la face contre terre. J’essaie de le relever, de le prendre pour l’emporter, mais je n’en puis plus et son corps se laisse aller. Il perd connaissance et bientôt il râle d’une voix plaintive et meurt
(5). Je suis même incapable de le placer sur le côté pour prendre ses papiers ou ses objets et les ramener. Alors je pars chercher du secours et je le laisse là avec remords.

Continuant mon chemin, en courant la bouche ouverte, je m’aplatis subitement, car un 210 a explosé pas loin projetant une masse de terre et d’éclats de ferraille. J’hérite d’un petit éclat à la figure, je crache du sang et deux dents et j’ai l’impression d’avoir la moitié de la figure emportée. Peu après je trouve le sous-lieutenant Bellanger. Je lui annonce la mort de l’adjudant Bailly, son camarade de l’active, et je lui demande deux hommes pour aller chercher son corps  et le ramener. Mais il est affolé et ne prête aucune attention. Il m’envoie porter des sacs à terre dans le boyau en avant de la tranchée  pour faire un barrage. On a abandonné notre cher adjudant aux mains de l’ennemi.

Notes personnelles sur ce texte
1. La 1re compagnie est commandée par le capitaine Henri du Perron de Revel (1883-1915) décédé suite à des blessures le 2 juin 1915. Inhumé dans un premier temps à Noeux-les-Mines, il repose à Grâne (Drôme), son lieu de naissance. Sources : fiche « Mort pour la France » du site Internet « Mémoires des hommes » et site Internet « Mémorial Gen Web ».
2. Dans le JMO du 28e RI, on note «  Nos troupes se sont emparées hier de la ligne Vp3n4, dominant ainsi tout le fond de Buval. Dans ces conditions, l’attaque du fond de Buval étant devenue possible, son flanquement Sud étant assuré, la 86e Bde (Gal Olléris) en liaison intime avec la 95e Bde à droite et la 11e Bde à gauche, aura pour mission de s’emparer de la tranchée du fond de Buval et de prendre pied sur la croupe à l’Est marquée par le Chemin de la Chapelle (carte au 1/5000e)
». La 86e brigade est la brigade du 10e BCP. Lire le JMO de mai 1915 du 28e RI.
3. Albert Thierry, du 28e RI notera ce mardi 25 mai dans son carnet : « Énormité du bombardement. Au boyau de l’après-midi, le désordre, la bousculade, les contre-ordres, la chaleur, l’ennui, la tumultueuse et invisible proximité du combat. Ce bombardement, de huit heures du matin jusque vers deux heures, phénoménal ! », « Carnets de guerre », La Grande Revue, Paris, 1917.  Lire ses carnets.
4. A. Thierry note également : « Le coup du départ, les sifflements, les éclats se confondaient presque sans interruption. Un fracas continu qui ébranlait les fibres et la poitrine, éblouissait les oreilles et semblait un orage double ou triple, et insensé justement par la démesure des mesures… Au loin la fumée sur l’horizon des bois, des collines et des mines, une écume argentée, ou verdâtre, ou fauve, aux rebords de la Gohelle ! », ibid.
5. On trouve la fiche « Mort pour la France » de l’adjudant Bailly sur le site Internet « Mémoire des hommes » : Maurice Bailly, né le 10 novembre 1891 à Paris (17e). On y notera que sa mort est datée du 26 mai.



 
À gauche du 10e BCP, l’attaque du 24e RI sera un échec. L’historique de ce régiment note à ce sujet :  « Le 25 mai, après une faible préparation, les vagues d’assaut débouchent sur un terrain battu par les feux des mitrailleuses et de mousqueterie. Le plus grand nombre des assaillants est fauché. Une faible partie des effectifs engagés gagne la tranchée adverse, où un combat corps à corps s’engage. Les survivants de la vague d’assaut organisent le terrain tant bien que mal. Mais l’ennemi contre-attaque avec fureur et quelques isolés seulement peuvent regagner la base de départ ». Les troupes du 28e RI piétineront toute la journée du 25 dans les boyaux attendant l’ordre d’attaquer. Cet ordre arrivera le lendemain et deux bataillons du 28e RI lanceront une nouvelle vague où les soldats seront fauchés par les mitrailleuses allemandes protégées par des abris bétonnés. Le soir, le 10e BCP relèvera le 28e devant le Bois Carré.


Revenir à la page mai 1915


  accueil