Retrouvailles Je vous revois encore, le havresac au dos Quitter le fort de l'Est, harnachés pour la guerre. Tous "gonflés" et joyeux, nous les futurs "héros" Traverser Saint Denis, clamant "faut pas s'en faire". Par des marches forcées, ahanant sous la charge, Gâs Bretons et Normands, "Titis" remplis de gouaille, Têtus et décidés, évitant la décharge, D'un magnifique élan, partîmes vers la Bataille. Leernes et Anderlues, Lobbes, Guise, Dormans, Loivre, Villers-Franqueux, Cormicy, Sapigneul, Malgré le feu sacré, furent de durs moments, Surtout pour les froussards, craignant de rester seuls. Quittant Berry-au-Bac pour monter en Artois, Où nos ardents stratèges voulaient tailler en pièces Le Teuton retranché… l'amener aux abois… Le sortir de ses trous et lui botter les fesses. Au lieu des lauriers, impossibles à cueillir, Promis par des planqués pour se couvrir de gloire, Nous fûmes décimés, sans pour autant gémir, Et c'est là que, blessé, je partis sans déchoir. Ensuite, le Santerre, Vic-sur-Aisne, Verdun, Rouvrois, encore Verdun, puis le Chemin des Dames, Bovelle, la Champagne et tous les lendemains… On a besoin de vous… partout l'on vous réclame. Enfin Neuvy, Gournay, la Bataille de l'Aisne, Terminèrent pour vous le douloureux Calvaire. Honneur à vous, martyrs, qui dormez dans la plaine Et reposez en paix sous les beaux matins clairs. |
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Jean Bouteiller (le Poilu) dit Jean Darmaz (l'écrivain) Composé pour les Camarades du 28e RI à l'occasion de la réunion annuelle de notre Amicale et à la mémoire de nos chers Disparus. Évreux, le 1er octobre 1967 |