Extrait commenté du Journal de marches et d'opérations (JMO). Disponible au SHD de Vincennes. Cote 26 N 603.

Attention, il s'agit d'une transcription. J'ai peut-être fait des erreurs de transcription et de copie.
N'hésitez-pas alors à me faire part de vos remarques, par mail.

Le sigle S.P.A. signifie : Situation des prises d'armes.

Les passages écrits en vert sont des remarques personnelles. Les termes mis entre crochets sont des mots que je n'arrive pas à déchiffrer.


Jeudi 1er
Octobre 1914




1. Voir le site de Stéphan Agosto concernant
le 74e RI et Thil. 
Situation de prise d'armes :
16 officiers 1531 hommes.
La situation reste la même. Les reconnaissances envoyées du côté du Moulin de Loivre et du bois de Chauffour confirment les renseignements obtenus le jour précédent au sujet des tranchées ennemies en avant de Loivre.
Dans la nuit, à 21 h, une compagnie du génie essaie en vain d'incendier le bois de Chauffour. Les reconnaissances ne perdent aucun homme.
6 blessés au 3e Bataillon par suite de l'éclatement d'un obus sur la route de ViIlers-Franqueux à Thil
(1) (lieu de rassemblement du 3e Bataillon).
 
Localisation du bois de Chauffour
Localisation du bois de Chauffour.
En septembre 1914, le régiment évacue Loivre désormais tenu par les Allemands.
Français et Allemands se disputent alors la Route nationale 44.
 
Vendredi 2
Octobre 1914
Situation de prise d'armes :
16 officiers 1525 hommes.
La situation demeure la même ; les renseignements fournis par les reconnaissances montrent que l'ennemi perfectionne ses tranchées à l'ouest de Loivre. Deuxième essai de l'incendie du bois de Chauffour, mais sans résultat.
Pertes : 3 blessés au cours d'une reconnaissance.
5 évacués pour maladie.
 
Samedi 3
Octobre 1914
Situation de prise d'armes :
16 officiers 1517 hommes.
Le nombre des officiers se trouve augmenté par suite de la nomination de 4 sous-lieutenants.
Même situation, même mission que les jours précédents. La reconnaissance envoyée dans la direction du Moulin de Loivre et de la lisière NO de Loivre apporte les mêmes renseignements que les reconnaissances des jours précédents.
Pertes : Néant.
Gains : 8 hommes rentrant.
 
Dimanche 4
Octobre 1914
Situation de prise d'armes :
16 officiers 1525 hommes.

Même situation et même mission que précédemment. Le détachement de Villers-Franqueux subit un changement de composition :
le Bataillon de Guillebon, du 310e, retourne sous les ordres du Lieutenant-Colonel Pigault commendant le 310e et quitte Villers-Franqueux.
Il est remplacé par un Bataillon (Capitaine Mathieu) du 239e.
Les 2e et 3e Bataillons (Capitaines Cotinaud et Lascroux) du 28e conservent leurs emplacements et leurs missions ; le 1er Bataillon (Capitaine Nicot) prend la place du Bataillon de Guillebon, il est lui-même remplacé dans sa position en réserve, sur la lisière 0 de Villers-Franqueux, par le Bataillon Mathieu du 239e.
Le Bataillon Mathieu détache une de ses compagnies pour renforcer le Bataillon Nicot.
Les défenses de Villers-Franqueux sont améliorées au courant de la journée par une compagnie du génie, qui établit des fougasses en avant du bois de Chauffour et des réseaux de fils barbelés en avant des tranchées. Ces travaux ont été entravés par la canonnade ennemie; ils ont été repris dans la nuit.
Vers 23h un feu imprudemment allumé par des cuisiniers provoqua une violente canonnade de l'artillerie lourde ennemie ; une fusillade qui se produisit au même moment en avant de tranchées fut la cause d'une alerte, d'ailleurs sans autres suites.

Pertes causées par le feu : Néant.
2 hommes évacués.
 
Lundi 5
Octobre 1914























1. Voir la page consacrée
au cycliste Lavalade.
Situation de prise d'armes :
20 officiers 1523 hommes.
Même situation, même mission. La journée se passe sans aucun incident ; dans la nuit, seulement quelques coups de feu sont échangés aux avant-postes.
Pertes : Néant
(Pour mémoire 2 évacués).

Citations à l'ordre de l'armée.
Le général commandant la 5e Armée cite à l'ordre de l'armée : (Ordre n° 35) :

Le Lieutenant-Colonel Capitant commandant le 28e Régiment d'infanterie : (1)
« A fait preuve des plus brillantes qualités de commandement dans la défense de Loivre, du 13 au 18 septembre, repoussant toutes les attaques de l'ennemi, subissant pendant 3 jours un bombardement des plus violents, excitant les énergies par son exemple, et ne ramenant sa troupe sur une position de repli que sur un ordre supérieur. Chargé de défendre ensuite Villers-Franqueux, a repoussé une violente attaque de nuit sur cette localité faisant subir à l'ennemi de grosses et lui faisant une centaine de prisonniers. »

Les capitaines Hislaire et Roch du 28e Régiment d'infanterie. (1)

Les soldats cyclistes Lavalade, Hédouin et Rivière du 28e régiment :
« Ont participé à la défense du Pont de Loivre, du 12 au 18 septembre, et fait preuve d'une ténacité et d'un courage à toute épreuve au cours de cette opération où le détachement commandé par le Lieutenant-Colonel Capitant a repoussé toutes les attaques, subi sans défaillance un bombardement terrible et d'où il ne s'est retiré que par ordre supérieur. » (2)

Le médecin Aide-Major Schneider du 28e régiment :
« A fait preuve au cours de la défense de Loivre d'un courage et d'un dévouement qui ont fait l'admiration de tous, servant d'exemple même aux unités combattantes. Grièvement blessé depuis au cours du bombardement de Villers-Franqueux. »

Q.G. 5 octobre 1914 signé d'Esperey.

Citation octobre 1914
Citation extraite de la revue À l'ordre du jour,
novembre-décembre 1914.
 
Ernest Capitant en mars 1915
1. Une photo inédite prise le 13 mars 1915 à Berry-au-Bac près de la Cote 108.
Hislaire, Roch et Capitant près de son PC. Photo : famille Capitant.
Mardi 6
Octobre 1914
20 Officiers - 1521 hommes
Rien de changé ni dans la situation ni dans sa mission du détachement.
Le stationnement du 28e Régiment à Villers-Franqueux est mis à profit pour nettoyer et remettre en état les armes, pour renouveler les effets d'habillement et d'équipement dans la mesure des ressources mises à sa disposition.

Pertes : Néant.

Ordre n°1
Le Colonel cite à l'ordre du Régiment

le médecin Aide Major de 2e classe Gassiot :
« A, dans toutes les occasions de la campagne fait preuve de zèle, de dévouement, d'un savoir technique très avisé et en particulier à Loivre d'un beau courage qui l'a porté à secourir les blessés jusqu'aux premières lignes dans des circonstances critiques. »
 
Mercredi 7
Octobre
SPA : 20 officiers -1523 hommes.
(2 hommes rentrés de convalescence)
Aucun changement ni dans la situation ni dans la mission.
Vers 22 heures, le 28e Régiment reçoit, comme renfort, un détachement de 90 territoriaux du 21e et du 22e du dépôt de Rouen, parmi lesquels se trouvent quatre sergents.
(1)
Pertes : Néant.
   
Charles de Bragelonge
1. Parmi ces territoriaux du 22e RIT, il y a certainement Charles de Bragelongne,
futur officier de 1915. Voir le lien ici.
 
Jeudi 8
Octobre
Situation de prise d'armes :
20 officiers 1613 hommes.
Rien de nouveau à signaler pendant la journée.
En plus de sa mission des jours précédents, le détachement est chargé, à partir de ce jour, d'occuper l'éperon du Moulin de Villers et d'assurer la surveillance du ravin SO-NE du pied de cet éperon.
Le Bataillon du capitaine Lascroux est chargé de la surveillance du ravin ; une demie-compagnie du 239e occupe l'éperon du Moulin de Villers (2 sections sur la face E, une sur la face N du plateau, le tout sous le commandement du Lieutenant [Kahn]). Ce dispositif nouveau a forcé à retirer un peloton du 239e de la réserve du secteur du 1er Bataillon.
Pertes : 5 hommes évacués.
 
Vendredi 9
Octobre
Situation de prise d'armes :
20 officiers 1608 hommes.
Situation inchangée.
À 18 heures, le détachement reçoit un renfort d'un peloton détaché du 6e Bataillon du 239e Régiment pour renforcer au château la réserve du 1er Bataillon.

M. Blondel, sous-lieutenant 27e Dragon est affecté au Corps comme agent de liaison par son Chef de Bataillon.

5 hommes de troupe sont rentrés de l'arrière où ils étaient en traitement pour maladie.
 
Samedi 10
Octobre
Situation de prise d'armes :
21 officiers. 1613 hommes.
Même situation, même mission.
Vers 1 h., une fusée suspecte part d'un point voisin de la station de Villers-Franqueux ; elle donne lieu à l'arrestation d'une femme soupçonnée d'espionnage. Les distributions qui se faisaient devant la station, vont désormais s'effectuer 200 mètres plus en arrière.
Pertes : Néant.
Un homme venu du 5e est affecté au corps.
 
Dimanche 11
Octobre



1. On retrouvera
le sous-lieutenant Hibert
jusqu'à la fin de la guerre.
Situation de prise d'armes :
21 officiers - 1614 hommes.
Aucun changement à signaler dans la journée.
Vers 20h., le détachement reçoit un renfort d'une Compagnie provenant du 6e Bataillon du 239e Régiment en vue des opérations à effectuer le lendemain par le 2e Bataillon.
Pertes : 9 blessés (au cours d'une reconnaissance).

Sous-lieutenant Hibert évacué pour raison de santé. 
(1)
 
Lundi 12
Octobre
Situation de prise d'armes :
20 officiers 1605 hommes.
Avant le lever du jour le 2e Bataillon du 28e (Capitaine Cotinaud
(1)) se porte sur la Rte nationale point 44 avec mission d'attaquer le bois du Moulin de Loivre et objectif ultérieur le Moulin de Loivre. Les artilleries lourdes et de campagne doivent préparer l'attaque. Cette préparation n'ayant pu se produire à temps, l'opération est remise au lendemain et le 2e Bataillon reçoit l'ordre de se replier à la nuit, sur Villers-Franqueux, en laissant toutefois un peloton sur la Route nationale. Dans sa mission des jours précédents (garde du flanc N du village), le 2e Bataillon est remplacé par le 5e Bataillon du 239e (Capitaine Mathieu)

Arrivent dans la matinée du 13 :
MM. Florentin Capitaine, et Veilliard, Lieutenant de Réserve, 7e Chasseurs, 4 officiers (dépôt).
   
Henri Cotinaud du 28e RI
1. Henri Cotinaud se distinguera lors de la contre-attaque du 23 janvier 1915 à Berry-au-Bac.
Comme de nombreux autres officiers, il sera blessé en mai 1915 en Artois.
 
Mardi 13
Octobre
Situation de prise d'armes :
22 officiers 1609 hommes.
A part le 2e Bataillon, les diverses unités du détachement de Villers-Franqueux conservent leurs missions des jours précédents. Avant le lever du jour, le 2e Bataillon réoccupe ses positions de la veille sur la Route nationale ; il a reçu au départ des boucliers d'acier
(1). Dans le courant de la journée, ce bataillon prononce une offensive vers le bois du Moulin de Loivre et parvient à avancer, dans cette direction, de quelques centaines de mètres. Pour la nuit, le Capitaine Cotinaud reçoit l'ordre de rester sur les positions qu'il a occupées et de s'y retrancher avec l'aide de 2 sections du génie.
Pertes : 7 blessés.
   
Bouclier de protection, modèle 1914
1. Modèle de bouclier de protection, modèle octobre 1914.
Merci à Joël pour le dessin.
 
Mercredi 14
Octobre
Situation de prise d'armes :
22 officiers 1602 hommes.
Reprise de l'opération du 2e Bataillon.
Le 2e Bataillon poursuit son objectif en s'avançant par son centre sur le Bois du Moulin de par ses ailes, sur les tranchées ennemies encadrent ce bois.
Sous le feu de l'artillerie, des mitrailleuses et des tranchées ennemies la progression est lente, malgré le concours des artilleries lourde et de campagne dont beaucoup de coups portent sur les tranchées ennemies. Mais l'adversaire, retiré dans des abris ne se porte dans les tranchées par les boyaux qui y conduisent, que lorsque l'infanterie est à courte portée ; ce qui explique le peu de pertes occasionnées par notre artillerie. A la fin de la journée, la ligne la plus avancée s'accroche au terrain à 150 m. de la lisière du petit bois ; est étayée sur sa gauche et sa droite par des fractions qui s'échelonnent vers la Route Nationale. La nuit tombée les éléments les plus avancés s'établissent en avant-postes de combat pour passer la nuit. Comme les lignes des tranchées ennemies, s'étendent parallèlement au canal, du Ruisseau du Luxembourg au village de Loivre, débordent de beaucoup le front du bataillon qui n'est appuyé ni à droite ni à gauche par aucune unité.
Les postes d'écoute de la partie la plus rapprochée du bois sont enlevés à la baïonnette par l'adversaire ; les fractions qu'ils couvrent sont prises entre des feux croisés qui les obligent à se replier sur les échelons situés en arrière. Le Bataillon perd ainsi l'avance il avait dans la journée et passe la nuit dans la même situation que la nuit précédente, dans les tranchées s'échelonnant jusqu'à 300 m. à l'Est de la Route nationale.
Pertes : 26 tués blessés ou disparus (2 T, 19 B, 5 D).
M. Mélikian médecin aide Major venu du Gr. [Btn] 3, est affecté au régiment.
   
Vue actuelle sur la ferme du Luxembourg
Vue actuelle sur la ferme du Luxembourg.
Photo : V. Le Calvez
 
Jeudi 15
Octobre
Situation de prise d'armes :
22 officiers 1576 hommes.
Le 2e Bataillon du 28e est relevé avant le lever du jour par le 5e Bataillon du 239e (Capitaine Mathieu). Toutes les unités du 239e qui faisaient partie du détachement de Villers-Franqueux sont replacées sous le commandement du Lieutenant Colonel Lèchere qui vient de reprendre le commandement de ce régiment. Le colonel Lèchere reçoit l'ordre de prolonger avec le 6e, le 5e Bataillon déjà établi à l'Est de la Route nationale. La mission de ce régiment est de construire des tranchées, comme dans la guerre de siège, pour se rapprocher peu à peu des tranchées ennemies qui s'étendent entre le Moulin de Loivre et le confluent du ruisseau du Luxembourg avec le canal. A la nuit tombante, le 5e Bataillon occupe seul les tranchées situées à l'Est de la Route nationale et le 6e Bataillon rejoint son cantonnement de Toussicourt. Vers 20h. une attaque ennemie violente éclate vers la gauche (Le Godat et même plus au Nord) et se propage peu à peu le long du canal vers la Ferme du Ruisseau des Fontaines tenue par le 119e le ruisseau du Luxembourg et les tranchées de la Route nationale occupées par le 5e Bataillon du 239e. La fusillade et la canonnade éclatent de part et d'autre et durent jusqu'à 24 heures, sans que les adversaires n'aient progressé d’un côté ou de l'autre. Le reste de la nuit se passe dans un calme relatif qui n'est troublé que par des feux intermittents. Les défenseurs des tranchées de la défense approchée de Villers-Franqueux n'ont pas eu à intervenir.
Pertes : 1 blessé (par balle perdue au cours de l'engagement de nuit).
4 évacués pour raison de santé.
 
Vendredi 16
Octobre
Situation de prise d'armes.
22 officiers 1571 hommes.
Il ne s'est rien produit qui soit à signaler.

Tableau d'Encadrement du Corps.
(1)

2 hommes sont rentrés de l'arrière où ils étaient en traitement.
 
L'encadrement du 28e RI pour octobre 1914 : cliquez sur l'image.
1. Lire ici l'encadrement du régiment pour octobre 1914
Samedi 17
Octobre
Situation de prise d'armes :
22 Officiers 1573 hommes.
Il ne s'est rien produit qui soit à signaler.
 
Dimanche 18
Octobre




1. Kléber Coursin décédera
le 29 mai 1915 suite
à des blessures reçues le 26 mai.
Il est enterré à Nœux-les-Mines. Voir sa tombe.
Situation de prise d'armes :
24 (vingt-quatre) 1572 Officiers.

Officiers
Gain
Adjudant Legorju promu sous-lieutenant à la date du 9 Octobre.
Adjudant Coursin promu sous-lieutenant à la date du 9 Octobre.
(1)

Troupe
Gain : 1 homme rentre de convalescence.
Perte : 2 hommes de troupe promus officiers.

Une reconnaissance est faite par le Colonel Commandant la 11e Brigade, le Lieutenant-Colonel commandant le 28e et le Commandant du Génie (3e Bataillon) pour établir une défense avancée de Villers-Franqueux aux abords de la Rte nationale. Les travaux commencent par le tracé de boyaux permettant de se rendre à couvert vers la route.
Les terrassiers d'Infanterie sont adjoints au génie pour l'exécution de ces travaux.
Dans la soirée du 18 est arrivé un détachement de 127 hommes venus du dépôt (premiers blessés) commandés par le sous-lieutenant Guillebot du 28e et est rentré aussi un homme (rentré de convalescence). Par contre, 4 hommes ont été évacués
Le Sous-lieutenant Borelli quitte le service téléphonique de la Brigade et rentre à sa Cie, la 3e.
 
Lundi 19
Octobre
Situation de prise d'armes :
26 Officiers - 1696 hommes.
Continuation des travaux de défense commencés la veille. Rien d’autre à signaler.
 
Mardi 20
Octobre
Situation de prise d'armes :
26 Officiers - 1696 hommes.
Constitution de la 2e Section de mitrailleuses dont le Lieutenant de Réserve Vieillard (7e Chasseurs) prend le commandement.
Rien de nouveau à signaler.
Dans l'après-midi arrive un détachement de 100 hommes du 239e.
5 isolés rentrent de convalescence.
4 hommes sont évacués.
 
Mercredi 21
Octobre





















































1. Le lieutenant Noblesse
est cité par Albert Thierry ici.
Situation de prise d'armes :
26 officiers 1797 hommes.

Le régiment reçoit dans la journée l'Ordre Général n°7 du 19 octobre 1914 du général commandant la D.I, dont ci-dessous extrait.

Le général Commandant la 6e D.I. cite à 1'ordre de la Division :

Gérard Charles :
"Le 14 septembre à Loivre, défendait les abords du pont du canal, contre les entreprises de l'ennemi. Tenait depuis 2 h quand il fut blessé par un éclat d'obus, a conservé le commandant de sa 1/2 section. Ayant été obligé d'abandonner son arme, est allé puiser des seaux d'eau dans le canal pour refroidir le canon des fusils de sa 1/2 section. Les obus ayant détruit la maison dans laquelle il se trouvait, a été blessé une 2e fois par l'écroulement de la maison. Avant de se rendre à l'ambulance est venu rendre compte à son Ct de Cie. Brillante conduite aux combats de Loivre et de Villers-Franqueux."

Sergt Blot Raymond, sergent Plat Joseph, sergent Colin René :
"Très belle conduite au feu".

St Paul Caporal, Méry 2e classe, Picolo 2e classe, Morel 2e classe :
"Très belle conduite au feu".


Girault Lucien, caporal fourrier :
"A fait preuve de courage et d'énergie en forçant une centaine d'allemands réfugiés dans une grange à se constituer prisonniers, sous menace d'incendie de la grange après l'attaque de nuit de Villers-Franqueux le 27 septembre."

A partir du 21 Octobre, le secteur du Régiment qui était occupé par le 28e et le 239e placés en lignes successives (28e en 1re ligne et le 239e en 2e 1igne est divisé en 2 secteurs occupés par les 2 régiments qui deviennent accolés, la ligne de séparation des 2 secteurs est marquées par le chemin de Toussicourt à Villers-Franqueux, la lisière N de ce village et le chemin de terre allant du cimetière de V-F au cimetière de Loivre.
La partie Nord est affecté au 239e, la partie Sud au 28e.

Le secteur du 28e est occupé comme il suit :
Le 1er Bataillon reste chargé de la défense de V-F et de ses abords.
Le 2e et le 3e Bataillons occupant la partie du secteur, la droite de l'un d'eux couvrant le flanc S du village et assurant la liaison avec le secteur de Maison Ragot, l'autre assurant la défense avancée aux abords de la Route nationale. Ces deux bataillons alterneront entre eux pour ces deux missions.
Le 239e prend alors le secteur de gauche, avec ses deux bataillons. Des mesures analogues : un bataillon est chargé de la gauche de Toussicourt et du flanc de Villers-Franqueux en assurant la liaison avec le secteur de Cauroy, l'autre bataillon forme la défense avancée aux abords de la Route nationale. Ces bataillons alternant entre eux par jour.
Dans la journée du 21, les travaux de la défense avancée n'ayant pas dépassé la Route nationale dans le secteur du 28e une compagnie du 2e Bataillon occupe seule les travaux de fortification effectués.

Pertes : néant.
Dans la nuit arrive du Dépôt commun des 129e et 329e I un renfort de 321 hommes comprenant :
1 adjudant
12 sergents
24 caporaux
284 soldats
Le Sous-lieutenant Noblesse, 5e Cie est évacué. 
(1)
 
Jeudi 22
octobre 1914




















1. C'est la première fois dans le JMO que des noms de soldats sont cités (blessés, tués et disparus).
Situation de prise d'armes :
25 officiers 2118 hommes.

Citations à l’ordre du Régiment
Ordre n°2
Le colonel cite à l'ordre du Régiment :

L’adjudant Joret, 8e Cie :
« Est resté avec sa section pendant toute la nuit derrière le parapet d'une tranchée ennemie à proximité de la lisière d'un bois occupé par l'adversaire, attendant l'exécution d'une attaque de nuit qui avait été projetée. A continué à maintenir sa section dans la même situation bien qu'une section le couvrait sur sa gauche ait été assaillie ; fait qui lui fut révélé par le tumulte qui en résulta. Ne s'est retiré sur le gros de son bataillon qu'au lever du jour et après en avoir reçu 1'ordre. »

Barray brancardier de la 11e Cie :
« A donné des preuves de dévouement en soignant après la retraite de son Bataillon et à l'issue du combat de Leernes, les officiers et sous-officiers blessés. Fait prisonnier par les Allemands s'est évadé et a regagné de suite le dépôt du Corps d'où il a pu être renvoyé sur le front avec un des premiers renforts. »

Rien de nouveau à signaler.

Pertes : un soldat blessé (May, 3e Cie)
 (1)
Un homme évacué.
 
Vendredi 23
Octobre
Situation de prise d'armes :
25 officiers 2116 hommes.
A midi le régiment reçoit l'ordre de céder son secteur au 274e et de se porter en réserve d'armée sur Gueux (Etat-Major, 1er et 3e bataillons) et sur Janvry (2e bataillon). La relève du 28e par le 274e commence à la tombée de la nuit et est terminée le 24 à 1 h.
Pertes : Néant.
Monsieur le Capitaine Testard de l'EM. de la 11e Brigade est nommé chef de Bataillon à la date du 19 octobre et prend le commandement du 1er Bataillon.
   
Les trois chefs de bataillon du 28e RI en mai 1915
Raymond Testard sera tué en juin 1915 lors d'une reconnaissance au nord de Neuville-Saint-Vaast.
Voir ici sa sépulture.
 
Samedi 24
Octobre
Situation de prise d'armes :
26 officiers 2116 hommes.
Relevé à 1 h du matin par le 274e le régiment se porte sur les cantonnements ci-dessus indiqués en 4 échelons :
1) le train de combat  partant à 0h,
2) le 2e Bataillon à 2h,
3) le 1er Bataillon à 3h et
4) le 3e Bataillon à 3h50.
Le régiment entre dans son cantonnement au lever du jour et forme avec le 39e (plus deux escadrons du 11e hussards et un groupe de l'A 3), une brigade mixte de réserve d'armée placée sous le commandement du Colonel Hugot Dorville.

Le colonel a reçu la carte suivante :
" Les soussignés, habitants de Loivre, émigrés à Trigny sont heureux de vous féliciter à l'occasion de votre mise à l'ordre de l'armée. Les journées terribles du 13 et du 14 septembre, les obus s'abattant en rafale, la fusillade ininterrompue, les cris des combattants, la défense du pont du Canal, nos maisons, hélas brûlant et s'effondrant, tout cela sera à jamais présent à nos mémoires et votre nom restera avec celui de vos officiers associé dans nos souvenirs à celui de votre intrépidité, du courage de vos soldats et de ces heures tragiques que nous avons vécues avec vous.
Trigny le 2 Octobre 1914
suivent 20 signatures."
Pertes : 3 évacués.
 
Dimanche 25
Octobre
Situation de prise d'armes :
26 Officiers 2113 hommes
Le régiment stationne dans mêmes conditions que la veille.
A la date du 21 Octobre, l’adjudant chef Langlet et l'adjudant Danglard (réserve) sont nommés sous-lieutenants.
Pertes : un homme évacué.
 
Lundi 26
Octobre

Situation de prise d'armes :
28 Officiers 2112 Hommes.
Le régiment se porte de ses cantonnements de la veille sur Baslieux-les-Fismes où cantonnent les 3 bataillons. Le 39e
(1) et l'Etat Major de la Brigade cantonnent à Courlandon.
Dans la soirée 3 hommes sont portés déserteurs. 5 évacués.
   
Je t'écris de la tranchée, Roland Dorgelès1. Roland Dorgelès est mitrailleur au 39e RI.
Il écrit :
"Notre régiment, moins pressé (nous formons une division de réserve), se repose à Courlandon, près de Fismes, entre Reims et Soissons.

Au bout de la ruelle où je suis, la petite église dresse sa façade crevée par les obus.
Nous continuons à distribuer aux hommes des ceintures de flanelle, des tricots, des chaussettes. Je t'assure qu'ils n'auront pas froid.
J'ai tellement marché depuis mon départ de Paris (2 mois déjà), que les talons de mes chaussures sont crevés ! Le coordonnier de la compagnie m'a mis une pièce, mais j'ai le talon gauche un peu écorché. Heureusement que je ne marche plus."
   
Mardi 27
Octobre
Situation de prise d'armes :
28 Officiers 2104 Hommes
Rien de nouveau. Les chefs de bataillon font exécuter des exercices de combat aux environs du cantonnement et prennent les mesures nécessaires pour assurer la propreté corporelle des hommes et l’entretien des armes et des effets.
Le soir les 3 déserteurs rentrent.
Perte : 2 évacués.
 
Mercredi 28
Octobre
Situation de prise d'armes :
28 Officiers 2105 Hommes.
Rien de nouveau. Même emploi du temps que la veille.

Ordre n°4
Le colonel cite à 1'ordre du Régiment :

le soldat 2e classe [Quernin], CHR.
« A assuré son service de cycliste par tous les temps et dans toutes les circonstances avec intelligence et dévouement et a montré depuis le début de la guerre une parfaite compréhension du devoir ».
 
Ernest Capitant et son état-major, Fismes, octobre 19-14
Ernest Capitant et son état-major à Fismes à la fin octobre 1914.
On reconnaît au premier rang : le commandant Hislaire, le lieutenant-colonel Capitant et le capitaine Roch.
Au second plan (à partir de la gauche) : les capitaines Jérôme,  Jacony et Clouard.
Photo : famille Capitant.
Jeudi 29
Octobre

1. Charles Ponderbacq
sera fait prisonnier
le 26 mai 1915.
Situation de prise d'armes :
28 Officiers 2105 Hommes.
Rien de nouveau. Même emploi du temps que la veille. Dans la matinée est arrivé du dépôt d'Evreux un renfort composé de 3 officiers de réserve les sous-lieutenant Bourgeois, Ponderbacq
(1), Cousin de [Mauvoisin], et de 129 hommes de troupe.
 
Vendredi 30
Octobre
Situation de prise d'armes :
31 Officiers 2234 hommes.
Le régiment fait route de Baslieux-les-Fismes à Bouvancourt où il cantonne.
Départ de Baslieux-les-Fismes à midi 1/2.
Arrivée à Bouvancourt à 16 heures 30.
Le régiment cesse de faire partie de la brigade mixte de réserve d'armée pour appartenir de nouveau à la 6e DI, 11e Brigade.
4 hommes évacués pour raison de santé.
Samedi 31
Octobre



















1. Louis Gallais venait du Havre. Il est enterré à la nécropole
de Cormicy.
S.P.A. : 31 officiers 2230 hommes
Le régiment se porte de Bouvancourt à Cormicy où il vient relever en première le 84e Régiment d’infanterie.
Départ de Bouvancourt à 16h.
Arrivée à Cormicy à 18h 30.
A 23h. le 84e est relevé par le 28e dont les emplacements sont les suivants :
1er Bataillon : sur la rive E du canal de l'Aisne entre le Godat (exclu) et la Neuville (exclue)
2e Bataillon : rive E du canal de l'Aisne entre La Neuville (incluse) et l'écluse à 1 kilomètre N. de la Neuville (exclue).
3e Bataillon : rive S du canal entre l'écluse précitée (incluse) et le chemin de terre de Berry-au-Bac à Cormicy. Les abords E. de Cormicy sont occupés par le 24e régiment d'inf. placé en seconde ligne.
Le régiment s'appuie à droite, au Godat, au 5e Régiment d'Infanterie, à gauche à la cote 108, à la ferme Moscou et à Berry au 148e Régiment d'Infanterie.
La 11e Brigade occupe ainsi le secteur compris entre la voie ferrée de Cormicy à Berry-au-Bac d'un côté et le ravin situé à l'E. de la cote 93 entre Saint-Aubeuf et Maison Blanche de l'autre. Le P.C. se trouve au pont, sur le canal, conduisant de Cormicy à La Neuville. Ce poste est relié téléphoniquement d'une part à la brigade à Cormicy, d'autre part au P.C. de chacun des 3 Bataillons.
Pendant la nuit et vers la fin de la relève, l'ennemi prononce une attaque sur le 5e régiment d'infanterie et la droite du 28e. Cette attaque se borne à un engagement par feux, au cours duquel un soldat (Gallais, 1re Cie)
(1) est tué et un autre (Fauveau, 1re) blessé.

Deux hommes ont été évacués pour raison de santé.
   
Le 28e RI en novembre 1914



Remerciements :
- à Anne Granger qui a effectué la transcription du JMO.

- à Stéphan Agosto, la famille Capitant, Olivier Gager, Joël Huret, Jean-Marc Moltchanoff, Jean-Claude Poncet, Jacky Tessier.


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