Extrait commenté du Journal de marches et d'opérations (JMO). Disponible au SHD de Vincennes. Cote 26 N 603.

Attention, il s'agit d'une transcription. J'ai peut-être fait des erreurs de transcription et de copie.
N'hésitez-pas alors à me faire part de vos remarques, par mail.

Le sigle S.P.A. signifie : Situation des prises d'armes.

Les passages écrits en vert sont des remarques personnelles. Les termes mis entre crochets sont des mots que je n'arrive pas à déchiffrer.


Mardi 1er septembre Situation de prises d'armes
29 officiers 1907 hommes.
Le régiment va cantonner à Longueval et reçoit dans la journée un renfort de 4 officiers et 1048 hommes.

 

Les différents ouvrages d'Albert Thierry
Parmi ces 1048 hommes : l'écrivain Albert Thierry venu du dépôt d'Évreux.
Lire ici son carnet de guerre pour la période août-septembre 1914.

 
Mercredi 2 septembre



1. Le colonel Allier est tout simplement limogé.
Situation de prise d'armes.
29 officiers 2995 hommes.
Vivres jour de sac, de jour : au complet.
Munitions au complet : 96 cartouches par homme.
Le régiment cantonne à Verneuil-sur-Marne. Dans la matinée du 2 septembre vers 9 heures, après Longueval le Colonel (1) quitte le régiment dont le commandement en est confié définitivement au Commandant Denvignes du 24e Régiment d'Infanterie. 

 
Jeudi 3 septembre Situation de prises d'armes.
29 officiers 2995 hommes.
Départ du cantonnement à 5h45 pour Dormans, le 28e prend position face au N. sur la rive gauche du la Marne pour en interdire l'accès. A 10 h le 1er Btn est chargé de la garde immédiate des ponts. Le 2e Btn garde les issues même de Dormans N.E.
Le 3e Btn est à la disposition de M. le Général commandant la 11e Brigade. A 11 h 1/2 la garde immédiate des ponts est toujours confiée au 1er Btn qui se retire en ne laissant qu'une Cie à la défense des ponts et va se porter à gauche du 3e Btn qui est en réserve. Les positions occupées par les Btns sont conservées.
Le Bivouac est établi.

Pertes 9 blessés.
(Blessé Gal Hollender)

   
Vendredi 4 septembre










1. Gaston Potin sera tué à Loivre
le 14 septembre.
Il est enterré dans le cimetière d'Hermonville. Voir sa sépulture.
Situation de prise d'armes.
29 officiers 2986 hommes.
Vivres jour de sac, de jour : au complet.
Munitions au complet : 96 cartouches par homme.
3 heures
Les positions de la veille sont dégarnies le régiment se dirige sur Vauchamps par Igny-le-Jard, Verdon et Fontaine. Le convoi qui précédait la colonne a été fortement désorganisé au Bois situé au N. de Vauchamps. Grâce à l'énergie des sergents Cana et Dordoigne aucune voiture n'a été laissée sur place.
Le 28e a eu de nombreux blessés.
Ct Denvignes du 24e
391 hommes blessés tués disparus
Lt Schiffer tué
SLt Desmare blessé
Le Capitaine Potin prend le commandement du Régiment. (1)

   

Détail du monument de la ferme des Thomassets
Détail du monument de la ferme des Thomassets (Photo : Florent D.)
On pourra lire ici plusieurs témoignages et cartes sur cette journée du 4 septembre 1914.
C'est lors de cette journée qu'Albert Thierry fut blessé.

Relevés des tombes des soldats tués aux Thomassets le 4 septembre 1914.
Relevés de 1915-1916 des tombes des soldats tués aux Thomassets le 4 septembre 1914.
Archives nationales de Fontainebleau.

 
Samedi 5 septembre Situation de prise d'armes.
25 officiers 2595 hommes.
Vivres jour de sac, de jour : au complet.
Munitions au complet : 96 cartouches par homme.
Le régiment quitte Fontaine-le-Bon à 2 h et se dirige sur Louan où il bivouaque.

 
Dimanche 6 septembre Situation de prise d'armes.
25 officiers 2595 hommes.
Départ du bivouac à 4H30 direction St Genest offensive générale le 28e est à la Ferme du Ht Grée, il a à sa droite le 24e.
Une demande pour recompléter les 3 sections de mitrailleuses en matériel a été adressée à M. le Général Commandant l'artillerie. De là le régiment se dirige sur Villouette où il prononce l'attaque des Chataigniers et où il subit des pertes assez importantes (particulièrement le 2e et 3e Btn). Organisation défensive de Villouette et de la Ferme de Champfleury.
Pertes éprouvées
301 tués blessés ou disparus

 

Extrait de l'historique du 28e RI : 6-8 septembre 1914
Extrait de l'historique du 28e RI pour septembre 1914 (Lieutenant Jouannon, 1923).

 
Lundi 7 septembre Situation de prise d'armes.
25 officiers 2294 hommes.
Vivres jour le sac, de jour : au complet.
Munitions au complet : 96 cartouches par homme.
Le 7 au matin combat de Champfleury où la 3e Cie (Lt de Witte) se distingue par une brillante résistance, cette Cie et certaines du 2e et 3e Btn subissent quelques pertes. L'ennemi se retire. Une colonne de Division est formée dans laquelle le 28e est compris marchant sur Courgivaux et Champagnemet où il bivouaque.
Pertes éprouvées : 65 tués blessés ou disparus.

 
Mardi 8 septembre Situation de prise d'armes.
25 officiers 2229 hommes.
Vivres jour de sac, de jour au complet.
Munitions au complet : 96 cartouches par homme.
En exécution de 1'ordre d'opération n° 32, le régiment fait partie de la colonne E.
(le mouvement en avant du 3e Corps s'exécutant en 3 colonnes). Il quitte Champagnemet à 4 h du matin et se dirige par Joiselle, Léchelle sur Morsains où il cantonne.

 
Mercredi 9 septembre Situation de prise d'armes.
25 officiers 2229 hommes.
Vivres jour de sac, de jour au complet.
Munitions au complet : 96 cartouches par homme.
Le régiment se porte de Morsains et St Gillard sur Courbouvain où il cantonne.



Extrait de l'historique du 28e RI : 6-8 septembre 1914
Parmi les pantalons rouges de septembre 1914 : Robert Tessier.
Un grand merci à Jacky, son petit-fils.

 
Jeudi 10 septembre Situation de prise d'armes.
25 officiers 2229 hommes.
Vivres jour de sac, de jour au complet.
Munitions au complet : 96 cartouches par homme.
Le régiment fait partie du gros de la colonne du 3e C.A. qui se dirige sur Jaulgonne par Verdon, Violaine, Montmançon, Montigny, Condé, Commigis. L'ordre de stationnement fixe le cantonnement à Courtemont-Varennes.
(Note 626 S/C 6e Don Lt Col Capitant)

 
Vendredi 11 septembre Situation de prise d'Armes.
25 officiers 2229 hommes.
Vivres:jour de sac, de jour au complet.
Munitions : au complet : 96 cartouches par homme.
Le régiment se porte de Courtemont-Varennes sur Vézilly où le régiment cantonne. Dans la journée, le Colonel Capitant prend le commandement du régiment. Au cours de la route, le Lt Colonel Capitant, du 5e régiment d'infanterie, prend le commandement du régiment (11 Septembre).

 

Ernest Capitant, lieutenant-colonel du 28e RI (11 septembre 1914-26 mai 1915)
Ernest Capitant, du 5e RI, commandera le 28e RI jusqu'en mai 1915 où il sera blessé.
Photo : famille Capitant.

 
Samedi 12 septembre Situation de prise d'Armes
26 officiers 2229 hommes.
Vivres : jour de sac, de jour au complet.
Munitions : au complet : 96 cartouches par homme.
Dans la journée du 12, le régiment se porte sur Chenay où il cantonne. Le Btn Videau est engagé à la gare de Muizon il y éprouve quelques pertes.
Environ 13 blessés.

   
Dimanche 13 septembre
















1. Le capitaine Fevre est enterré dans à Cormicy.
Situation de Prise d'Armes.
26 officiers 2216 hommes.
Vivres : jour de sac, de jour au complet.
Munitions : au complet:96 cartouches par homme.
Le régiment fait partie de la colonne de gauche du 3e C.A. qui se dirige sur Brienne par Villers Franqueux et Orainville.
Au débouché de Villers-Franqueux le 3e Btn A.G du régt reçoit des feux d'Infanterie partis de Loivre. Grâce à l'appui de l'artillerie le régt peut progresser jusqu'au delà du canal de Loivre et prononcer une attaque sur Berméricourt. 15 h il doit se replier sur la rive S. du canal où il combat jusqu'au soir 18 h.
Une attaque prononcée par le 24e sur le lisière O. des Bois de Brimont et un mouvement enveloppant dirigé sur la droite par la 12e Bde permettent au régiment de reprendre l'offensive. Il ne peut toutefois conquérir le point d'appui de Berméricourt. Le régiment cantonne dans Loivre.
Les AP occupent Loivre et les écluses entre Courcy et Loivre.

Pertes éprouvées :
Cne Fevre tué (1)
Lt Monjou tué
Cne Videau blessé

Lt de Witte blessé. Girault blessé.
Environ 10 tués et 273 blessés.

Soldat s’étant fait remarqué : Lecanut, blessé, à proposer pour une citation.

Citation du soldat Lecanut
Citation extraite de la revue À l'ordre du jour,
novembre-décembre 1914.

 

  Carte de Loivre (1913)
Loivre se trouve au nord de Reims à l'Est de la route nationale 44.
Le village sera détruit pendant la Grande Guerre.

 
Lundi 14 septembre 1914 Situation de prise d'armes : 21 officiers 1933 hommes.
Vivres pour le sac, de jour au complet.
Munitions au complet : 96 cartouches par homme.

4h30
Le Régiment reprend ses emplacements de combat. Les Bataillons Potin 28e et Delaunay 24e prononcent une attaque sur les Bois Ouest de Brimont. Le but à atteindre est de gagner la corne N.O. de ce Bois et de s'y maintenir coûte que coûte.
Le Régiment reçoit l'appui d'un bataillon du 74e (Plessis) et de 2 bataillons du 24e (Nicolas et Delaunay). Le groupement des 6 bataillons (3 du 28e, 2 du 24e, 1 du 74e ) est placé sous les ordres du Lieutenant-Colonel Capitant commandant le 28e avec ces 6 bataillons le Lieutenant-Colonel reçoit 1'ordre de tenir ferme à Loivre en s'efforçant de conserver la possession des passages du Canal.

dessin du secteur de Loivre
Dessin du secteur de Loivre

14h30
Une reconnaissance envoyée en avant du pont n’a pas pu s’avancer au-delà de 500 mètres, ayant reçu des coups de fusils du mur de Ribermont. La 7e Cie occupe toujours le pont. La 8e est dans le village.
Malgré un feu d'artillerie épouvantable, le régiment tient toujours La nuit tombe sur les barricades enflammées que la 7e commandée par le Lieutenant Cottinaud occupe quand même. Le régiment bivouaque à 500 m environ en arrière de Loivre en ligne de colonne double.

Pertes éprouvées :
Capitaine Potin tué. (1)
Lieutenant Bagueniez-Désormaux, blessé.
Environ 140 tués, blessés ou disparus.

 

La sépulture du capitaine Gaston Potin, enterré dans le cimetière d'Hermonville (51)
1. La sépulture du capitaine Gaston Potin, enterré dans le cimetière d'Hermonville (51).
Ce capitaine est mort le jour de son anniversaire.
Selon les souvenirs de Jean Bouteiller publiés dans le n°64 du bulletin de l'amicale des anciens du 28e RI,
le capitaine Potin aurait été mortellement blessé par balle (s) de shrapnels
alors qu'il était sous le porche de l'hôtel du cheval blanc de Loivre.
Photo : Stéphan Agosto.
La mort de Gaston Potin du 28e RI

 
Mardi 15 septembre 1914 Situation de prise d'armes : 19 officiers 1793 hommes
Vivres au complet. Jour de sac, de jours.
Munitions au complet : 96 cartouches par homme.

L'offensive est reprise sur tout le front. Le Colonel Capitant disposant de tout le 28e de 2 bataillons du 24e de 6 compagnies du 74e reçoit 1'ordre de reprendre l'offensive dans la direction générale Orainville.

5h30
Reprise de l'offensive, en même temps que l'offensive du détachement Capitant une offensive est prononcée par la 12e Brigade et une autre brigade de la réserve d'armée par Ferme Sainte-Marie sur Merlet et Berméricourt.

9h05
Le régiment reçoit ordre de modérer le mouvement en avant pour permettre à l'artillerie de bousculer l'artillerie adverse.

10h30
Il faut tenir à tout prix à Loivre et sur le canal.

11h20
Le détachement va se maintenir à tout prix sur le canal, nos troupes progressant sur notre droite et sur notre gauche et ne devant pas tarder à faire tomber Brimont et Berméricourt. De ces points toutefois l'artillerie et l'infanterie allemandes accablent de leurs projectiles la garnison de Loivre.

12h10
Renoncer jusqu'à nouvel ordre à tout mouvement offensif afin de faire économie d'hommes de manière à assurer le débouché du canal.
Le Régiment bivouaque à l'emplacement de la veille. Vers minuit le service des renseignements signalant une attaque de nuit probable, le régiment prend les armes et se forme dans la plaine en formation articulée ouverte, baïonnette au canon. Le canal et les écluses sont toujours tenus fortement.

Pertes éprouvées :
Environ 194 tués, blessés ou disparus.

  

  Le monument aux morts de Loivre (51)
Le monument de Loivre rend hommage aux combattants du 28e et 24e RI.
Une palme de l'Amicale du 28e RI fut posée dans les années 70 par les anciens de Loivre.
Photo : Jean-Claude Poncet

Le nom de Maurice Martin sur l'ossuaire-monument de la ferme de Navarin. Photo : T. Cornet
Certains soldats tués ou blessés à Loivre sont enterrés à plusieurs dizaines de kilomètres de Loivre.
C'est le cas de Maurice Martin dont le corps repose dans l'ossuaire-monument de la ferme de Navarin
à plus de 60 kilomètres de Loivre. Martin est-il décédé en captivité ?
Photos : T. Cornet.

   
Mercredi 16 septembre 1914





1. Concernant le 74e RI,
n'hésitez pas à consulter
 le blog sur le 74e RI,
modèle du genre.
 
Situation de prise d'armes : 19 officiers 1599 hommes
Vivres Jour de sac, de jour au complet.
Munitions au complet : 96 cartouches par hommes

5h
Reprise de l'offensive, Le bataillon Plessis (74e) (1) doit s'efforcer de se maintenir jusqu'à hauteur de la voie ferrée, deux bataillons du 24e reçoivent 1'ordre de se porter par les pentes N.O. de Loivre face à la lisière O. de Berméricourt en restant en liaison avec Loivre.
Le Capitaine Hislaire
(2) du 28e dirige cette opération. L'attaque est préparée par l'artillerie. L'action se continue dans la journée avec des alternatives de succès et de reculs partiels. Loivre subit un bombardement intense de l'artillerie allemande.
Une à une les maisons s'écroulent rendant très difficile la situation des défenseurs du village.
L’action de l'ennemi se borne d'ailleurs à peu près durant cette journée à écraser de projectiles les maisons de Loivre.

18h15
On craint que l'ennemi ne cherche pendant la nuit à franchir le canal en créant au besoin de nouveaux points de passage, par exemple à l'aide de péniches abandonnées sur le canal.
Les troupes stationnent dans Loivre.
Les A.P. derrière leurs barricades ou dans les tranchées. Devant la situation devenue intenable sous le bombardement, le Colonel décide de préparer en arrière du village et en particulier sur la crête du moulin des tranchées où pourront s'abriter les défenseurs. Les nouvelles positions seraient occupées pendant la nuit et le travail aussitôt commencé permettra aux occupants des tranchées d'être soustraits au bombardement.
Pertes éprouvées : 19 tués ou blessés.

   

Achille Hislaire, chef de bataillon du 28e RI
Achille Hislaire fut tué en septembre 1915 lors des offensives d'Artois.

 
Jeudi 17 septembre 1914 Situation de prise d'Armes : 19 officiers 1580 hommes.
Vivres jour de sac de jour au complet.
Munitions au complet : 96 cartouches par homme.

4h
Le Colonel se rend personnellement sur la crête du moulin pour se rendre compte de l'occupation des tranchées qu'a du faire le 24e. Mais celui-ci, en retard dans l'exécution du mouvement se porte seulement à son emplacement.
Ce mouvement de troupe, quoique léger, a pour effet de déchaîner de Brimont une rafale d'obus. La plaine est littéralement battue. Le PC de Commandement du Colonel repéré avec soin par une batterie allemande est écrasé sous un obus (un agent de liaison tué, 3 grièvement blessés).
La position est intenable et le Colonel doit reporter son poste de commandement à la première maison du village.
Le régiment cependant tient toujours : 1'ordre est de tenir coûte que coûte.
Durant toute la journée des offensives partielles allemandes sont tentées, immédiatement repoussées par nos retours offensifs appuyés d'ailleurs par une action énergique de l'artillerie en liaison parfaite avec l'infanterie. L'action est particulièrement vive sur les écluses et du côté du cimetière et des boqueteaux qui l'environnent. Non seulement le détachement ne peut plus songer à prendre l'offensive, mais il faut encore toute l'énergie et tout le dévouement déployés par les Capitaines Hislaire (28e) Simon et Plessis (74e) pour obtenir des hommes que la volonté du Colonel : tenir quand même soit respectée : le bombardement systématique du village continue en effet. La moitié des maisons est en flammes. Les éboulements font craindre pour la sécurité des défenseurs des barricades dans les rues. Une attitude nettement défensive est adoptée. Le Régiment se borne à empêcher tout franchissement du canal. Les hommes sont exposés aussi peu que possible.

17h40
Quelques factions allemandes ayant réussi à passer sur la rive S. du canal sont attaquées et repassent vivement sur la rive N.
A la nuit le bombardement cesse et le détachement couche sur ses positions.

Pertes éprouvées :
environ 2 tués 62 blessés pour le 28e et environ 100 blessés et 10 tués pour l'ensemble du détachement.

Le 17 septembre sont nommés sous-lieutenant à titre provisoire et pour la durée de la guerre Borelli et Virolleaud.

   

Maurice Charpentier, tué à Loivre en septembre 1914
Maurice Charpentier fut l'un des nombreux soldats tués à Loivre.
Certains d'entre eux sont enterrés dans la nécropole nationale de la .

 
Vendredi 18 septembre 1914






1. Il s'agit de
Gustave Déconihout.
Situation de prise d'armes : 19 officiers 1516 hommes.
Vivres : un jour de sac, de jour au complet.
Munitions : au complet : 96 cartouches par homme.
La situation reste la même 1'ordre est de tenir coûte que coûte, en raison de ce que l'armée doit prendre l'offensive au Nord de l'Aisne.
L'action ennemie toute cette journée se borne à finir d'écraser le village de projectiles (obus 205 m/m). Le poste de commandement du Colonel reçoit un de ces projectiles. Le drapeau est cassé. L'officier porte drapeau est écrasé
(1) avec une partie de la garde et de la C.H.R. la situation devient décidément intenable.

Les frères Piot du 28e RI, tués à Loivre le 18 septembre 1914
Lors de ce bombardement, les deux frères Piot sont tués en même temps...

10h15
Un nouveau front de résistance de la 11e Brigade sera constitué par les centres de résistance Loivre, Moulin de Loivre et par le Bois S.E de Chauffour face à Courcy.
Le Lt Colonel Capitant conservera sous ses ordres les troupes dont il dispose actuellement moins la Cie Douglas (24e), Charlier (74e) et les 2 compagnies Cottinaud qui passent sous les ordres du Lieutenant Colonel Pineau.
Cependant l'écrasement continue la situation devient intenable.

A 19h45 le Colonel reçoit 1'ordre suivant du général de brigade : Le groupement de Loivre pourra commencer son mouvement de repli par petits paquets comme il a été prescrit.
Signé Heriot

A 22h30 le détachement commence à se porter de Loivre sur la croisée des chemins à 2km500 à l'O. de Fort St Thierry. Le mouvement s'opère en ordre dans le plus grand silence sous une pluie battante sans que le détachement soit inquiété par l'adversaire. En raison du mauvais temps et de la fatigue que viennent de supporter les hommes le Colonel Capitant prend sur lui d'abriter son détachement dans le Fort St Thierry même.

Pertes éprouvées :
Drapeau cassé.
Sous-Lieutenant Deconihout tué.
Environ 20 tués et blessés.

   
Samedi 19 septembre 1914 Situation de prise d'Armes : 18 officiers 1496 hommes
Vivres au jour de sac, de jour au complet.
Munitions : 96 cartouches par homme.

4h départ du Fort St Thierry. Le régiment est rassemblé au B. 2k500 O. de Fort St Thierry. Répartition dans les Cies actives du détachement de 420 hommes venu du Dépôt et du Capitaine [Jablot] et le Lieutenant Degraine.
Les 1er et 2e Btns du 24e sont remis à la disposition du Lt Colonel Ct le 24e les 2 cies du 28e  et celles du 74e sont relevées par le 24e.

A la fin de la journée, la composition du détachement Capitant est la suivante :
28e en entier
74e  (Btn Plessis)
Le Btn Plessis cantonne à Fe St Joseph avec le 2e Btn du 28e.

Le 28e (EM, 1er et 3e Btn) cantonne au château d'Hervelon. (cantonnement bivouac).

   

Le fort de Saint-Thierry
Entrée du fort de Saint-Thierry. Photo : Jean-Claude Poncet

 
Dimanche 20 septembre 1914 Situation de prise d'armes : 20 officiers 1916 hommes
Vivres jour de sac, de jour au complet.
Munitions au complet : 96 cartouches par homme.
Le régiment est en réserve au cantonnement bivouac.
EM, 1er et 3e Bataillons château d'Hervelon.
2e Bataillon Ferme St Joseph.

 
Lundi 21 septembre 1914 Situation de prise d'armes : 20 officiers 1916 hommes.
Vivres jour de sac, de jour au complet.
Munitions au complet : 96 cartouches par homme.
Le régiment est en réserve au cantonnement bivouac.
EM et 3e Bataillons au Château d'Hervelon.
2e Btn Fe St Joseph.
A 18h un Btn du 28e (1er Btn Nicot) est mis à la disposition du général commandant le secteur de gauche et devra être rendu à Marzilly à 19h.

 
Mardi 22 septembre 1914 Situation de prise d'armes : 20 officiers 1916 hommes.
Vivres jour de sac, de jour au complet.
Munitions au complet : 96 cartouches par hommes.
Le régiment est en réserve générale.
EM et 3e Bataillon au Château d'Hervelon.
2e  Bataillon Ferme St Joseph.
Le Bataillon Nicot (1er Bataillon) est toujours à la disposition du général commandant le secteur de gauche.

 

 Le 28e RI du 19 au 23 septembre 1914
Du 19 au 23 septembre 1914 le 28e RI se tient se réserve à l'Ouest de Villers-Franqueux.

 
Mercredi 23 septembre 1914 Situation de prise d'armes : 21 officiers 1916 hommes.
Vivres jour de sac, de jour au complet.
Munitions au complet : 96 cartouches par homme.

5h10
D'après l'ordre d'engagement, la 11e Brigade reçoit 1'ordre d'attaquer Loivre (24e Inf). Le 28e se portera au château de Toussicourt à la disposition du général de Brigade.

8h
Le régiment est au château de Toussicourt  en formation articulée.

14h25
Le Lt Colonel reçoit 1'ordre de porter un bataillon au bois à l'Ouest de Villers-Franqueux. Ce bataillon (Bataillon Eude, 2e) est mis à la disposition du Colonel commandant la l1e brigade et doit se tenir prêt à occuper les tranchées de la ligne de défense principale établies autour de Villers-Franqueux.

17h15
2 compagnies du 28e (Bataillon Eude 2e) seront portées dans les tranchées de la route nationale n°44 comme repli éventuel (ne devant pas être employées à l'attaque de Loivre). Ces deux Cies sont mises sous les ordres du Lieutenant Colonel Pineau commandant le 24e.
Les 2 autres compagnies du Bataillon Eude resteront dans le bois à l'Ouest de Villers-Franqueux à la disposition du Colonel commandant la 11e Brigade.
Le Régiment (EM, 1er et 3e Bataillons) stationné au cantonnement bivouac aux abords du Château de Toussicourt.

 
Jeudi 24 septembre 1914 Situation de prise d'armes : 21 officiers 1916 hommes.
Le 28e est en réserve au Château de Toussicourt à la disposition du général de Brigade, derrière le 24e qui occupe en 1ère ligne Villers-Franqueux et les abords de Loivre.
A la tombée de la nuit, le 28e relève le 24e. Le 3e Bataillon va occuper la ligne avancée constituée par la Crête du Moulin, le 2e Bataillon laissant 2 compagnies à l'Ouest du Bois de Villers-Franqueux, à la disposition du général de Brigade, va occuper avec deux autres compagnies les tranchées de la Route nationale n°44  (liaison avec 239e à droite, avec 119e à gauche). Le 1er Bataillon occupe le point d'appui organisé de Villers-Franqueux à l'Est du village.
Cette opération s'est effectuée sans incident au cours de la nuit.

 
Vendredi 25 septembre 1914 Situation de prise d'armes : 21 Officiers 1916 Hommes.
Le Régiment occupe les mêmes emplacements que la veille. Il doit s'efforcer de renforcer les travaux de défense et se maintenir à tout prix devant Loivre. Le 3e Bataillon (Bataillon Lascroux) occupe le Moulin et le boqueteau.
Le 2e Bataillon (Bataillon Eude) est sur le mamelon Est de Luxembourg (liaison avec le 119e), sur Route nationale n°44 et une compagnie au Bois du Chauffour en liaison avec 239e. Le 1er Bataillon (Bataillon Nicot), à la défense immédiate de Villers-Franqueux. Dans la soirée, le Régiment reçoit 1’ordre de constituer une légère avancée d'une Cie au Moulin.
Une ligne de résistance principale dans les tranchées de la Rte Nie et, plus en arrière, la défense immédiate de Villers-Franqueux. En conséquence, il est réparti comme suit:

3e Bataillon :
12e Cie au Moulin
2 Cies sur Rte Nationale, la droite à la corne O. du Bois du Chauffour.
1 Cie à la corne N. et sur la lisière N.O. du même bois.

2e Bataillon
Une Cie Croupe S.E. de Luxembourg.
Une Cie sur Rte nationale.
Deux Cies sortie Ouest de Villers-Franqueux à la disposition du général de Brigade.

1er Bataillon
Reste aux tranchées de Villers-Franqueux.

Toutes ces modifications s'effectuent à la faveur de la nuit.
Pertes : environ 19 blessés au 3e Bataillon.

 
Samedi 26 septembre





























































1. Paul Eude décédera
des suites de ses blessures.
Voir une courte présentation
de cet officier.
Situation de prise d'armes : 21 officiers 1897 hommes.
Avant le lever du jour, la compagnie du Moulin attaquée brusquement, se rejette sur la route nationale et entraîne dans son mouvement de repli la compagnie placée derrière elle sur la route nationale. Les compagnies du Chauffour et du Luxembourg conservent leurs positions.

Plan de Loivre et de Villers-Franqueux
Plan de Loivre et de Villers-Franqueux

Hermann Löns, tué le 26 septembre 1914
L'écrivain Hermann Löns fait partie du 73e IR allemand.
Il sera tué ce 26 septembre. Pour en savoir plus, voir le lien ici.

Les compagnies restantes du 3e Bataillon s'établissent en réserve sur le flanc Sud du village.
La 2e Compagnie restante du 2e Bataillon sur le flanc Nord du village. Les 3e et 2e Bataillons tentent à plusieurs reprises de reprendre possession des tranchées de la route nationale mais elles ne peuvent que s'en rapprocher, arrêtées chaque fois par un feu meurtrier d'artillerie.
Les pertes subies par ces deux Bataillons sont très importantes. Le Régiment est renforcé vers 20 h par un Bataillon du 310e.
Le village a été bombardé toute l'après midi.

Pertes :
Capitaine Eude blessé. (1)
Sous-lieutenant Piney (7e Chasseurs) tué.
Sous-lieutenant Grillet blessé.
Environ 182 hommes tués, blessés ou disparus.

   

Paul Eude, capitaine du 28e RI tué à Villers-Franqueux
Paul Eude : un des 21 officiers tués en 1914.
Merci à Olivier Gaget pour la photo.

   
Dimanche 27 septembre 1914



1. Voir la chronique sportive  consacrée
au cycliste Lavalade
et à Otto Meyer.
Situation de prise d'armes : 18 officiers 1715 hommes.

Vers 2h du matin, une attaque allemande se produit sur les tranchées occupées par le 1er Bataillon à l'Est de Villers-Franqueux. Des groupes ennemis parviennent à pénétrer dans le village par les intervalles des tranchées. Les réserves des flancs bordent les issues opposées et prennent à revers les ennemis qui sont faits prisonniers au nombre de 100 environ. (1)

Au lever du jour, l'ennemi s'est retiré laissant de nombreux cadavres autour des tranchées on profite du brouillard du matin pour réorganiser les unités qui s'étaient mêlées pendant l'action.
La canonnade de la veille reprend vers 12h30 et continue jusqu'au soir avec une grande intensité.

A la tombée de la nuit le détachement est renforcé du bataillon Raffin du 310e.
Le détachement reçoit pour mission de continuer à assurer la défense de Villers-Franqueux et d'appuyer le 239e qui occupe le secteur situé à droite de celui du détachement et dont le centre est marqué par Mson Ragot, face au bois de Chauffour, qui est aux mains de l'ennemi depuis le matin.

Le détachement prend en conséquence les dispositions suivantes :
Le 1er Bataillon du 28e (Nicot) est relevé par le Bataillon de Guillebon (5e du 310) qui se trouvé chargé de l'occupation des tranchées construites à l'est de Villers-Franqueux, des lisières du village.
Le 2e Bataillon du 28 (Capitaine Cotinot) est en réserve sur le flanc nord du village.
Le 1er Bataillon du 28 (Capitaine Nicot) est en réserve à l'arrière (ou 0) du village. Ces unités constituant la défense même du village sont placées sous le commandement du Lieutenant-Colonel Pigault du 310e.
Le 3e Bataillon du 28e (Capitaine Lascroux) et le 6e Bataillon du [310e] (Capitaine Raffin) restent à la disposition du chef de détachement au Sud du village, le Bataillon du 28e à l'est du chemin de Villers-Franqueux à Thil, le Bataillon Raffin au Sud de ce chemin dans le vallon marqué par le [mot de Moulin de Villers].
La nuit se passe sans incident.

Pertes :
Médecin Aide Major 1ère cl. Schneider blessé.
Capitaine Jablot commandant la 4e Cie disparu.
Environ 169 tués blessés ou disparus.


Citation du médecin Schneider

Voici la citation du docteur Schneider, médecin au 1er bataillon (citation à l'ordre de l'armée n°35)
Extrait du "Livre d'or de la grande famille médicale (médecins, vétérinaires, pharmaciens), guerre 14-18", 
La revue de pathologie comparée, août 1915, Maloine editeurs.


Sont proposés pour des citations à 1'ordre de l'Armée.

Blot sergent 12 Cie a donné à tous les récents combats livrés par le 28e des preuves multiples de bravoure, de sang froid et de dévouement absolu au feu.

Saint-Pol Caporal 10e Cie s'est porté en reconnaissance au combat du 26 septembre en avant des lignes françaises sous un feu extrêmement violent d'art. et d'inf. ennemies pour reconnaître des tranchées occupées par l'ennemi. A été blessé.

Pla Sergt [Reng] 4e Cie a fait preuve de  beaucoup de sang froid et d'énergie, ralliant quelques hommes de sa Cie et se joignant immédiatement à la compagnie voisine a pris part à une contre-attaque de nuit (attaque de nuit allemande 27-28 septembre).

Colin sergt réserviste 1re Cie a fait preuve de beaucoup de sang froid maintenant une section en main durant toutes les actions au combat du 28.

Giraud Cap, fourr. R. 3e Cie a fait preuve de beaucoup de courage et d'énergie en forçant une trentaine d'allemands dans une grange à se constituer prisonniers, sous menace d'incendie et de bombardement de la grange.

Picolo et Morel, 2e  cl. 11e Cie sont allés seuls tour à tour reconnaître l'emplacement exact des troupes ennemies. Caporal François Réserviste (voir suite journée du 28 septembre).


   

Villers-Franqueux, 28 septembre 1914
Deux champions cyclistes : l'un est Allemand, l'autre est Français et au 28e RI

Mayer est mort, Otto Meyer est prisonnier

Lavalade, champion cyclisteDans notre dernier numéro nous donnions une lettre de l’ex-champion de France LECQUYER, relative à la mort du champion allemand Otto MEYER, en nous demandant s’il n’y avait pas confusion avec MAYER.
Notre sympathique confrère, André LINVILLE, du « Gil Blas »
nous écrit et dissipe définitivement le doute qui planait.
Voici ce que dit notre confrère :
« L’excellent ex-champion de France LECQUYER fait certainement erreur : Otto MEYER, n’a pu être tué en avril pour l’excellente raison qu’il a été fait prisonnier au mois de septembre. Voici comment le fait vint à ma connaissance :
Je suis cycliste au 28ème de ligne, en compagnie de LAVALADE, le populaire stayer, de Marcel GODARD, l’excellent routier indépendant, de CUNY, d’HÉDOUIN et de quelques autres fines pédales.
Fin septembre, notre régiment occupait un village de la Marne, au nord-est de Reims, non loin du fameux fort de Brimont que les Allemands ont formidablement organisé. Une nuit, une compagnie ennemie réussit à pénétrer sans être vue dans l’intérieur de ce village. Une sentinelle donna fort heureusement l’alarme et, après un vif combat, les Boches se réfugièrent dans l’église et se barricadèrent dans le clocher. Ils se rendirent le lendemain matin sur notre menace de les enfumer comma des renards. Nous fîmes ce jour-là 125 prisonniers.
Parmi eux, se trouvait un solide gaillard, parlant très couramment notre langue. Il pria un des hommes de garde de faire prévenir LAVALADE. C’était Otto MEYER.
Il connaissait en effet particulièrement le stayer tourangeau et savait qu’il se trouvait au 28ème pour l’avoir vu souvent en uniforme au vélodrome.
L’homme de garde transmit la commission à Marcel GODARD qui s’empressa d’aller quérir LAVALADE. Mais celui-ci arriva trop tard ; les prisonnier avaient été dirigés vers l’arrière et, retenu par son service, LAVALADE n’aurait pu les rejoindre au cas où il en aurait eu l’intention.
Quelques jours après, par un camarade de la division, j’eus confirmation de la présence d’Otto MEYER D. L parmi les Boches pris dans le clocher.
André LINVILLE, Rédacteur sportif du « Gil Blas ».

Otto Meyer, fait prisonnier par le 28e RI
Et voici le portrait d'Otto Meyer !
Photos extraites du site allemand :
www.cycling4fans.de

 
Lundi 28 Septembre 1914 Situation de prise d'armes : 16 officiers 1546 hommes
Le détachement maintient les dispositions adoptées la veille pour la défense de Villers-Franqueux.
La canonnade reprend dans la journée sur le village et ses abords, mais avec moins de violence que la veille.
Dans la soirée le Lieutenant Colonel Pigault du 310e prend le commandement du secteur de droite de la 11e Brigade dont la défense était jusqu'alors assurée par le 239e (Commandement Mourrié), Le bataillon Raffin vient renforcer ce secteur ; la défense de Villers-Franqueux reste ainsi confiée au 28e et au bataillon de Guillebon du 310e.

Propositions pour citations

Gerard, sergent (7e Cie) active. Le 14 septembre à Loivre, défendait en avant les abords du canal. Tenait depuis 1h quand il fut blessé par un éclat d'obus, a conservé le commandement de sa 1/2 section. Ayant été obligé d'abandonner son arme est allé puiser des seaux d'eau dans le canal pour refroidir le canon des fusils de sa 1/2 section.
Les obus ayant détruit la maison dans laquelle il se trouvait, a été blessé une 2e fois par l'écroulement de la maison et la commotion des obus. Avant de se rendre à l'ambulance est venu rendre compte à son Ct de Cie.

François, caporal (7e Cie R.) au cours d'une patrouille, le 26 septembre s'est approché à 20 m d'une position ennemie a fait prisonnier un sous-officier allemand. Le poignet traversé par une balle a continué à observer, à rendu compte de sa mission et s'est ensuite rendu seul à l'ambulance après avoir réglé avec son commandant de Cie les comptes de l'ordinaire et avoir donné ses cartouches et vivres à son escouade suite journée du 29 septembre.

 
Mardi 29 Septembre 1914 Situation de prise d'armes :
16 officiers 1546 hommes.

Vers minuit des chevaux ennemis sans leurs cavaliers pénètrent dans nos lignes par les intervalles des tranchées et une tiraillerie de quelques sentinelles à la suite de laquelle alerte est donnée au détachement qui prend ses dispositions de défense. Les chevaux en question sont tués, on constate que ce sont des chevaux d'officiers et de troupe ; ils ont du s'échapper après avoir été effrayés par la chute d'un projectile d'artillerie. La cause de l’alerte étant reconnue, les troupes reprennent leurs emplacements de repos.
Des indices ayant fait croire que l'ennemi n'occupait plus les tranchées situées à l'est de la grande route, des reconnaissances sont dirigées en deux séries vers Loivre par les parties N et S du secteur. Ces reconnaissances peuvent dépasser la grande route; elles sont appuyées au réveil par des fractions cherchent à s’établir le long de la Route Nat. 44 ; ces fractions sont fournies par le 1er bat. un peloton de la 3e Cie parvient à s'établir dans les tranchées de la Route Nat. en face du petit bois situé au S. du moulin de Loivre ; dans la partie S du secteur une compagnie dirige un peloton sur la Route Nat. à 500 m. au N. de la croisée du chemin de Villers-Franqueux à Loivre ; ce peloton ne peut se maintenir sur la route en raison des feux de flanc qui partent du bois de Chauffour. Il se retire et prend position à 1'0. de la route. Le 2e peloton de la même Cie envoyé sur les bâtiments de la ferme de Chauffour ne peut s'y maintenir pour les mêmes raisons ; il s’établit au contact à 1’Ouest de la Route.
Ces petites opérations ont confirmé la présence de l'ennemi dans les tranchées qu'il occupait les jours précédents à l'est de la Route Nat. et à la lisière E du bois de Chauffour.
Pertes : 11 blessés.

Propositions pour citations (suite) et fin.

Le Cannu soldat 2e cl.R.
Le 14 septembre à Loivre faisait partie d'une section qui défendait le pont en avant du canal, contre les entreprises de l'ennemi. Blessé par un éclat d'obus, est retourné reprendre sa place derrière les murs démolis après s'être fait panser à l'ambulance. A été blessé une 2e fois par commotion. Voulant retourner une 3e fois au feu et ayant reçu 1'ordre de se rendre en arrière s'est mis à pleurer d'être obligé de quitter son officier.

Méry soldat 2e cl. Active
A Chatillon-sur-Oise le 30 Août alors que ses camarades tiraient derrière un talus exécutait son feu debout contre un arbre pour mieux voir l'ennemi et bon tireur annonçait tous ses coups. Au combat d'Orbay, le 4 septembre à 100 m. de l'ennemi a tiré plus de 400 cartouches et est parti le dernier lorsque 1'ordre du repli fut donné. A Loivre le 14 septembre trouvant ses camarades trop serrés derrière une barricade et n'ayant pas assez de champ de tir est monté dans un grenier pour mieux tirer et n'a quitté cette position que lorsque la maison se fut effondrée. A été blessé 2 jours après par un éclat d'obus.

 

Les frères Lecœur du 28e RI
Les deux frères Lecœur étaient au 3e bataillon du 28e RI. Le premier est tué le 28 août 1914.
Le second est blessé le 28 septembre 1914 près du bois de Chauffour.

En 1978, André, le survivant, raconte :
« Je suis resté sur la route 44 pendant six jours, avec la petite visite d’une patrouille allemande qui s’est contentée de casser nos fusils sur les arbres. Avec ce camarade blessé dont je n’ai jamais connu le nom,
nous avons pu gagner une maisonnette de cantonnier.
Le cinquième jour mon camarade est mort ; presque inconscient, j’ai entendu un beau matin parler français, c’était les brancardiers ; je n’étais pas sauvé pour autant. Après bien des transferts, point de chute Périgueux, avec une gangrène gazeuse, 42° sous le bras.
Résultat : amputation du col du fémur, quatorze centimètres de raccourcissement, ankylose de la hanche et du genou, scoliose, etc.
Je suis resté neuf mois en traitement avant de rentrer à Evreux dans ma famille ; mariage en 1919. Si Dieu le veut on arrosera l’année prochaine nos soixante années de mariage.
Résultat : six arrières petits enfants."


Le bois de Chauffour près de Villers-Franqueux

 
Mercredi 30 septembre 1914 Situation de Prise d'Armes :
16 officiers 1535 hommes.

L'ennemi opérant des retraits de troupes sur tout le front de nos armées, il est prescrit de se rendre compte de l'importance de ces retraits et d'empêcher l'ennemi d'en effectuer de nouveaux.
Dans cet ordre d'idées, le 3e corps reçoit l'ordre d'attaquer sur certains points (attaque de la ferme Ste Marie par le 24, de la cote 100 par le 84e) et de pousser des reconnaissances sur d'autres points.
Le détachement composée comme le jour précédent du et d'un bataillon du 310 (commandant de Guillebon), reçoit l'ordre d'envoyer une reconnaissance vers le moulin de Loivre ; cette reconnaissance (Compagnie Dherse) est encadrée à sa gauche par une reconnaissance fournie par le 1er R.I et dirigée sur le bois de Luxembourg, à sa droite, par une reconnaissance fournie par le 310e RI et dirigée sur le bois de Chauffour. Toutes ces reconnaissances sont composées d'une compagnie. Leur marche en avant est secondée par notre artillerie lourde qui bombarde Loivre et le bois de Chauffour.
La compagnie Dherse établit son gros dans les tranchées à L'Ouest de la Route nationale 44 et de là envoie des patrouilles sur le moulin de Loivre. Elle obtient de cette manière les renseignements suivants : l'ennemi occupe une tête de pont à 1'0 du canal de l'Aisne au moyen de 2 tranchées, l'une à l'E du moulin l'autre au NE du bois de Chauffour.
Les compagnies envoyées en reconnaissance reçoivent l'ordre de se replier à la nuit, en laissant une section à l'emplacement de leur [gros].

Pertes éprouvées :
4 blessés au 1er Bataillon.

À suivre : octobre 1914

Remerciements :
- à Anne Granger qui a effectué la transcription du JMO.
- à Stéphan Agosto, la famille Capitant, Thierry Cornet, Olivier Gaget, Jean-Louis Legay, Jean-Marc Moltchanoff, Jean-Claude Poncet, Jacky Tessier.


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